Achille n’est pas un assassin, c’est un « artiste » – d’ailleurs la presse l’a surnommé ainsi. Son problème est simplement que les autres, à commencer par ses victimes, ne comprennent pas son art… Une fois ses « œuvres » achevées, il rentre chez lui, à Nice, auprès de la douce Claire avec qui il partage sa vie, et retrouve son quotidien d’homme ordinaire. Lorsqu’il découvre un beau jour dans les journaux qu’on lui attribue à tort une nouvelle victime, l’Artiste comprend qu’un autre tueur connaît son modus operandi et a décidé de l’imiter. Furieux et paranoïaque, l’assassin se fait enquêteur pour retrouver son double criminel dans un jeu du chat et de la souris qui n’a de jeu que le nom. Tueur en série contre tueur en série, qui est la proie de l’autre et qui l’emportera ?
Avec l’ongle du pouce, je gratte la croûte du fauteuil club dans lequel je suis confortablement installé. C’est du cuir authentique, croyez-moi.

Commencez Versus de Luca Tahtieazym et vous plongerez dans une expérience bien particulière… Ici, il n’est pas question d’assassin pourchassé par une équipe de police mais plutôt d’un tueur en série à la chasse d’un imitateur beaucoup trop zélé. Nous voilà alors plongés dans l’esprit d’Achille, « l’Artiste » bien incompris étant donné qu’il prend pour toiles des corps humains et qu’il les peint de leur sang en les égorgeant.
Oui, Achille aime l’art sulfureux mais il aime surtout l’art millimétré à la recherche constante de la perfection. Alors, quand un autre tueur reprend son modus operandi et que la presse croît en un nouveau coup de l’Artiste, Achille ne peut rester caché sans rechercher celui qui l’imite. Commence une chasse à l’homme sans que l’on sache qui du chasseur ou de la proie est le plus dangereux.
Si on ne sait encore rien du fossaire criminel, on découvre tout de même au fil des pages la psychologie de l’Artiste. Celui-ci parle directement au lecteur et va créer un sorte de promiscuité inquiétante avec lui comme s’il pouvait d’un mouvement passer de la fiction au réel en traversant le texte. On est d’autant plus craintif lorsqu’on le suit dans son quotidien. Ce n’est pas un homme solitaire, isolé du monde ou en proie à des relations conflictuelles avec ses parents qui l’auraient poussé à devenir un sociopathe. Après son travail achevé au côté de sa nouvelle victime, Achille, lui, retourne tranquillement auprès de sa femme au sein d’un quotidien bien ordinaire. La normalité de cet homme en apparence est d’autant plus effrayante. Qui pourrait croire en la culpabilité d’Achille ?
Je vous ai déjà dit, à vous qui lisez ces lignes, que vous seriez peut-être la toile qui recevrait mes prochains coups de lame, mais je ne vous connais pas et je ne sais pas si vous êtes aptes.
Versus nous en fait voir de toutes les couleurs avec un narrateur menaçant qui va tout entreprendre afin de mettre la main sur cet imposteur. Le rythme est soutenu et réussit à rester calibré entre des moments d’introspection et de réflexions d’Achille et des scènes d’action et d’investigation. On est totalement pris dans l’histoire de ce meurtrier blessé et déchaîné à l’idée qu’on puisse confondre son travail minutieux avec un autre. On rentre dans une histoire du genre de l’arroseur arrosé qui promet de finir mal pour les protagonistes. Je remercie NetGalley et Amazon Publishing pour ce thriller haletant et soutenu.
Pour me subtiliser mon âme, il faudrait être capable d’aller en enfer. Je ne l’ai pas vendue, juste louée. De temps en temps, je la laisse rôtir chez le diable et j’œuvre. Puis je redeviens un être humain et je profite de la vie tant que ma soif est assouvie.
Un roman policier réussi où l’enquêteur est cette fois-ci un tueur en série glaçant par la forme de la narration qui nous interpelle personnellement nous lecteurs.

Sortie : 2018 (1e éd. : 2017)
Autoédition
Genre : Thriller
244 pages
Le concept est vraiment innovant ! Je note !
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Oui, c’est cette particularité qui m’a tout de suite intrigué et l’auteur a bien construit son récit, ça marche super bien !
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