Après une chute qui lui a donné envie de tout arrêter, Kat Baker, une jeune patineuse artistique, relance sa carrière en s’associant à un patineur talentueux un brin bad boy. Sur la glace et en dehors de la patinoire, ce duo va devoir affronter de nombreux obstacles pour parvenir au sommet.
Casting
Kaya Scodelario : Kat Baker
Willow Shields : Serena Baker
Evan Roderick : Justin Davis
January Jones : Carol Baker
Amanda Zhou : Jenn Yu
Svetlana Efremova : Dasha Fedorova
Mitchell Edwards : Marcus Holmes
Will Kemp : Mitch Saunders
Sarah Wright : Mandy Davis
Je pense que si on aime ce qu’on fait ça peut valoir le coup […] Patiner c’est comme, comme respirer, tu sais j’aime pas particulièrement ça, mais je ne peux pas m’imaginer vivre sans, et si je m’arrêtais, ça serait, comme me noyer.
Voilà une semaine qui commence fort avec l’une des nouveautés 2020 de Netflix qui a fait déjà pas mal de bruit : Spinning out. Vous avez pu déjà lire quelques avis sur cette unique saison – la plateforme a déjà annoncée que la série ne serait pas reconduite – j’avais tout de même envie de vous donner mes impressions et de vous encourager, si vous ne l’avez pas encore fait, à découvrir cette nouveauté. Premièrement, Spinning out met à l’honneur un sport que l’on voit peu, voire jamais, sur le petit écran, le patinage artistique. Moi qui aime regarder de temps en temps les compétitions retransmises à la télévision, j’étais curieuse de voir les chorégraphies et la grâce de ce sport dans la série.
Deuxièmement, il y a Kaya Scodelario dans le rôle principal, et honnêtement, il ne m’aurait suffi que d’elle pour me lancer dans cette histoire. Je l’ai tellement aimé dans Skins que je la suis depuis dans pratiquement tout ce qu’elle fait et c’est bien dans les séries que don talent est le mieux exploité. Et enfin, si la série se concentre sur des jeunes personnages à l’âge d’entrer potentiellement à la fac, l’intrigue est loin d’être gaie ou de tourner vers des considérations exclusivement adolescentes. Ici, il est question de lourds problèmes psychologiques, de querelles familiales importantes et de ce que la compétition peut révéler sur ses participants.
Le patinage artistique, un sport et un art
S’il n’est pas aussi présent que je l’aurais voulu, le patinage artistique est tout de même bien représenté au fil de ces dix épisodes. On se concentre sur un groupe de sportifs très restreint et on s’intéresse généralement davantage aux entraînements qu’aux championnats devant un public. Néanmoins, les chorégraphies sont superbes, les costumes sont splendides et on retrouve toute la grâce, l’énergie et la précision de cet art sur glace. Qu’elles soient individuelles ou en couple avec des portés, les performances sont magnifiques et la réalisation les sublime encore davantage, en filmant d’une manière à ce que l’on voit la maîtrise et l’enchaînement des différentes parties des chorégraphies.
En dehors de la glace, on ressent immédiatement l’ambiance du sport avec ce qu’il a de plus beau comme le dépassement de soi, la force mentale et l’entraînement quotidien qui pousse toujours plus les patineurs, comme ce qu’il a de plus pernicieux tel que le cynisme et les jalousies dû à la compétition et qui amènent parfois à certains coups bas. On fait également face aux barrières mentales que les patineurs peuvent se créer suite à des blessures ou à des traumatismes liés à des accidents sur la glace.
Et c’est le cas de Kat, personnage principal, qui peine à retrouver son total niveau après sa chute lors d’un saut pendant les championnats nationaux, qui lui a valu une belle commotion cérébrale. Ayant raté les qualifications de cette nouvelle année, sa seule option afin d’entrer dans la compétition et de continuer à patiner est de passer en duo, elle qui a toujours patiné seule. Son partenaire arrivera-t-il a la pousser vers le haut malgré son traumatisme ? Encore faudra-t-il qu’il comprenne que Kat a une vie plus trouble qu’il n’y paraît.

Des troubles bipolaires et une famille en plein dysfonctionnement
Oui, la chute n’aide pas Kat à se remettre réellement en scène mais il faut avouer que le climat familial et ses problèmes personnels ne l’aident pas à rebondir. Très vite, on comprend que le rapport mère/fille est très conflictuel et que celui entre sœurs fait du yo-yo. Les aspirations artistiques de la mère se sont évanouies avec l’arrivée de Kat et maintenant, Carol fait tout pour modeler ses deux filles à son image et à les pousser trop brusquement vers la consécration.
Gros problème, c’est que Carol est plus douée pour critiquer que pour féliciter au milieu de nombreuses crises au fil des années liées à sa bipolarité qu’elle gère mal. Kat semble avoir hérité des tares de sa mère tout en refusant de prendre le même chemin. Seulement, chassez le naturel, il revient au galop et Kat, par des choix douteux, va réaliser tout ce que sa maladie implique pour elle et ses proches.
D’abord solitaire et mesurée, elle va se transformer bientôt en boule d’énergie incontrôlable qui cache un mal qu’elle pense pouvoir contenir mais qui va finalement faire de nombreux dégâts. Si vous avez aimé Skins, vous retrouverez avec plaisir des traits de caractère d’Effy en Kat et c’est donc encore plus intéressant de retrouver Kaya Scodelario dans ce genre de rôle où elle alterne entre épanouissement et dépression.
La mère et la fille vont prendre des chemins différents tout en continuant de s’apercevoir et de se quereller avec la cadette Serena qui fait le pont entre les deux. Les relations familiales ne sont donc pas au beau fixe et les conflits tendent à se répéter mais on suit leurs cheminements avec d’autant plus d’intérêt lorsqu’on se rend compte qu’ils n’auront pas tous la même finalité. De ces querelles vont ressortir du positif comme du négatif pour ces trois personnages féminins.
Des personnages qui nous surprennent
Qu’en est-il des autres protagonistes ? La plupart d’entre eux sont vraiment convaincants et dévient complètement des a priori qu’on peut leur porter à leur première apparition. Ça sera principalement le cas de Justin, et de Mandy et Mitch pour les personnages plus secondaires. Beau gosse qui n’a pas de mal à allier les entraînements sur glace et les plaisirs de la fête et du sport en chambre, on peut en premier lieu partager l’avis de Kat sur son nouveau partenaire.
Il semble être le mec à qui tout réussit sans faire réellement d’efforts et qui pense davantage à s’amuser qu’à tracer son avenir. Mais Justin est bien plus que cette apparente passivité et ce sourire en coin. Comme sa partenaire, il enferme en lui ses maux pour ne rien laisser paraître et ne pas être blessé par qui que ce soit. La relation entre ce duo récent évolue d’une belle manière à mesure où ils se découvrent l’un l’autre et acceptent finalement de s’ouvrir.
D’autres personnages valent le coup d’œil et sont loin des stéréotypes que l’on pourrait leur coller. La série en joue même car qui aurait pu se douter que Mandy n’allait pas uniquement être la jeune belle-mère qui a épousé le père de Justin pour son argent et moins pour sa personnalité et ses enfants ? Et Mitch le coach libidineux qui allait prendre sans vergogne la virginité de sa recrue ? Quelle agréable surprise de voir le chemin qu’a choisi la série pour ces personnages. Même Carol connait une évolution très intéressante qui nous pousse à davantage la découvrir au fil de la saison.

D’autres qui stagnent
Par contre, il y en a d’autres qui peinent à sortir leur épingle du jeu et à évoluer. Difficile de comprendre l’intérêt autour de Marcus, le collègue au bar de Kat, qui hésite entre l’université et le ski professionnel. Lisse, il n’apporte pas beaucoup d’intérêt et heureusement que le triangle amoureux qui semblait se profiler ne s’est finalement pas concrétisé.
D’autres personnages plus présents avaient du potentiel mais sont restés au même point du début à la fin. Jenn, celle qui promettait d’être la plus fun, la plus empathique et la plus attachante, tourne malheureusement en rond. Avec toujours en tête sa blessure à la hanche et cette compétition entre elle et son amie, il lui arrive parfois de ne pas réussir à voir les choses en face.
Et Serena… L’adolescente type qui manque constamment d’attention et qui tente d’en trouver auprès de nimporte qui et qui ne comprend pas pourquoi le monde ne tourne pas autour d’elle. Elle m’aura bien usé à se prendre pour une adulte alors qu’elle part chouiner dans sa chambre à chaque fois que quelque chose ne lui convient pas. Et c’est facile d’envoyer des taquets à sa sœur et d’attendre à ce qu’elle vienne vous rendre un service une heure plus tard ! Vraiment, je n’en pouvais plus d’elle.
Si l’intrigue repose sur Kat et ses difficultés au quotidien, la série a voulu prendre le temps d’ajouter des sous intrigues qui sont loin d’être nécessaires tellement elles sont présentes uniquement pour apporter une touche dramatique supplémentaire. Finalement, Spinning out n’est pas parfaite mais elle vaut réellement le coup d’oeil. Elle exploite bien la bipolarité à l’entrée de l’âge adulte avec tout ce qu’elle apporte en complications, entre difficultés d’avancer en pleine possession de ses moyens, de se stabiliser et de communiquer avec les autres.
La majorité des personnages sont vraiment intéressants à suivre, malheureusement d’autres ont du mal à offrir tout ce qu’ils valent. Une deuxième saison aurait été plaisante pour développer ce point-là mais je ne suis pas déçue de cette absence de renouvellement. Cette saison se suffit amplement à elle-même et à réussi à montrer ce quelle avait à raconter avec en arrière plan cet art qu’est le patinage artistique.

Mini-série américaine
10 épisodes
Netflix

ça me tente bien !
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On est dans le drama avec les hésitations adolescentes mais surtout avec la psychologue torturée du personnage féminin principal, avec en fond le patinage, c’est vraiment bien réalisé et construit.
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