Son voisin ne donnant plus signe de vie depuis deux jours, Emma comprend que sa disparition n’est pas anodine. Archéologue, elle se transforme alors en enquêtrice pour tenter de retrouver Bernard et comprendre qui aurait pu lui faire du tort.
À peine levée, encore en peignoir, je traversai à toute allure la petite cour devant ma maison pour récupérer le Parisien, dans la boîte aux lettres. Fébrilement, je l’ouvris. Je ne fus pas déçue. Comme promis par la journaliste avec qui j’avais échangé deux jours auparavant, la une de ce samedi titrait : Disparition du célèbre astronome Bernard Morin.

Dès les premières pages, on peut reconnaître à Nathalie Michau de ne pas avoir peur d’entrer dans le vif du sujet. On plonge effectivement immédiatement dans le récit avec la disparition de Bernard Morin, célèbre astronome. Sans nouvelles de lui que depuis quelques jours, Emma, sa voisine, prend la responsabilité d’alerter le plus de personnes possibles pour comprendre ce qui a bien pu arriver à Bernard. Elle qui s’occupe toujours du chat et de la maison de son voisin quand celui-ci fait des déplacements professionnels, Emma sent tout de suite que ce départ soudain cache quelque chose. Bernard n’a pas pu s’en aller de son propre chef en laissant toutes ses affaires personnelles chez lui, et sans prévenir Emma.
Cette dernière, sachant qu’il est trop tôt pour avertir la police, s’improvise elle-même enquêtrice. Archéologue de profession, elle sait se montrer méticuleuse et particulièrement fouineuse quand il le faut. De ce qu’on le comprend à partir d’une anecdote délivrée par Emma, ce n’est pas la première fois qu’elle mène l’enquête. Effectivement, l’archéologue a déjà été l’héroïne d’un précédent roman de l’autrice, Meurtre à Dancé. C’est ce qui peut expliquer la rapidité avec laquelle on plonge dans l’enquête sans forcément en apprendre plus que ça sur notre fameuse narratrice. Mais, heureusement, la caractérisation des personnages se fait peu à peu à mesure où on suit Emma dans ses investigations.
Avoir affaire à une archéologue pour résoudre une disparition est étonnant et agréable afin de changer du schéma classique. Pouvant compter sur son compagnon Éric pour l’aider dans ses démarches, Emma apprend de plus en plus de choses sur son voisin et sait à qui parler afin de déceler des indices importants qui l’aideront à le retrouver et à comprendre les causes de sa disparition. On sent le travail de documentation, concernant notamment les piratages téléphonique et informatique et la manière avec laquelle ils se mettent en place.
Malheureusement, Une rue si tranquille souffre selon moi d’un gros défaut : il ne laisse s’installer aucun mystère. En effet, l’autrice a écrit son récit de manière à ce que l’on découvre très rapidement le pot aux roses. Avant même la moitié du roman, on connait l’identité du coupable et ses intentions, ce qui ôte tout suspense et diminue l’intérêt de l’histoire. Outre les indices trop précis, c’est la pluralité des points de vue qui enlève toute surprise. Quand l’un des protagonistes explique les raisons de son crime et toute son histoire, il n’est pas intéressant d’accompagner ensuite Emma sur une piste qui, en tant que lecteur on le sait, ne va mener à rien.
Un des points de vue me parait vraiment en trop, j’aurais pris davantage de plaisir en entrant dans la tête uniquement d’Emma, voire aussi de Bernard, afin de garder un peu de mystère jusqu’à une révélation qui aurait dû se trouver à la fin du roman. Cette conclusion est donc assez décevante surtout que les personnages expliquent trop leurs actes pour les légitimer aux yeux du lecteur. L’autrice semble vouloir nous convaincre des intentions de ses personnages à tel point qu’elle nous tient trop la main et amenuise le naturel de certains dialogues. C’est dommage parce que le début était plutôt prenant avec beaucoup de potentiel. Emma est un personnage qui tient la route et dont on comprend le cheminement et les actes. Meric à Nathalie Michau pour cette lecture.
Immédiatement plongé dans l’histoire, on découvre peu à peu les personnages et leurs secrets. Mais, l’autrice ne laisse pas le temps au suspense de s’installer en multipliant les points de vue qui donnent des réponses trop vite.

Sortie : 2021
Autoédition
236 pages
Ça me bloque quand tout se révèle trop tôt…
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Oui, c’est dommage, ça ôte une grande partie de l’intérêt d’un thriller…
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