En Styrie, Laura reçoit la visite de sa cousine Carmilla, beauté sombre. En la suivant lors de ses escapades, elle comprend bientôt que Carmilla est plus qu’une jeune femme maladive et qu’elle cache un secret mortel.
En Styrie, bien que nous comptons nullement parmi les grands de ce monde, nous habitons un château. Dans cette contrée, un revenu modeste permet de vivre largement. Je me nomme Laura, je porte un nom anglais, bien que je n’aie jamais vu l’Angleterre.

Comme je l’ai fait pour Dracula, je me suis empressée, après lecture de Carmilla, de découvrir l’histoire à travers les dessins de Pascal Croci dans sa bande-dessinée qu’il a cette fois-ci créer tout seul. C’est l’occasion de retrouver le style particulier du dessinateur qui colle parfaitement à ces histoires gothiques. Encore une fois, on apprécie cette mise en lumière de l’œuvre originale avec des décors qui renvoient à l’atmosphère de la nouvelle. On perçoit tout de même une différence entre les dessins de Carmilla et ceux de Dracula, ces derniers étaient bien plus détaillés. Ici, on a l’impression de voir encore les coups de crayon, ce qui peut plaire à beaucoup.
Malheureusement, je retrouve tout ce que j’ai pu reprocher à la version illustrée de Dracula. D’abord, les personnages : Laura et Carmilla sont des copies conformes, ce qui est d’autant plus dérangeant ici quand la deuxième doit admettre ressembler trait pour trait à une femme peinte des siècles plus tôt. À part la couleur des cheveux, Laura pourrait aussi s’inquiéter de ressembler autant à ce portrait. Mais, c’est surtout la liberté prise par Pascal Croci dans l’oeuvre originale qui fait vite défaut à sa bande-dessinée.
Dracula est un roman aux multiples intrigues, on peut donc comprendre la plupart des coupes faites, même si certaines sont trop franches. Avec Carmilla, une nouvelle de 124 pages, certains oublis sont hasardeux mais le pire est la modification de certains éléments de l’intrigue. Si quelques uns aident à apporter une fluidité à l’histoire raccourcie, d’autres paraissent vraiment inutiles comme le choix de donner un lien de parenté à Laura et à Carmilla ou celui de changer la manière avec laquelle la narratrice découvre le vrai visage de son amie. L’idée de l’auteur-illustrateur est de mettre spécialement l’accent sur les deux personnages féminins et d’oublier tous les autres, même ceux utiles à l’intrigue. Ce parti pris ne m’a pas toujours convaincue alors que je le trouvais plus pertinent dans Dracula.
Les dessins de Pascal Croci sont encore beaux, même si moins détaillés que dans Dracula, mais l’histoire est très librement inspirée. Je me demande même la raison de certaines modifications propre à l’avancée du récit.

Sortie : février 2016
Édition : Paquet (Roman graphique)
61 pages
L’œuvre originale : Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu
Du même auteur : Dracula avec Françoise-Sylvie Pauly