En ayant réussi à entrer au sein de l’élite new-yorkaise, Anna Delvey, une riche héritière allemande, voyait son rêve de grandeur bientôt réalisé. Mais, lorsque l’on arnaque et ment à tout bout de champ, il est normal de chuter un jour ou l’autre.
CASTING
Julia Garner (Dirty John) : Anna Delvey
Anna Chlumsky : Vivian Kent
Alexis Floyd : Neff Davis
Arian Moayed : Todd Spodek
Katie Lowe : Rachel DeLoache Williams
Laverne Cox : Kacy Duke
C’est le truc d’Anna. Pour trois choses folles que vous entendez sur elle, une s’avère généralement vraie.
L’histoire d’une héritière business woman ou d’une arnaqueuse professionnelle ?
2022 signe le retour de Shonda Rhymes sur Netflix. Après de gros cartons comme La Chronique de Bridgerton, Grey’s Anatomy ou Scandal, elle nous propose cette fois-ci l’histoire d‘Anna Delvey, une riche héritière allemande qui a réussi à être acceptée au sein de l’élite newyorkaise pour finalement se retrouver en prison. Inspirée de faits réels, la mini-série revient sur l’exploit de la jeune femme à entrer dans un milieu aussi fermé et sur sa manière d’arnaquer son entourage.
Oui, car Anna n’est pas vraiment allemande, et elle n’est peut-être pas riche non plus. Mais alors, comment la jeune femme a-t-elle fait pour berner tout le monde, associés comme nouveaux amis ? Comment pouvait-elle profiter d’un train de vie aussi confortable ? Il est vrai qu’Anna Delvey intrigue, séduit même. Pourtant, elle n’est pas particulièrement jolie, elle n’est pas du genre à user de ses charmes pour obtenir ce qu’elle veut. Elle, c’est l’aplomb, un fort caractère et une ambition sans bornes qui l’a fait avancer.
Julia Garner, déjà impressionnante dans Ozark, est ici magnétique. Cachant bien son jeu et changeant de personnalité comme ça lui chante, malgré quelques moments de panique quand tout ne se passe pas comme prévu, Anna est une manipulatrice née. Retournant toujours la situation en sa faveur, elle vivra un bon moment dans cette opulence feinte et dans ce rêve américain qu’elle incarnait en apparence mais qu’elle touchait finalement à peine du doigt.

L’ascension et la chute d’Anna racontées du point de vue de la journaliste
La série joue d’autant plus sur l’ambiguïté de la personnalité d’Anna et de son passé en racontant son histoire non pas de son point de vue mais de celui de Vivian Kent. Incarnée par Anna Chlumsky, Vivian est une journaliste à moitié mise au placard depuis un article qui a ruiné sa réputation. En prenant connaissance de l’affaire d’Anna, Vivian sent le bon filon et pense que l’histoire de cette arnaqueuse va lui rendre ses lettres de noblesses. Avec une grossesse quasiment à terme, la journaliste va tout entreprendre afin de rencontrer Anna en prison et de comprendre comment elle a pu en arriver là. Mais, difficile d’interroger Anna en réussissant à démêler le vrai du faux. Vivian se fait clairement manipulée dans les premiers entretiens qu’elle demande à la prisonnière, ce qui va la pousser à aller encore plus loin pour obtenir un bon article.
Elle se met alors à interroger toutes les connaissances d’Anna dans le milieu new-yorkais : ses amis proches, ses mécènes et les personnes qu’elle a approché pour obtenir ce qu’elle désire le plus, un hôtel réputé qu’elle veut transformer en fondation artistique. Vivian devra questionner un bon nombre de personnes et revenir plusieurs fois en arrière afin de comprendre tout ce qu’il s’est passé. Le problème est qu’Anna reste finalement très trouble. Tout n’est pas explicitement dit dans cette mini-série, ce qui est normal vu qu’elle s’inspire en grande partie de l’article de la véritable journaliste Jessica Pressler.
On ne suit alors que son point de vue, agrémenté de révélations qu’elle obtient des amis d’Anna. Mais, justement, Vivian Kent prend beaucoup trop de place. Inventing Anna met beaucoup trop l’accent sur la journaliste ou sur l’avocat d’Anna Delvey. Si Todd Spodek est sympathique, même si trop gentillet, Vivian, elle, est vite insupportable. L’actrice surjoue à force de mimiques et la série nous fait trop rentrer dans son quotidien entre son conflit avec son rédacteur chef, sa vie de couple et sa grossesse imminente.
Des messages qui peuvent être problématiques
Ce problème est flagrant dans les premiers épisodes. On se demande alors où la mini-série va nous mener et quand va-t-on enfin nous raconter la vie de celle que l’on est venu voir : Anna. Malheureusement, Inventing Anna n’est pas forcément aidé par la durée des épisodes et par la mollesse de la plupart d’entre eux. Neuf épisodes d’au moins une heure, c’est beaucoup trop vu ce qu’ils racontent. Cela entraine un rythme malheureusement assez poussif et il est étonnant pour une production de Shonda Rhymes, de voir que la série manque cruellement de pep’s.
Par contre, on ne s’étonnera pas de la manière de parfois marteler sans pertinence ni subtilité des messages pro-féministes et pro-noires, ce qui peut nuire à ces dits messages. Pour continuer dans les mauvais points, je dois parler de mon ressenti purement personnel. En concluant la série, un gout amer m’est restée, tout comme un sentiment de malaise. Comme si, malgré la sentence d’Anna, la série donnait à cette dernière le beau rôle. Elle a arnaqué tout le monde, certes, mais elle l’a fait avec brio et avec une grande intelligence. Elle a menti tout le long de son séjour à New York, évidemment, mais elle était sur le point de réussir à devenir ce qu’elle désirait être. Elle a volé ses amies, oui, mais Rachel, par exemple, en a bien profité et devient finalement pire qu’elle.
Le fait d’avoir réussi à toucher du doigt son rêve américain apporte à Anna une sorte d’aura. Vivian, comme Neff ou d’autres, sont impressionnés par son parcours, parcours qui n’a été jalonné que par le mensonge, la dissimulation, le vol et la manipulation. Elle qui se disait business woman passait ses journées à profiter du sauna, des restaurants hors de prix et des réseaux sociaux qui lui apportait popularité et célébrité, les seules choses qu’elle voulait vraiment obtenir. Mais, c’est dans l’ère du temps, beaucoup veulent devenir célèbres à n’importe quel prix sans forcément proposer un projet intéressant ou un tant soit peu intelligent. Ce qui compte, c’est que ça brille, qu’importe la morale.
Je suis loin d’être convaincue par Inventing Anna. Molle et lente, passant trop de temps sur les personnages annexes, la série est finalement assez banale. Néanmoins, l’intérêt grandit au fil des épisodes, même si j’ai été finalement plus intéressée par les amies d’Anna (je ne compte pas Neff, qui comme Vivian, est exaspérante). J’en ressors frustrée, principalement à cause de l’axe de la série qui semble légitimer le parcours d’Anna.Apparemment, une autre série pourrait voir le jour sur le sujet, cette fois-ci du point de vue de Rachel Williams, l’une des amies et victimes d’Anna, qui n’est absolument pas contente du traitement de son personnage dans Inventing Anna. Et, je la comprends, moi aussi je suis assez étonnée du sort du personnage dans cette mini-série.

Mini-série américaine
9 épisodes
Netflix
