Obsédé par les romans de chevalerie, Alonso Quichano se lance corps et âme dans des aventures chevaleresques sous le nom de Don Quichotte de la Manche. Accompagné de son écuyer Sancho Panza, il est prêt à vivre comme un chevalier errant à coups de batailles, de quêtes et de jolies dames à secourir. Mais, dur d’être le seul chevalier errant en activité dans toute l’Espagne et de confondre des moulins à vent avec des Géants…
Dans un village de la Manche dont je ne peux pas me rappeler le nom, vivait, il n’y a pas si longtemps, un de ces hidalgo à lance au râtelier, bouclier antique, maigre rosse et lévrier courant. Un pot-au-feu plus vache que mouton, du ragoût tous les soirs ou presque, les deuils-et-peine le samedi, des lentilles le vendredi, quelque pigeonneau le dimanche en plus de l’ordinaire, consommaient les trois quarts de son bien.

Commencé mi 2021 et fini en fin d’année, il est peut-être temps que je vous écrive mon ressenti à propos de ce grand classique littéraire. Don Quichotte est en effet un roman très important dans la littérature que l’on considère comme le premier roman moderne. Jouant des codes des romans de chevalerie, de l’héritage des Anciens et du théâtre classique, Miguel de Cervantès propose un roman d’aventure comique.
Obsédé par les romans de chevalerie qu’il lit jour et nuit, Alonso Quichano, un noble de la Manche, décide de devenir lui-même un chevalier errant. Prêt à prendre la route pour vivre toutes sortes d’aventures, il ne lui manque plus qu’un écuyer. Sancho Panza, motivé par les richesses et la gouvernance d’une île à la clé, accepte gaiment de suivre son nouveau maître dans son périple. Mais, même Sancho Panza, naïf et sans culture qu’il est, comprend vite que celui qui se baptise Don Quichotte de la Manche est loin d’être très équilibré. Savant et sage sur la plupart des sujets, Don Quichotte devient totalement fou lorsqu’il est question de chevalerie. N’acceptant pas que tout ce qu’il a lu n’est que fiction, il se lance à corps perdu dans une quête incongrue pour sauver la veuve et l’orphelin, défaire les voyous, rendre fier la femme de son cœur, Dame Dulcinée, et combattre les magiciens et les Géants. Le fait d’empirer la situation des gens qu’il rencontre, et le fait que Dame Dulcinée n’existe pas, tout comme les magiciens et les Géants, ne semblent pas perturber notre chevalier errant.
Est-il possible, depuis tout ce temps que tu marches auprès de moi, que tu n’aies pas remarqué que tout ce qui touche aux chevaliers errants semble chimère, sottise, aberration, et semble fait tout à l’envers ? Il n’en est pas ainsi, seulement il y a toujours parmi nous une bande d’enchanteurs pour tout transformer, échanger, et retourner à leur guise selon qu’ils veulent nous favoriser ou nous détruire, et voilà pourquoi ce qui est pour toi un bassin de barbier et pour moi le heaume de Mambrin.
Don Quichotte est alors l’occasion de s’amuser des aventures farfelues d’un homme devenu fou mais qui réussit à nous attendrir par sa persévérance, sa force d’esprit et son courage. Sancho, lui, suit aveuglément son maître dans son voyage tout en n’appréciant pas d’être, la plupart du temps, la victime des agissements de Don Quichotte. Le duo est sympathique, tantôt complice, tantôt électrique, mais va se mêler bien vite à d’autres personnages. Et finalement, si Don Quichotte reste le personnage central du roman, ce dernier ne possède pas réellement de fil rouge. Le héros part à l’aventure sans savoir ce qu’il va vivre et rencontre une palette de personnages avec chacun un problème à résoudre. Histoires de fiançailles bafouées, d’héritage perdu, d’amours contrariés, Miguel de Cervantès fait la part belle aux romans de chevaleries, raillant ses codes avec des femmes toutes plus belles les unes que les autres, la tragédie comique de leur destin, les combats, ici, souvent tournés en dérision, les hommes devant faire face à leurs responsabilités et à leur honneur d’homme, de mari, de père, etc…
Les aventures son drôles, intéressantes et variées. Les phrases sont certes longues mais non pas moins vivantes. Difficile de lire les deux parties du roman en un bloc à cause du style ancien, j’ai du moi-même faire des pauses de quelques semaines, et parfois mois, mais difficile de vraiment s’ennuyer dans la première partie publiée en 1605, à part avec quelques histoires annexes un peu trop longues et tragiques à l’excès. Mais, elles sont contrebalancées par d’autres bien plus dynamiques et passionnantes telles que le récit du Curieux malavisé entre deux meilleurs amis et la femme de l’un d’entre eux. Bizarrement, la fin de la première partie parait bâclée, les deux personnages principaux n’ayant pas beaucoup évolué ou vécu tout ce que l’auteur nous a promis à demi-mot dans ce récit.
Pas étonnant alors de voir fleurir à l’époque des suites des aventures de Don Quichotte et de Sancho Panza écrites par d’autres auteurs. Dépossédé de son œuvre, Miguel de Cervantès se décide à écrire la véritable suite de Don Quichotte qu’il publiera dix ans après le premier opus, en 1615. Cela lui permet de casser le quatrième mur au sein même de son récit pour désavouer toutes les suites bâtardes qui ne sont pas de sa plume et s’amuser de la situation. À mon avis, il est facile de ressentir que cette seconde partie n’a pas été totalement écrite selon l’envie de l’auteur. Se sentant sûrement presque obligé de l’écrire, elle est finalement assez similaire au premier livre. Donc Quichotte et Sancho repartent à l’aventure en rencontrant de nouveaux personnages qui, cette fois-ci, sont beaucoup moins bienveillants que les précédents.
Si, à l’époque, ses nouveaux amis s’amusaient déjà des extravagances de Don Quichotte, ils restaient proches de lui et tout aussi attendris par son caractère qu’impressionnés par son don d’orateur. Cette fois-ci, la plupart des personnages paraissent presque médisants et se jouent volontiers de notre héros. Le duc et la duchesse sont particulièrement mauvais, ce qui m’a retiré quelques plaisirs à la lecture.
il n’a rien de roublard, au contraire il a une âme si grande, une vraie cruche, il est incapable de faire du mal à quelqu’un, plutôt du bien à tous, il n’a aucune malice, un enfant lui fera croire qu’il fait nuit en plein jour, et à cause de cette naïveté je l’aime comme la prunelle de mes yeux et je ne me résous pas à le quitter malgré toutes les folies qu’il fait.
Cela s’ajoute à une lassitude concernant la répétition des aventures. Pratiquement tous les personnages ont le même problème, et cela devient vite redondant. Et surtout, Don Quichotte devient presque secondaire, laissant la part belle à Sancho. En lui offrant davantage de responsabilité et de temps de parole, l’auteur donne à Sancho la première place du roman, l’écuyer finit par éclipser son maître ! Et justement, ce n’est pas la pire des choses à faire quand on voit la conduite parfois exécrable que tient Don Quichotte face à Sancho.
Si j’aurais su à l’avance, je me serais arrêtée à la première partie qui, malgré sa fin précipitée, a été une très bonne expérience de lecture. Pour finir, Miguel de Cervantès n’a tellement pas voulu avoir à écrire un troisième livre qu’il a coupé net toute possibilité avec une fin très décevante et qui, en plus d’être mauvaise, nous donne l’impression, à nous lecteurs, d’avoir été floués. La prétention de l’auteur pour son œuvre a fini également par me lasser mais peut-être classerez-vous Don Quichotte au même rang que les grandes œuvres antiques auxquels Miguel de Cervantès l’élève lui-même.
le printemps court vers l’été, l’été vers la saison chaude, la saison chaude vers l’automne, l’automne vers l’hiver, l’hiver vers le printemps, et ainsi tourne la course du temps sur cette roue continuelle. Seule la vie de l’homme court vers sa fin, plus légère que le vent, sans espoir de renouveau sinon dans l’autre vie, ou nul terme ne vient la limiter.
Précurseur du roman moderne, ce roman d’aventure joue sur les codes des livres de chevalerie et sur les codes littéraires de son époque pour créer un héros fou et impulsif mais attachant dans son désir de vivre jusqu’au bout les multiples péripéties dans lesquelles il saute à cœur joie. Le second livre perd vraiment l’étincelle propre au premier. Et la fin est assez décevante, comme si Don Quichotte reniait toute cette histoire, je me suis sentie flouée.

Sortie : octobre 2020 (1e éd. : 1605 et 1615)
Édition : Panini (Books)
705 pages
Bon jour,
Pour ma part, cette historie fait partie de ces romans drôles, burlesques assez étonnants qui dans un autre genre me fait penser à Scarron, à son « Roman comique »…
Max-Louis
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Je ne connais pas ce livre mais j’ai eu les mêmes ressentis en lisant le premier livre. J’ai eu beaucoup plus de mal avec la seconde malheureusement.
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1) “Si j’aurais su à l’avance, je me serais arrêtée à la première partie,” vous dites, c’est parce que vous n’avez pas compris l’histoire. Vous voulez juste être amusée et c’est ce que le livre est pour les masses, mais il y a aussi le niveau d’éducation. Le véritable but du DQ est le message ésotérique et alors beaucoup de gens abandonnent.
2) “ Miguel de Cervantès n’a tellement pas voulu avoir à écrire un troisième livre,” vous dites.. mais ne savez-vous pas que Cervantes n’a pas du tout écrit le DQ ?!
Francis Bacon était l’homme derrière les 3 livres; cet Anglais a écrit la partie du personnage principal.
Ben Jonson a pris le rôle de Sancho Panza. John Donne a écrit les poèmes. “ les deux amis” Francis Beaumont et John Fletcher ont été chargés d’écrire les histoires individuelles. Ces auteurs ont utilisé la bibliothèque de Robert Cotton.
L’imprimeur, William Stansby, a caché les codes demandés, les anagrammes dans la page de titre et dans le texte de telle sorte que le lecteur ne l’a pas immédiatement remarqué. Il a fallu plus de 400 ans avant que cela ne soit découvert..
Les traductions espagnoles ont été faites par l’Irlandais Thomas Shelton (DQI + DQII) et par l’Anglais James Mabbe ( la « fausse » DQ) .
Miguel de Cervantès n’était qu’un pauvre écrivain qui avait vendu son nom pour survivre. Il avait raconté l’histoire de sa vie à un employé de Bacon, afin qu’elle puisse être incorporée dans le DQ comme si Cervantès l’avait écrite lui-même.
10 personnes qui avaient juré le secret sur leur participation au DQ..
Ten people, sworn to secrecy about their collaboration in the writing of Don Quixote. Now in this book, after four hundred years, clarity is given as to the “who”, “what” and “why” of all this secrecy. J’ai maintenant écrit un livre sur le pourquoi, qui et quoi de ce grand livre..
3) “ une fin très décevante et qui, en plus d’être mauvaise, nous donne l’impression, à nous lecteurs, d’avoir été floués” , vous dites..
C’est précisément l’une des intentions de l’Avellaneda: a) le niveau littéraire est bien sûr aussi élevé que les parties du DQ, mais b) il y a les pseudonymes des participants susmentionnés. (p.e. Don Álvaro Tarfe..etc. )
Cordialement,
Jettie H. van den Boom
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Comme tu le sais, j’ai craqué pour la même édition et j’avoue que j’ai bien envie de découvrir ce classique mais sa taille et la certaine lassitude que tu évoques me font assez peur.
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En faisant des pauses peut-être ?
Je te préviens, certains passages n’ont pas été totalement traduits, on a de l’ancien français parfois. Les deux premières fois, je me suis dis que ça devait être fait exprès, mais finalement non.
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