Recouvert de bandages de la tête au pied, un scientifique devient le centre de l’attention du village d’Irping. Bientôt obligé de fuir les lieux, l’homme devra se rendre le plus discret possible pour ne pas être rattraper par ses crimes.
Du même auteur : La Machine à explorer le temps
L’étranger arriva en février, par une matinée brumeuse, dans un tourbillon de vent et de neige. Il venait, à pied, par la dune, de la station de Bramblehurst, portant de sa main couverte d’un gant épais une petite valise noire. Il était bien enveloppé des pieds de la tête, et le bord d’un chapeau de feutre mou ne laissait apercevoir de sa figure que le bout luisant de son nez.
L’HOMME INVISIBLE

Précurseur de la science-fiction, H.G. Wells a créé des histoires qui restent ancrées dans la culture collective. Le voyage temporel, l’invasion extraterrestre, l’invisibilité sont des thèmes dont on ne connait pas forcément les débuts en littérature mais qui ont été, depuis, maintes et maintes fois remaniés. Je n’ai jamais vu d’adaptations de L’Homme invisible, j’ai donc plongé dans l’inconnu avec ce livre qui permet de définitivement me faire un avis sur l’œuvre de l’auteur. Hormis La Machine à explorer le temps, je semble être beaucoup plus intéressée par les nouvelles de H.G. Wells, aux idées scientifiques intéressantes, qu’à ses courts romans dont le style est souvent plus poussiéreux et le rythme poussif. Je n’ai pas encore parlé sur le blog de La Guerre des mondes mais il est ma plus grosse déception de l’auteur pour le moment.
L’Homme invisible commence assez mollement avec cet étranger laissant ses traces de pas dans la neige pour se rendre à Irping, un petit village dans laquelle il pourra travailler en toute tranquillité sur ses mystérieux travaux. Prenant une chambre dans l’auberge des Hall, le visiteur a des habitudes et un comportements étonnants, voire énervants, pour ceux qui le servent ou le croisent alors qu’il refuse d’offrir ne serait-ce qu’une partie de son passé. Fait extraordinaire, l’homme est recouvert intégralement de bandages, ce qui, sans étonnement, alimente les rumeurs dans le village. Travaillant sans relâche sur ses recherches, il va devenir malgré lui la le centre de l’attention d’Irping. Mais lorsqu’un vol au presbytère est découvert, l’étranger voit bientôt son secret être révélé.
Il n’a plus une minute à perdre, il doit fuir sans être vu de personne. Il s’aidera alors d’un naïf, M. Marvel, dans ses desseins de plus en plus fous. À l’époque de sa publication, L’Homme invisible était sans conteste novateur. Aujourd’hui, il peut sembler vite anecdotique. Les premiers chapitres plantent lentement le décor avec un rythme absent pour nous raconter une histoire dont on voit arriver le retournement. La construction de l’intrigue ôte toute surprise, H.G. Wells s’intéressant davantage à explorer son concept scientifique et à finalement l’expliquer par le biais de longs dialogues ou monologues qui manquent de fluidité. Le tout possède un ton vieillot, poussiéreux malgré l’idée de départ très intéressante et l’évolution du personnage principal qui se perd de plus en plus à cause de son complexe de supériorité et de son sentiment de fatalité. On est bien face l’archétype du savant fou égocentrique prêt à tout pour sa création et pour s’en sortir indemne. Heureusement, les nouvelles ont pu remonter le niveau.
HISTOIRES DE L’INATTENDU
UNE ORCHIDÉE EXTRAORDINAIRE
Passionné d’orchidées, un homme fait tout pour entretenir l’une de ces fleurs récupérée sur un aventurier décédé.
Avec un personnage masculin aussi atypique qu’attachant, les quelques pages défilent rapidement. Il est intéressant de découvrir quelques spécificités sur cette variété de fleurs que tout le monde n’arrive pas à dompter. La nouvelle prend une tournure étrange, intrigante, pour une fin effectivement inattendue et tragique.
L’HISTOIRE DE FEU M. ELVESHAM
Un jeune homme vigoureux et prêt à commencer ses études en médecine rencontre un vieil homme prêt à lui léguer sa fortune sous quelques conditions.
La meilleure nouvelle du recueil selon moi, elle réussit à créer la curiosité par sa narration et par le mystère autour de ce fameux M. Elvesham. Pourquoi voudrait-il donner sa fortune à un jeune inconnu ? Que peut-il y gagner ? On comprend avant la fin ce dont il en retourne mais le plus intéressant est de suivre le déroulé des événements, et non pas d’être ébahi par le renversement de l’intrigue.
L’HOMME QUI POUVAIT FAIRE DES MIRACLES
Après une démonstration étonnante, un homme découvre qu’il a le don de produire des miracles. Il l’utilise alors pour en découvrir les limites.
L’idée de base de cette nouvelle ouvre un champ des possibles à H.G. Wells, ce qui suffit à ce dernier pour créer une histoire intelligente, intéressante et qui nous fait réfléchir. Jusqu’où l’homme est prêt à aller pour comprendre le monde qui l’entoure et pour être celui qui contrôle tout autour de soi ? Les bonnes intentions ne mènent pas toujours à de bons actes, ce que le personnage apprend à ses dépens. En plus, la fin offre un autre thème plus d’une fois exploré en science-fiction et qui donne à son histoire un goût encore plus savoureux.
M. SKELMERSDALE AU PAYS DES FÉES
Se rendant dans le petit village de Bignor, le narrateur apprend que l’épicier du coin se serait rendu au Pays des fées. Intrigué par cette histoire, il va tout faire pour gagner sa confiance et apprendre les circonstances de son aventure.
H.G. Wells explore brillamment les codes du merveilleux dans cette nouvelle dans laquelle fées et amour romantique éveillent les émotions de nos deux personnages, l’un curieux à l’idée qu’on lui raconte cette étrange histoire, l’autre désespéré que ce bref épisode de sa vie ne soit plus qu’un rêve auquel il ne peut dorénavant plus goûter.
Novateur en son temps, L’Homme invisible garde une idée intéressante mais décevante à cause d’une écriture désuète et d’une construction narrative qui ôte toute surprise pour que l’on soit plutôt plongé dans les explications scientifiques. Heureusement, les quatre nouvelles suivantes sont plus dynamiques et intrigantes, écrites chacune dans un style moins vieillot.

Sortie : octobre 2021 (1e éd. : 1901)
Édition : RBA
Genre : Science-fiction
272 pages
Quand j’y pense, autant j’ai suivi et dévoré les classiques de leur collection avec avidité, autant j’ai encore quelques romans de celle-ci qui trainent dans ma PAL… Ton avis me donne envie d’enfin les sortir.
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Ça fait un moment que je n’ai pas fait attention aux sorties de cette collection, sachant que j’ai encore quatre livres qui sont chez moi et qu’il faut que je lise (Le Dernier Homme, L’Appel de Cthulhu, Les Montages hallucinees et L’Île du docteur Moreau)
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J’ai aussi Le Dernier Homme dans ma PAL.
https://www.journaux.fr/les-maitres-du-fantastique_culture_7_1_458659.html
Voila les dernières sorties 😉
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Oh merci, pas besoin de chercher 😊
Je ne connais rien dans les dernières sorties, à part Carmilla que je pourrais prendre pour l’avoir dans une belle édition.
Les mêmes auteurs reviennent souvent.
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L’homme invisible semble avoir mal vieilli mais tu m’as donné envie de donner sa chance aux nouvelles et notamment à la dernière qui m’intrigue beaucoup…
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En sachant que la traduction n’est pas récente donc peut-être que dans les dernières éditions, le style passe mieux.
Il a écrit beaucoup de nouvelles très intéressantes dans lesquelles il mélange science et fantastique, c’est vraiment bon.
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Il faut vraiment que je lorgne du côté de ses nouvelles…
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Science-fiction, fantastique, horreur, tu as de quoi faire 😄
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En effet 🙂
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C’est un peu le souci de bien des classiques de ce genre, le cinéma et les autres médium sont passés par là et les ont sublimés. On a donc parfois une douche froide quand on lit l’original 😅
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Les classiques de sf/fantastique prennent facilement un coup de vieux malheureusement. Comme tu dis, beaucoup s’en sont inspirés, difficile donc d’être surpris.
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J’ai lu L’homme invisible quand j’avais entre 10 et 12 ans , je ne me rappelle plus vraiment, en tout cas dans une édition enfant (que j’ai toujours). J’en gardais un super souvenir. Je l’ai relu il y a quelques années et j’étais là… ok, c’est intéressant mais j’ai trouvé ça SUPER CHOUETTE à lire à l’époque ? C’était marrant.
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Tu l’as relu dans la même édition qu’à l’époque ?
Je me dis que je l’ai lu dans une traduction assez datée, ça doit jouer. Mais, si j’ai bien aimé le début de l’histoire, je me suis vote ennuyée…
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Oui exactement la même, mon exemplaire livre de poche jeunesse
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Je pense qu’elle doit être plus accessible à lire alors.que mon édition.
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Je crois que le texte est intégral donc je sais pas 🤷♀️
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Oui, sûrement, mais la traduction est peut-être différente. Je sais que les traductions choisies dans cette collection des classiques de l’imaginaire sont toujours les plus anciennes.
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La trad date des années 50 pour mon exemplaire qui lui date des années 80
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Ah, ce n’est pas récent non plus ^^
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