En direction de Riva, Garion n’imagine pas l’ampleur de son rôle pour battre définitivement le dieu Torak. Mais, découvrant sa véritable identité, le jeune homme comprend alors qu’il va devoir combattre pour la survie de tous les royaumes.
De la même saga : Le Pion blanc des présages tome 1 . La Reine des sortilèges tome 2 . Le Gambit du magicien tome 3 . La Fin de partie de l’Enchanteur tome 5 ]
« Or il advint que Cherek et ses trois fils accompagnèrent Belgarath le Sorcier en Mallorée afin de reconquérir l’Orbe d’Aldur dérobée par Torak. Ensemble, ils atteignirent la tour de fer où le Dieu mutilé s’était enfermé avec l’Orbe, mais seul Riva Poing-de-Fer, le plus jeune des fils de Cherek, osa s’emparer du prodigieux joyau. Car lui seul ignorait le mal au plus profond de son âme. »

Saga rangée dans les classiques de la littérature de fantasy, La Belgariade aura inspiré bon nombre de romans du genre, à l’instar du Seigneur des anneaux ou de La Roue du temps. Si la fantasy a évolué depuis des décennies, il est tout de même intéressant de replonger dans ses fondamentaux même s’ils peuvent paraître parfois sans surprises pour nos yeux actuels. Avec les trois premiers tomes, j’avais justement une certaine retenue. Appréciant la bande de joyeux personnages et l’aventure dans laquelle ils se lancent, l’intrigue restait tout de même classique avec un jeune héros inconscient du rôle qu’il doit jouer pour la survie de son royaume, et qui doit aller récupérer un artefact afin de combattre une force maléfique. Ce classicisme est toujours d’actualité à la lecture du tome 4 même si, avec cet avant-dernier tome de La Belgariade, David Eddings offre quelques réponses et évolutions bienvenues. Beaucoup moins mouvementé que les tomes précédents, La Tour des maléfices prend davantage le temps d’explorer la psychologie de son personnage central, Garion, qui découvre enfin son rôle contre le dieu Torak. Et pourtant, il n’y avait que lui pour ne pas comprendre qu’il est un élément essentiel afin de sauver les différents royaumes face à une divinité attendant depuis des siècles de se réveiller. Mais, Garion est jeune, on le pardonne. Surtout que pour lui, tout s’enchaîne à une vitesse affolante.
Devant appréhender ses pouvoirs récemment découverts, Garion doit aussi faire bientôt face aux obligations liées à sa véritable identité. Sur la route pour ramener l’Orbe à Riva, notre jeune héros aura tout de même le temps de prendre conscience de tout le chemin parcouru et de la maturité qu’il a obtenu en un court laps de temps. Après une aventure aussi dangereuse que formatrice, Garion n’est plus le garçon de ferme recueilli par tante Pol et le vieux conteur du village. Il est devenu un jeune homme lucide qui prend à cœur de faire le bien, même s’il ne comprend pas toujours les initiatives de ses proches. Il faut avouer que Polgara et Belgarath usent longtemps de la patience de Garion, attendant toujours le moment propice pour lui avouer des vérités. Arrivant à Riva, Garion commence alors une nouvelle vie pleine de responsabilités. Il découvre les us et coutumes de son nouveau bastion, à l’instar des habitants qui y vivent et qui agissent avec lui d’une manière à laquelle il n’était pas préparé. Ce temps de “repos” à Riva permet de réunir tous les personnages rencontrés lors des trois premiers tomes dans une atmosphère joyeuse de paix et de renouveau. Barak est particulièrement heureux de son arrivée dans la ville, Silk s’amuse toujours autant malgré quelques déceptions et Garion retrouve même son ami Lelldorin qui s’attire toujours autant d’ennuis. Du côté des récents personnages, on est également gâté. La relation entre Taïba, ancienne esclave d’une vallée souterraine, et Relg, un religieux, évolue d’une manière très intéressante, tels deux forces contraires qui ne peuvent s’empêcher de se rapprocher. Mission, petit garçon protecteur de l’Orbe apporte une petite touche de candeur au milieu de ce groupe d’adultes.
À côté de tous ces rois, de ces reines et de ces amis séjournant pour un temps à Riva, Garion retrouve également la princesse Ce’Nedra. Et avec elle, on est sûr de passer par tout un tas d’émotions. Alors que la jeune héritière montre une certaine sensibilité et douceur quand elle se retrouve seule, son mauvais caractère réapparaît toujours au contact de Garion. Ce jeu du chat et de la souris, auréolé d’une candeur et d’une excessivité propre à l’adolescence, est malheureusement souvent usant. Comme Garion, on finit pas se lasser des coups d’éclats de la princesse, même si on comprend bien ce qui la tracasse. Heureusement dans ce quatrième tome, Ce’Nedra aura, comme Garion, l’occasion de grandir et de montrer sa force de caractère, particulièrement dans le dernier tiers du livre. Elle qui était présentée uniquement comme une peste égocentrique peut alors révéler d’autres facettes plus positives de sa personnalité entre doute légitime et courage. Épaulée par Polgara, Ce’Nedra pourrait devenir une femme plus clairvoyante et soucieuse du bien des autres.
Ce temps pris par David Eddings pour faire évoluer ces deux personnages centraux de La Belgariade m’a particulièrement plu. Le fait que toute la bande soit réunie loin des champs de bataille m’a fait également un bien fou, avant de retourner au combat dans le dernier tome de la saga. Le dernier tiers du roman en compagnie de Garion, Belgarath et Silk est particulièrement intéressant entre ce nouveau périple incertain, la rencontre avec Vordaï, la sorcière des marais, et la conviction de Garion de sauver les différents royaumes dont il se sent maintenant responsable. En suivant le jeune homme dans son apprentissage de la vie et de ses pouvoirs, difficile de ne pas avoir en mémoire Fitz de L’Assassin royal même si Garion est bien plus discipliné. Je pense retourner très prochainement dans La Belgariade pour connaître l’avenir de notre héros et des différents royaumes sous sa protection.
– Bon. Mais puisque tu savais que tu allais le faire de toute façon, pourquoi as-tu tellement discuté ?
Belgarath haussa les épaules.
– Je voulais être sûr qu’elle le voulait vraiment. Et puis il ne faut jamais laisser les gens penser qu’on est prêt à faire n’importe quoi pour eux ; après ils ont l’impression d’avoir des droits sur nous. »
Beaucoup plus calme, ce tome 4 propose un interlude agréable avant la bataille finale. N’étant plus dans la précipitation, les personnages peuvent d’avantage prendre conscience de leurs forces et de leurs faiblesses. Tous différents les uns des autres, ils forment un groupe très sympathique.

Titre original : The Belgariad : Castle of Wizardry
Sortie : avril 2021 (1e éd. : 1984)
Édition : Lizzie
Lu par Franck Dacquin
Genre : Fantasy
14h07