Dîner à Montréal, Philippe Besson

Quelle bonne idée de réunir lors d’un repas les amants du passés et les amours du présent ! Avec une délicatesse et une fine ironie qui accompagnent toujours sa plume, Philippe Besson nous ouvre une nouvelle fois les portes de sa vie privée. Étonnant en révélations et en sensations, ce diner est un formidable instant de vie dans lequel les langues se délient et les regards sont encore plus équivoques. Pour ceux qui auraient bien repris une part d’Un certain Paul Darrigrand, venez vous servir avec Dîner à Montréal.

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Les Confessions – Livres I à IV, Jean-Jacques Rousseau

« Je sentis avant de penser », avoue Rousseau dès le premier Livre. Morte en le mettant au monde, sa mère avait laissé des romans que le père et le fils liront après le dîner. « En peu de temps, j’acquis, par cette dangereuse méthode, non seulement une extrême facilité à lire et à m’entendre, mais une intelligence unique à mon âge sur les passions. Je n’avais aucune idée des choses, que tous les sentiments m’étaient déjà connus. Je n’avais rien conçu, j’avais tout senti. » Cette sensibilité exacerbée fera le malheur du « pauvre Jean-Jacques ». Il se croira aimé, détesté, méprisé, attaqué et voudra se justifier en révélant les détails les plus intimes de sa vie familiale, amoureuse et sociale. Cette sensibilité fera aussi sa force. Par elle, il atteint la vérité de l’homme, l’homme naturel, sans masque, tel qu’il serait si la société ne le pervertissait pas. Stendhal et Chateaubriand s’inspirèrent de cette démarche étonnante : tout dire de soi-même, ses chutes comme ses espérances.

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Les Mots, Jean-Paul Sartre

« J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute: au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout; défense était de les faire épousseter sauf une fois l’an, avant la rentrée d’octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait… »

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Le Monde d’hier, Stefan Zweig

Rédigé en 1941, alors que, émigré au Brésil, Stefan Zweig avait déjà décidé de mettre fin à ses jours, Le Monde d’hier est l’un des plus grands livres-témoignages de notre époque. Zweig y retrace l’évolution de l’Europe de 1895 à 1941, le destin d’une génération confrontée brutalement à l’Histoire. Il évoque avec bonheur sa vie de bourgeois privilégié dans la Vienne d’avant 1914 et quelques grandes figures qui furent ses amis : Schnitzler, Rilke, Romain Rolland, Freud ou Valéry. Mais il donne aussi à voir la montée du nationalisme, le bouleversement des idées au lendemain de la Grande Guerre, puis l’arrivée au pouvoir d’Hitler, l’horreur de l’antisémitisme d’État. Avec le recul, la lucidité de son testament intellectuel frappe le lecteur d’aujourd’hui, de même que sa dénonciation des nationalismes et son plaidoyer pour l’Europe.

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