Séparée de son mari et de leur fille, Anna vit recluse dans sa maison de Harlem, abreuvée de merlot, de bétabloquants et de vieux polars en noir et blanc. Quand elle ne joue pas aux échecs sur internet, elle espionne ses voisins. Surtout la famille Russel – un père, une mère et un adorable ado –, qui vient d’emménager en face. Un soir, Anna est témoin d’un crime. Mais comment convaincre la police quand on doute soi-même de sa raison ?
Son mari ne va plus tarder. Ce coup-ci, c’est sûr, il va la surprendre.
Depuis l’énorme chamboulement au sein de son foyer, Anna Fox peine à remonter à la surface. Depuis bientôt onze mois, depuis son traumatisme, elle ne peut plus sortir de chez elle. Séparée de son mari et de sa fille Olivia, Anna ne tente même plus de faire semblant.
Ses journées défilent entre de multiples visionnages de vieux films en noir et blanc, des parties d’échecs en ligne, des discussions sur un forum réunissant des agoraphobes et surtout de gros mélanges entre ses divers médicaments et le Merlot qu’elle affectionne et qu’elle possède par dizaines chez elle. Recluse, elle est alors dans l’incapacité d’exercer son métier de pédopsychiatrie. C’est donc sur ce forum internet qu’elle tente d’aider les gens comme elle, des individus incapables de se confronter à nouveau au monde extérieur. Internet devient peu à peu sa fenêtre face à la vie en dehors de chez elle. Mais ce n’est pas la seule.
Les propres fenêtres de sa maison sont devenues depuis onze mois son objet de divertissement privilégié. Avec son Nikon, Anna aime épier ses voisins et décortiquer leur vie en découvrant leurs habitudes et leur emploi du temps. Il y a les Miller, fraîchement fiancés, les Wasserman qu’elle évitait avant de perdre sa liberté de mouvement, les Takeda,… Seulement, en ce mois de novembre, ce sont bien les nouveaux voisins, les Russel, qui vont bientôt accaparer toute son attention.
Ethan Russel, un adolescent charmant et singulier se présente à sa porte pour lui souhaiter la bienvenue. Vient ensuite le tour de sa mère Jane, qui passera même quelques jours après sa première visite une soirée dans la maison d’Anna à boire du vin et à jouer aux échecs. Traquer la vie de cette famille par l’objectif de son appareil photo devient un véritable passe-temps. Cette obsession va alors l’amener à voir quelque chose qu’elle aura du mal à expliquer aux personnes autour d’elle.
Alors qu’elle est témoin d’un drame, personne ne semble vouloir la croire. Aucune preuve ne peut venir étayer ses propos et tout ce qu’elle dit paraît des plus fantasques. Mais Anna sait ce qu’elle a vu, elle y croit au plus profond d’elle-même. Néanmoins, peut-elle réellement faire encore confiance à sa mémoire ? Entre son traumatisme et le mélange incessant d’alcool et de médicaments forts afin de palier à sa dépression sont peut-être en train de la rendre folle. Mais peu importe, Anna est bien décidée à découvrir la vérité et à comprendre la frontière entre la réalité et son imagination.
Le lecteur prend pleinement part au quotidien morose et solitaire de cette femme brisée qui devient peu à peu la grande spectatrice du quotidien des personnes de son quartier. Malgré notre envie de croire à la véracité de son témoignage, il nous est difficile à nous aussi de ne pas douter. Peu à peu, le passé d’Anna se dévoile et expose de plus en plus les blessures ancrées en elle qui n’ont jamais réussi à se refermer. En qui peut-elle avoir confiance ? En Ethan, qui semble cacher quelque chose à la police et à elle au détriment de l’enquête ? À son locataire David, secret et peu expansif ? À l’agent Little qui veut réellement l’aider ? Anna ne sait plus qui croire pour l’aider à apporter les preuves de ce qu’elle a vu mais elle sait au moins une chose. Elle n’est pas folle.
Pour un premier roman, l’auteur réussit avec brio à créer le doute petit à petit, à permettre au lecteur de s’interroger toujours davantage au fil du roman en prenant en compte les divers indices sur « l’enquête » et sur la santé mentale d’Anna, et surtout à produire des retournements de situation très convaincants. Dès la moitié du roman, je suis restée constamment en alerte, à la recherche de nouvelles preuves afin de comprendre si notre recluse n’imaginait pas toute cette histoire.
Thriller aux teintes noires, La Femme à la fenêtre captive par sa manière lente d’insinuer le doute, l’éternelle interrogation qui ne permettra pas de trancher entre une théorie ou une autre avant la fin. Les droits étant déjà achetés pour une adaptation, j’ai vraiment hâte de voir si l’ambiance du roman constamment dans l’obscurité de cette maison sera respectée et si l’intrique réussira à me tenir en haleine comme avec le roman. Merci aux éditions Presses de la cité et à NetGalley pour m’avoir permis de découvrir ce nouveau thriller.
Un nouveau thriller réussi où l’on s’interroge constamment sur la véracité de ce que perçoit la narratrice solitaire et brisée. L’intrigue ne perd pas en intérêt, les retournements de situations et les surprises permettant de la relancer au fil du roman.
Sortie : février 2018
Édition : Presses de la Cité
528 pages
Il faut absolument que je le lise !
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Je te le recommande fortement, j’ai passé un très bon moment. Il met un peu de temps à se mettre en place pour bien dépeindre le quotidien d’Anna et ensuite tu es complètement dedans !
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En voilà un qui a l’air intéressant, je le note 🙂
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On s’interroge constamment sur ce que dit Anna, sur ce qu’elle a vraiment vu, le récit est très bien construit. J’espère qu’il te plaira 🙂
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Il n’y a rien à faire il me fait énormément pensé à Sous ses yeux paru chez Cherche Midi en septembre dernier… le côté lent, les doutes sur la santé mentale de la protagoniste, son observation obsessionnel des voisins… Mais comme j’avais pas accroché plus que ça je ne suis pas emballée par celui-ci xD
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Je n’ai pas lu Sous ses yeux mais vu ce que tu en dis, je vais peut-être me le procurer ^^ Il faut apprécier ce rythme lent où tout se met doucement en place.
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Si le départ me semble vu et revu, j’avoue que ta manière de parler de l’intrigue me donne bien envie de me laisser tenter par ce thriller 🙂
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Et je me suis rendue compte que j’avais oublié de parler d’un détail qui est présent tout au long du livre : les visionnages permanents de vieux films en noir et blanc du personnage principal. Cela accentue l’atmosphère sombre et inquiétante du livre.
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Très envie de le lire ! et j’adore la référence à Hitchcock !
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Il y en a plusieurs vu la passion du personnage principal pour les vieux films en noir et blanc, elle cite pas mal de films connus ou non lors de ses soirées seule dans l’obscurité de sa maison. Ça rajoute un plus à cette ambiance noire, à suspense.
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