Qui je suis, Mindy Mejia

Hattie Hoffman a passé sa vie à jouer de nombreux rôles : la bonne élève, la bonne fille, la bonne petite amie. Mais Hattie rêve d’autre chose, quelque chose de plus intense… et qui se révèle extrêmement périlleux. Lorsqu’on découvre son corps sauvagement poignardé, une redoutable onde de choc traverse la ville de Pine Valley. Très vite, il apparaît que Hattie entretenait une relation secrète, hautement compromettante et potentiellement explosive. Quelqu’un d’autre était-il au courant ? Et dans ce cas, jusqu’où cette personne était-elle prête à aller pour mettre fin à cette relation ?

Fuguer, ça craint.
J’étais là, à l’endroit même dont j’avais si souvent rêvé pendant les cours de maths, devant le tableau des départs de l’aéroport de Minneapolis, et chaque détail était exactement tel que je me l’étais représenté.

Nouveau thriller publié ce mois-ci, le résumé m’a immédiatement intrigué. Une histoire de faux-semblants, d’apparences tronquées qui amènent à un meurtre ;  tous les ingrédients semblaient être présents pour produire un bon thriller. Et ça l’aurait été si Mindy Mejia avait insufflé à son récit davantage d’originalité. Celui-ci arrive peut-être quelque peu à se démarquer des romans du genre par sa construction narrative, divisant l’histoire en trois points de vue différents qui vont permettre de découvrir la dernière année d’une lycéenne, entre août 2007 et le début de l’enquête sur sa mort au printemps 2008.

Néanmoins, le tout ressemble beaucoup trop à de multiples œuvres similaires sans réussir à se démarquer. Nous avons encore le droit ici à une affaire de meurtre dirigée par le shériff d’une petite ville où tout le monde se connaît, à propos d’une jeune fille bien sous tout rapport mais qui, contre toute attente, cache pas mal de mystères. Je ne compte plus le nombre de romans proposant le même genre de scénarios et pourtant, j’étais optimiste avec Qui je suis. M’attendant à d’énormes secrets, je me suis dis qu’Hattie allait pouvoir surprendre, étonner et en mettre plein les yeux. Malheureusement, le château de cartes s’est vite écroulé même si tout n’est pas à jeter.

Hattie est donc cette jeune lycéenne sans histoires, qui est la fille parfaite à la maison, rêvant de devenir actrice à New York. Dans la troupe de théâtre de son lycée, on découvre peu à peu Hattie et on comprend ce que nul autre arrive à discerner. Car, malgré les apparences, la vie d’Hattie est un véritable théâtre vivant.

Experte en manipulations, elle change de facettes comme de chemises, passe sous silence ses vrais sentiments et émotions pour coller au maximum aux rôles qu’elle s’attribue en fonction des personnes avec qui elle interagit. Elle s’amuse à être la meilleure amie qui cancane, la petite amie timide mais parfois subversive, la fille sérieuse et rêveuse,etc… Seule une personne va réussir à percer peu à peu son armure, jusqu’à ce que la folie s’empare de la réalité. Qui souhaiterait la mort de cette fille ? Qui était-elle réellement ?

Del, shériff et meilleur ami du père d’Hattie, peine à comprendre ce qui a pu se passer. Habitué aux bonnes vieilles méthodes, il va utiliser son flair et son expérience afin de retrouver le coupable et d’apporter une quelconque once de paix à la famille d’Hattie. De plus en plus étonné par ce qu’il va apprendre de la jeune fille, les indices se multiplient bientôt face à lui, le laissant face à une courte liste de suspects.

Le problème est que cette enquête, tout comme l’histoire dans sa globalité, est totalement prévisible. Quel lecteur ne se doutera pas de l’identité du suspect idéal pour la police ? De son innocence malgré toutes les preuves contre lui ? Dès le début, j’ai vu les fils rouges se dérouler devant mes yeux, ce qui a fait que je me suis complètement désintéressée de l’enquête policière.

Malgré cela, quelque chose a bien réussi à retenir mon intérêt. Et même si cette relation était toute aussi prévisible dès le début de l’histoire, j’ai apprécié découvrir l’évolution des liens entre Hattie et Peter. Fraîchement arrivé avec sa femme Mary pour aider sa belle-mère au sein de sa ferme, Peter est perdu face à cette nouvelle vie loin de Minneapolis. S’éloignant de plus en plus de sa femme, il va trouver en Hattie un exutoire, un plaisir caché très revigorant.

Rien d’exceptionnel ou de bien surprenant  également de ce côté de l’intrigue mais je me suis néanmoins surprise à m’intéresser à leur relation, aux chantages affectifs d’Hattie, à sa manière de manipuler les gens autour d’elle pour avoir la possibilité de se rapprocher de Peter, et à la manière avec laquelle celui-ci envisage son avenir et perçoit la lycéenne. Car en la présence de cet homme, Hattie semble réussir à dévoiler sa réelle personnalité avec ses failles et ses doutes.

Mais une question reste constamment en suspens  : n’est-ce pas encore une fois un rôle qu’elle joue ? Peut-elle être vraiment elle-même après avoir joué autant de fausses identités ? Même Peter s’interroge et s’effraie de la facilité avec laquelle Hattie mène tout le monde par le bout du nez sans que personne ne s’en rende compte. Finalement, n’est-ce pas sa capacité à mentir au monde entier qui va mener la jeune fille à sa perte ? Malheureusement, la résolution de l’enquête se montre, à l’instar de l’oeuvre globale, pas assez surprenante, risquée. À l’image d’un pétard mouillé, Qui je suis n’aura pas réussi à me transporter malgré un personnage principal à multiples facettes et à un style dynamique. Je remercie tout de même la maison d’édition Mazarine et Netgalley pour cette lecture.

Parfois, je me dis que jouer la comédie est une maladie, mais je ne peux pas l’affirmer, car je ne sais pas ce que veut dire être bien portant.

Malgré un personnage principal intéressant par sa grande faculté de manipulation, l’histoire est beaucoup trop prévisible en tous points pour qu’elle se révèle vraiment entraînante et haletante. Aucune surprise de mon côté malheureusement.

Sortie : 2018
Édition : Mazarine (Thriller)
396 pages