Erik Winter a failli mourir noyer au fond d’une piscine de la Costa del Sol. Après deux ans de repos, il souffre toujours d’un implacable acouphène. Il vient de rentrer en Suède afin de reprendre son travail et a laissé derrière lui sa famille en Espagne. Son retour est intense : la ville est paralysée par le froid et il doit faire face à un premier crime des plus monstrueux : une femme et deux enfants ont été assassinés dans une villa de banlieue. Le seul survivant de cette scène d’horreur est un nourrisson retrouvé dans la maison. Le bébé est mal en point. Une foule de questions s’imposent alors aux enquêteurs. Pourquoi personne n’a-t-il donné l’alarme ? Pourquoi le bébé a-t-il été épargné ? Et enfin, comment a-t-il survécu tout ce temps ?
Il avait commencé à compter les pierres du Paseo. Il avait commencé la semaine précédente, voire avant Noël. Un deux trois quatre cinq vingt cent, les pierres semblaient plus grandes quand le soleil se traînait vers le Maroc de l’autre côté de la mer, quand les ombres s’allongeaient devant lui sur la promenade de la plage, vers les brise-vagues à l’est. Il recommençait alors à les compter. Il était temps de rentrer à la maison.
Reçu complètement par hasard, j’étais réellement intriguée par ce roman policier suédois. Peu habituée par les romans nordiques, j’en ai tout de même une bonne opinion grâce à quelques thrillers ou polars tels que Bettý d’Arnaldur Indridason, Hanna était seule à la maison de Carin Gerhardsen, ou encore Je sais qui tu es d’Yrsa Sigurdardottir. À chaque fois, j’ai été happée par cette atmosphère particulière caractérisée souvent par des paysages glacés et des personnages rêches, peu expansifs mais avec souvent un bon fond. Et avec La Maison au bout du chemin, ais-je été séduite par le décor et les personnages ? Plutôt, oui.
Avec cette maison quelque peu isolée des autres, cette ville enneigée, cette aire de jeux givrée, j’avais bien envie d’un chocolat chaud ! J’ai totalement été immergée au sein de cette ville suédoise décrite par l’auteur avec divers détails. Et si l’intrigue se déroule autour d’une enquête criminelle, l’histoire s’articule réellement autour des personnages qui prennent une place essentielle, qu’ils soient enquêteurs, témoins ou présumés coupables. Après deux ans de repos en Espagne, Erik Winter est prêt à reprendre du service en tant que commissaire. Laissant alors sa femme et ses deux filles au soleil, il retourne dans le froid suédois afin de prendre part à la nouvelle affaire que prennent en main ses collègues.
La Maison au bout du chemin est le onzième roman mettant en scène Erik Winter et ses collègues, donc ne vous étonnez pas si vous peinez à comprendre parfois les liens entre les personnages si, comme moi, vous n’avez jamais lu de livres d’Åke Edwardson. Appelés tantôt par leur prénom, tantôt par le nom de famille, j’ai parfois eu du mal à ne pas mélanger les identités au sein de l’équipe de police dirigée par Fedrik Halders et à comprendre les diverses relations. Mais même si certaines références des romans précédents sont disséminés au fil du récit, il n’est finalement pas très difficile de s’y retrouver.
Winter, Halders, Öberg, Hoffner et les autres vont alors tenter d’élucider un nouveau meurtre affreux. Alertés par un voisin, les policiers sont prévenus de la mort suspecte d’une femme et de ses deux enfants. Le nourrisson est le seul survivant de cette tuerie. Le mari en déplacement possède-t-il réellement un alibi ? La victime entretenait-elle une liaison ? Une histoire de vengeance ou de hasard ? Winter et ses collègues vont tout entreprendre pour faire toute la lumière sur cette affaire.
Et pour cela, ils commencent un travail minutieux où ils vont tenter d’aller au plus près de la psychologie du tueur en se posant les bonnes questions. Les méthodes de déduction et de travail de l’enquête sont très peu tournées vers les techniques scientifiques mais davantage vers l’imagination et la déduction des différents enquêteurs et surtout d’Erik Winter. Ils s’imprègnent du meurtre, des circonstances, des indices et potentiels mobiles.
Au clair de lune, la glace ressemblait à de l’asphalte, le vent avait balayé toute la neige, la mer était une autoroute pour les gentils comme pour les méchants.
Minutieusement, ils retournent plusieurs fois dans la maison, interrogent de nouveau les mêmes suspects jusqu’à découvrir tous les détails, les mystères. Ce roman policier ne repose donc pas sur l’action et un dynamisme fou à coups de retournements de situation et de révélations chocs mais plutôt sur un modèle de répétition jusqu’à récupérer les bonnes informations et des témoignages utiles pour l’avancement de l’enquête. Les policiers grattent jusqu’à la moelle les différents alibis et mobiles en jouant sur les mots, en rentrant frontalement dans leurs interlocuteurs qu’il faut pousser dans leurs retranchements afin qu’ils délivrent des réponses utiles.
Les dialogues comme la narration suivent également ce schéma avec des répétitions, des phrases courtes, beaucoup de questions. Le style est bien particulier, spécifique à l’auteur. On a l’impression d’entrer réellement dans la tête des personnages, de naviguer entre leurs différentes réflexions qui peuvent partir dans tous les sens. En s’accrochant bien, il est facile de se laisser porter par ce flot de questions, d’observations, de souvenirs,… même si je me suis parfois sentie perdue face aux références faites sur les précédents livres que je n’ai pas lu.
Erik Winter est réellement au centre du récit avec des épisodes de son passé racontés et une histoire familiale actuelle bien développée. En parallèle de l’enquête principale, un personnage fait rapidement une entrée remarquée par son caractère peu appréciable. Raciste, homophobe, fermé d’esprit et prêt à en découdre par la violence, il semble être le suspect parfait.
J’ai apprécié suivre ce protagoniste ambigu sur lequel on s’interroge à propos de ses agissements face à la police et à face à sa vie personnelle. Je ressors donc contente de cette lecture et de son atmosphère particulière qui, j’espère, ressemble à celles des autres romans de l’écrivain. J’ai maintenant envie de découvrir davantage la bibliographie de cet auteur suédois même si La Maison au bout du chemin ne fait pas partie de mes meilleurs romans policiers lus. Mais peut-être aurais-je un coup de cœur avec l’un des dix précédents livres mettant en scène le commissaire Erik Winter.
– Je peux vous donner une définition de la terreur. C’est le fait de punir quelqu’un pour quelque chose que ce dernier n’a pas fait.- Ça sonne bien mais c’est faux.- Pourquoi ?- Tout le monde a toujours fait quelque chose. Tout le monde est coupable de quelque chose.
Un roman policier nordique bien mené avec un style bien particulier. Je n’ai pas été transcendé par l’enquête policière mais la manière de travailler d’Erik Winter et de ses collègues est très intéressante.
Sortie : 2016 (1e éd. : 2015)
Édition : 10/18
480 pages
J’aime bien ce que tu dis sur la façon d’enquêter : cela fait un peu « vieille école » : je pense à Hercule Poirot et Sherlock Holmes en particulier.
J’aimeAimé par 1 personne
Je n’ai pas lu d’Hercule Poirot mais ayant lu un des romans sur Sherlock Holmes, on peut sûrement faire une petit comparaison même si je n’y avais pas du tout pensé ^^
J’aimeJ’aime