EN AMOUR, LA FIN JUSTIFIE TOUJOURS LES MOYENS.
Juliette et Nate sont faits l’un pour l’autre. Il est pilote de ligne, elle est devenue hôtesse de l’air dans la même compagnie… mais il l’ignore encore. Nate a rompu avec elle six mois plus tôt, mais ce n’est qu’un détail pour Juliette. Choisir les mêmes vols que lui et l’espionner aux quatre coins du monde, surveiller son téléphone à distance, s’inventer une nouvelle identité : Juliette ne recule devant rien pour atteindre son but, car elle a un plan pour récupérer Nate, et elle ne laissera personne se mettre en travers de son chemin. Juliette le sait, le grand amour se mérite, il fait souffrir, mais il vaut toute la douleur du monde. Et des autres.
Je mets du rouge à lèvres fuchsia pour compléter ma transformation. Les meilleures idées paraissent tellement évidentes après coup.
En commençant ce nouveau roman, j’avais l’impression de jouer quitte ou double. L’histoire d’une femme qui ne peut oublier son ex-compagnon et qui commence à traquer le moindre de ses faits et gestes, j’avais déjà tenté le coup avec La Femme nue de d’Elena Stancanelli et ça avait été une très grosse déception. Je ne sais alors pas trop pourquoi j’ai voulu me lancer à nouveau dans ce genre d’histoires, peut-être pour ne pas abandonner l’idée d’être surprise par un récit de ce genre.
Et si La Fille du ciel de Karen Hamilton n’est pas parfait, il se laisse facilement lire grâce à la psychologie du personnage principal. Depuis leur séparation, Juliette accepte d’apporter ce que Nate souhaitait à la fin de leur relation : de l’espace. Mais ce qui est vite remarquable chez Juliette, c’est son habitude à vouloir tout ou rien. Et même si elle semble accepter cette rupture, elle n’est pas décidée à mettre un terme définitif à sa relation avec le pilote.
Depuis sept mois, plus de contacts, plus de nouvelles. Mais Juliette sait cependant tout de la vie de Nate. Avec une facilité déconcertante, la jeune femme ne s’émeut pas de rentrer dans l’intimité de son ex. Visites secrètes dans son appartement lors de ses vols à l’étranger, installation d’une application espionne dans son portable pour qu’elle puisse décortiquer toutes ses conversations, traque de ses moindres faits et gestes sur les réseaux sociaux, la vie de Nate est devenue une totale obsession pour Juliette.
Intelligente et pragmatique, elle pense savoir ce qui est le mieux pour lui, ce dont il a réellement besoin malgré ce qu’il montre ou ce qu’il lui dit. Ils sont faits pour être ensemble et Juliette est prête à tout pour le reconquérir. Elle décide alors de se faire embaucher dans la même compagnie aérienne en tant qu’hôtesse de l’air où à travers ses nombreux vols, on découvre la personnalité complexe de cette jeune femme tourmentée mais infatigable quand il s’agit de faire renaître une forme fantasmée de son couple.
Peu à peu, le lecteur plonge dans les méandres de la psychologie de Juliette où l’obsession devient un poison. Juliette ne laisse rien au hasard jusqu’à toucher les plus proches personnes de Nate. Car, ce que l’on va bientôt découvrir, c’est que Juliette a davantage de liens avec cet homme que ce qu’il pense. Profondément marquée par son passé qui nous ait retracé et qui nous fait comprendre le chemin qu’elle a choisi de prendre, Juliette manipule tout son entourage pour mener à l’aboutissement de son seul but. Se jouant de tout le monde, Juliette laisse entrevoir sa facilité à obtenir ce qu’elle désire.
Mais lorsqu’elle en vient à avoir de réel contact humain, les ficelles de son plan peinent à rester solides. Totalement obnubilée par son désir égoïste, elle ne perçoit la dure réalité des choses. Facilement entraînée dans cette histoire, j’ai tout de même trouvé que l’écriture manquait d’audace ou de personnalité pour être réellement entraînante. Le métier d’hôtesse de l’air de Juliette n’est pas des plus intéressant et il est difficile de réellement ressentir les émotions des protagonistes. Mais peut-être est-ce le fait de l’unique point de vue de Juliette dont les sentiments sont tronqués face à la réalité de la situation.
Les autres personnages ne sont pas inintéressants mais manquent parfois de profondeur et de nuances. Totalement perçus à travers le regard très subjectif de Juliette, ils ne peuvent souvent montrer leur véritable potentiel. Celui qui est finalement le plus représenté après la narratrice est Nate dont j’aurais aimé en apprendre davantage. Son ancienne compagne ne manque pas de répéter qu’il possède une part sombre. Qu’elle est-elle ? Surtout que j’ai été étonnée de son comportement plutôt sympathique face aux extravagances de Juliette qui deviennent bientôt de plus en plus alarmantes.
Sans prendre de réelles mesures drastiques, il laisse les choses s’envenimer jusqu’à ce que toute cette histoire devienne un véritable cauchemar pour lui. Mais au bout du compte, est-ce que Juliette peut réellement gagner la partie ? Peut-on forcer quelqu’un à nous aimer ? La jeune femme n’est pas du genre à se poser ce genre de questions car pour elle, une seule voie est possible. Nate est l’homme de sa vie et rien ne pourra se mettre en travers de son chemin car elle n’a rien à perdre. Tous les coups bas sont alors permis pour retrouver les bras de l’être aimé.
Mais le lecteur ne manquera pas de se les poser ces questions et sera sûrement étonné d’un certain manque de réponses. Car l’histoire se conclut d’une manière un peu trop ouverte pour être appréciable. C’est parfois bénéfique lorsque l’auteur(e) laisse au lecteur le choix de sa propre interprétation. Seulement ici, rien ne semble conclut. J’en reste assez perplexe même si ça n’efface pas l’intérêt que j’ai eu tout au long de cette lecture. Malgré quelques bémols, je suis contente d’avoir découvert ce nouveau roman, lecture qui a été permise grâce à NetGalley et à la maison d’édition Calmann-Levy que je remercie.
Une femme qui plonge de plus en plus dans l’obsession de reconquérir son ex-compagnon par tous les moyens. Traque à outrance, espionnages sur les réseaux sociaux, etc… Juliette est réellement prête à tout. Malgré le style qui n’a pas facilité selon moi mon immersion dans le récit et la fin trop ouverte, j’ai passé un bon moment de lecture.
Sortie : mai 2018
Édition : Calmann-Lévy (Noir)
368 pages
Aie, la fin ouverte me rebute un peu. Sinon, ça a l’air pas mal !
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Oui, je suis restée assez bouche bée, je ne m’attendais pas à une fin aussi brutale qui n’est pas réellement une fin pour moi. Après, il ne suffit que de se l’imaginer mais j’aurais aimé que l’auteure prenne davantage position.
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