Au sein de ce recueil, Ursula K. Le Guin dépeint plusieurs civilisations, plusieurs mondes. Riches de leurs cultures et de leurs modes de vie, ces divers peuples ont tous quelque chose à offrir.
Fantasy, Nouvelle, Science-fiction
Sortie française : 2002
Sortie VO : 2000
184 pages
Les gens de Gy ressemblent beaucoup à ceux de notre plan, à ceci près qu’ils ont des plumes au lieu de poils. Le duvet presque invisible des nourrissons devient la douce brosse beige tachetée des enfants ; puis, à l’adolescence, surgit la coiffe de plumes.
En étant encore novice dans la fantasy et la science-fiction classiques, je n’avais pas encore pris le temps de me plonger dans la vaste œuvre d’Ursula K. Le Guin. Pour prendre la température, je me suis donc lancée dans un recueil de nouvelles, Les Voltigeurs de Gy. Composé de sept histoires, le recueil explore l’amour de l’autrice pour l’anthropologie, notamment l’étude des cultures et des populations. Chaque nouvelle nous présente un peuple différent, d’une planète différente, avec des mœurs différentes.
Sur les sept, je n’ai lu que les cinq premières nouvelles. Si je reconnais le talent d’Ursula K. Le Guin pour présenter diverses civilisations avec nombre de descriptions et avec un style bien à elle, je me suis toujours sentie extérieure à ses histoires. L’écriture d’Ursula K. Le Guin est très didactique. Dans la première nouvelle qui donne le titre au recueil, j’étais perdue face à la construction narrative qui me faisait davantage penser à un article journalistique dans une revue scientifique qu’à une nouvelle de fantasy.
Puis, j’ai compris que c’était le style de l’autrice et j’ai donc pris une certaine douche froide tellement je ne me sentais pas impliquée par ce qui se passait, à quelques nouvelles près. Même avec une présentation détaillée des peuples, en prenant parfois à partie certains de ses membres, je n’ai pas réussi à vraiment m’intéresser à eux. Mais revenons succinctement sur les cinq nouvelles que j’ai lues :
Les Voltigeurs de Gy
Le narrateur/trice nous présente un peuple, les Gy, qui a pour particularité d’avoir des plumes à la place des poils. Revenant d’abord sur la morphologie et les habitudes des Gy, il/elle évoque par la suite leur tabou autour du vol et des rites liés cette faculté qui n’est pas glorifiée, au contraire.
Comme je l’ai écrit plus haut, j’ai été décontenancée par la forme de la nouvelle. Les premières pages m’ont fait l’effet d’un exposé sur la vie et la morphologie d’un peuple fantastique, ce qui ne m’a pas passionnée. Lorsqu’on arrive à la pratique du vol défendue par la plupart, le récit devient un peu plus intéressant sans être trépidant. Une nouvelle informative mais pas très passionnante.
Première rencontre avec les Gorgonides
Un couple d’Américains visitent l’Australie à la recherche d’aborigènes. Mais, il va finalement tomber sur des spécimens bien plus curieux : des extraterrestres.
Le style est encore factuel donc, rien de transcendant pour moi. Par contre, l’histoire est beaucoup plus intéressante avec une représentation juste de la misogynie révoltante d’un mari antipathique et irrespectueux qui va vivre quelque déconvenue. Cet épisode dans le bush australien permettra alors à l’épouse d’être mise en lumière, elle qui d’habitude n’a pas l’occasion d’en placer une. Cette émancipation féminine sur fond de rencontre extraterrestre est très plaisante avec une critique sociale, de l’ironie, de la science-fiction et une certaine justice.
Le Sommeil de Newton
Ravagée par de nombreux désastres écologiques, la Terre est devenue inhabitable. Quelques humains ont pu se réfugier dans une station spatiale dans laquelle le quotidien va être bientôt chamboulée par d’étranges apparitions.
Comme dans la première nouvelle, je me suis sentie très extérieure à ce qu’il se passait malgré l’idée intéressante de faire vivre une colonie sans air extérieur. Finalement, même dans un cadre différent et avec des desseins nouveaux, l’humanité se refond à partir des mêmes systèmes sociaux. Les apparitions aussi curieuses qu’inquiétantes possèdent un certain attrait mais la vie de famille mise en avant dans ce texte ne m’a pas tellement intéressée.
L’Ascension de la face nord
Un journal de bord nous relate l’ascension d’une groupe d’expédition dans des conditions extrêmes.
Le format du journal apporte une nouveauté agréable à l’ensemble du recueil. Le fait de ne pas avoir toutes les clés de compréhension au début de la nouvelle est intrigant, on suit avec intérêt ce périple que l’on comprend être dangereux. Courte et plaisante, elle se conclut de manière étonnamment abrupte.
La Première Pierre
Deux peuples cohabitent difficilement, l’un prenant le dessus sur l’autre, avec entre eux deux cultures qu’ils peinent à mêler.
Par rapport aux quatre premières, cette nouvelle est purement dans le genre de la fantasy. Avec comme fond ce récit autour de pierres et de messages anciens, Ursula K. Le Guin dépeint une histoire de croyance et d’affranchissement. Il est intéressant de voir comment un peuple peut s’approprier une culture et la faire totalement sienne à force de courage, d’un mouvement révolutionnaire et d’une envie d’émancipation. Le problème pour moi reste toujours le style qui ne me convient pas et qui ne me permet pas de m’attacher aux personnages.
Le recueil contient deux autres nouvelles : Le Kerastion et La Construction. Mais, vu la difficulté que je ressentais à lire les nouvelles précédentes, malgré un fond que je trouve très intéressant, j’ai préféré m’arrêter avant.
Ceux qu’ils veulent détruire, les dieux les rendent d’abord fous.
Dans l’ensemble, l’étude anthropologique est intéressante à travers des nouvelles très différentes les unes des autres mais le style ne m’a pas parlée, je me suis toujours sentie en retrait des personnages.