Suite au meurtre de son équipier, Lucia, enquêtrice, accepte de faire équipe avec le criminologue et universitaire Salomon afin d’arrêter un tueur en série.
Éclairs.
Tonnerre.
Orage.
Elle se gara au pied de la colline. Descendit de voiture. Dès qu’elle fut dehors, elle eut l’impression qu’un accessoiriste de cinéma lui versait des seaux d’eau sur la tête.
Dixième roman d’un des grands noms du polar français, Lucia est pourtant le premier livre que je lis de Bernard Minier. Mais, sans aucun doute, ça ne sera pas le dernier. On sent parfaitement que l’écrivain n’en est pas à ses débuts. C’est fluide, imagé, immersif et l’écriture donne l’impression que chaque mot est à sa place avec des effets stylistiques intéressants de temps en temps. Dès la lecture du prologue, on est ferré.
Le récit se structure autour de deux personnages au caractère bien marqué. À la première place, nous faisons la connaissance de Lucia, enquêtrice dans une brigade spéciale en Espagne. Forte tête, elle ne lâche jamais le morceau et, pour cela, elle s’est peinte une solide réputation dans les forces de l’ordre. Lorsqu’avec ses collègues, elle retrouve son coéquipier à l’article de la mort, collé à une croix, c’est une Lucia enragée qui va mener l’enquête malgré les consignes de sa hiérarchie. De son côté, Salomon est un criminologue et professeur ayant crée, avec l’aide de son groupe d’étudiants, un logiciel qui pourrait révolutionner la police espagnole. En collectant toutes les données des scènes de crimes perpétrées sur le territoire espagnol, le DIMAS serait le programme qui pourrait relier des crimes au mode opératoire similaire. Ce serait l’occasion d’élucider d’anciennes affaires mais aussi de débusquer des tueurs en série.
Il est évident que, dans les années à venir, Internet sera le triomphe, l’avènement de tout ce que la planète compte de fous, de dégénérés, de criminels et de fanatiques. Ceux qui ont inventé la Toile ont ouvert la plus grande boîte de Pandore de toute l’histoire de l’humanité.
Mais, DIMAS n’est encore qu’à ses balbutiements, ne recevant pas le financement dont il a besoin pour faire ses preuves. À moins que le programme est réussi à enfin regrouper trois affaires de meurtres, la plus ancienne datant de trente ans. Le lien entre ses diverses affaires vont appeler Lucia et Salomon à se rencontrer et à faire équipe. Ensemble, aidés des étudiants de Salomon, ils comptent bien faire la lumière sur ces crimes non élucidés. Il n’est pas difficile de croire que l’on voyage réellement à Saragosse et aux autres lieux du coin tant l’auteur semble connaître son sujet et les décors dans lesquels ses personnages progressent. Universitaire, la ville est source de fêtes, de savoir, de littérature mais aussi d’agressions en tout genre. Malgré les sorties nocturnes et sympathiques de notre groupe d’étudiants, les choses peuvent vite mal tourner, surtout quand on se retrouve seul dans le noir.
L’enquête policière, qui englobe finalement quatre affaires différentes, est rondement menée avec des péripéties digne d’un roman noir. Lucia est un personnage fort, en combustion constante, quitte à parfois être pénible dû à ses sautes d’humeur. Mais ses problèmes familiaux, en plus de ses valeurs humaines, la rendent touchante. Le contraste entre elle et Salomon, plus énigmatique et dans la retenue, est très intéressante, proposant un duo intrigant. Malheureusement, le livre est loin d’être parfait. Si l’écriture et le style sont très appréciables, l’intrigue manque toutefois de folie et de surprise. En effet, il n’est pas difficile de comprendre où l’histoire va nous mener avec une conclusion assez attendue, et finalement banale et décevante. J’espère, et j’imagine, que Lucia n’est pas le meilleur roman de Bernard Minier et justement, je compte bien le découvrir rapidement avec ses romans précédents.
Il n’y a que les barbares qui détruisent les œuvres des civilisations précédentes au nom de leurs propres valeurs. Car, au fond, qu’est-ce qui nous garantit que nos valeurs d’aujourd’hui ne seront pas remises en cause dans les siècles à venir ?
Le style de l’auteur est travaillé pour nous happer dans ce polar qui, parfois, ne nous épargne pas. Les personnages sont très intéressants et interagissent bien les uns avec les autres. Mais, c’est l’intrigue qui finalement n’est pas assez surprenante.
Sortie : 31 mars 2022
Édition : XO (Thriller)
Genre : Policier
467 pages
Je crains autant que j’ai envie de découvrir ce roman. Cependant et bien que Minier est l’auteur phare du genre selon moi, je n’ose quitter le précédent héros…
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, le héros précédent a l’air d’avoir la côte de ce que je lis un peu partout. Je ne sais pas si Lucia fait le poids mais elle prend facilement les rênes avec son fort caractère.
J’aimeAimé par 1 personne