Décidé à participer aux jeux pour rejoindre l’élite sur Vénus, Gosseyn est rapidement disqualifié. Ses souvenirs et son passé ont été trafiqués, à lui de découvrir qui il est véritablement.
DE LA MÊME SAGA
– Les Joueurs du Ā tome 2
– La Fin du Ā tome 3 ]
« Les occupants de chaque étage de l’hôtel devront comme d’habitude constituer leurs propres groupes de protection pendant la durée des jeux… »
Publié pour la première fois en 1945, le premier tome du Cycle du Ā (qui se lit Cycle du non A) peut, à raison, effrayer plus d’un lecteur. Devenu un classique de la littérature de science-fiction, Le Monde des Ā ne manque pas de nous intriguer puis de nous perdre au sein de cette société futuriste bien différente de la nôtre. Mais, avant de commencer à parler de ce livre, mieux vaut introduire Alfred Korzybski. Ce philosophe et scientifique élabore dans les années 1930 la sémantique générale qui s’oppose à celle classique dite aristotélicienne. Depuis l’Antiquité, l’étude des mots est conceptualisée d’après une logique théorisée par Aristote. Quand un individu parle, son interlocuteur fait le lien avec les mots qu’il entend et les émotions (induites par la mémoire, les habitudes, les lieux communs, etc…) qu’il leur accole. Considérant cette logique classique inefficace depuis le XVIIème siècle, Korzybski conceptualise alors la sémantique générale, non-aristotélicienne, qui ôte l’aspect émotionnel du langage afin d’être compris sans ambiguïté, notamment dans des domaines scientifiques poussés comme la physique quantique ou la théorie de la relativité.
Nombre d’artistes et d’écrivains s’intéressent au sujet comme Isaac Asimov, William S. Burroughs ou le peintre René Magritte, ce dernier l’illustrant parfaitement avec sa Trahison des images (“Ceci n’est pas une pipe”). Passionné par le sujet, A.E. Van Vogt décide d’aller encore plus loin que les autres en plaçant la sémantique générale au centre de sa trilogie. Avec son Cycle du Ā, l’auteur américain crée une société, dite supérieure, dans laquelle cette forme de pensée serait la norme. Dans le futur, la Terre se trouve régie par une élite politique implantée sur Vénus. Les postes au pouvoir étant souvent remis en jeu dans le cadre d’un système d’examens, chaque individu peut s’entraîner pour participer à ces épreuves supervisées par la Machine des jeux (un superordinateur) et gagner sa place sur Vénus, lieu où la criminalité est inexistante. Gilbert Gosseyn, le personnage principal, est prêt à concourir à cette nouvelle saison.
Mais, avant même le début de la première épreuve, l’homme est disqualifié par l’IA qui lui fait prendre conscience que ses souvenirs ont été trafiqués. En vérité, toute la vie de Gilbert Gosseyn n’est qu’une illusion. Bientôt traqué sur Terre puis sur Vénus, Gosseyn tente de comprendre qui il est réellement. Dans sa quête, il navigue au sein de l’élite en faisant attention à qui il fait confiance. Et pour cause, ceux qui veulent l’aider sont aussi nombreux que ceux qui veulent l’éliminer, ce qui amène à quelques redondances et tergiversations parfois hasardeuses. Si l’incipit est intrigant en nous plongeant in medias res dans cet univers futuristes aux enjeux politiques et idéologiques, l’auteur nous perd parfois au vu de ses ambitions. La philosophie prônée par l’auteur ne semble plus intéresser grand monde de nos jours, et si elle est exploitée d’une manière intéressante dans ce premier tome, elle ne semble pas toujours crédible.
L’auteur lance plusieurs pistes, nous perdant consciemment en cours de route dans cette grande quête d’identité. Découvrant bientôt ses capacités hors normes, Gosseyn devient une cible de choix pour les membres de l’élite aux desseins douteux et pour cet étrange Empire galactique qui veut conquérir la Terre. Avant de commencer ce livre, mieux vaut se renseigner un minimum sur la sémantique générale et sur A.E. Van Vogt, cela vous évitera quelques maux de tête. M’étant lancée sans filets, j’avoue avoir été longtemps dans le flou. La lecture audio ne m’a pas particulièrement aidée à y voir plus clair, étant plus distraite à l’écoute d’un livre. Pour les fans de science-fiction, c’est un roman à lire pour son ambition tournée vers le décryptage des codes sociaux, du langage et de la quête de soi. Seulement, il ne faut pas avoir peur d’être paumé de temps en temps. Et, il faut avouer que la traduction de Boris Vian ne nous aide pas à mieux assimiler les enjeux du personnage et son univers.
« Qu’est-ce que l’intelligence sinon la sensibilité aux aguets d’un système nerveux doué d’une mémoire ? »
Classé dans les classiques de la littérature de S-F, ce premier tome ne manque pas d’ambitions philosophiques et idéologiques qui versent parfois dans la métaphysique. L’univers construit par l’auteur peut être difficile à assimiler mais la quête identitaire du héros est intéressante, quand elle n’est pas au centre de répétitions et redondances lassantes.
Titre original : The World of Null-A
Sortie : octobre 2022 (1e éd. : 1953)
Édition : Lizzie
Lu par Éric Chantelauze
Genre : Science-fiction
7h38
Ca me semble fort intéressant, je le note et te remercie.
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Effectivement, c’est intéressant pour l’intérêt de l’auteur pour cette sémantique générale qu’il explore dans son propre univers.
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Merci pour ce défrichage^^
Tu vas rire, j’ai trouvé le tome 1 dans ma bibli en la rangeant. Je n’ai donc plus d’excuses pour ne pas le découvrir cet été 😁
Et j’ai une affection toute particulière pour le Boris Vian auteur alors ce détail m’attire ^^
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C’est bien d’avoir ce genre de surprises 😄
J’ai lu L’écume des jours que je n’ai pas du tout aimé et depuis, je ne suis plus allée vers Boris Vian…
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J’ai peur de ne pas arriver à tout suivre même ça ne semble pas manquer d’intérêt !
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Je n’ai pas forcément essayé de tout comprendre et c’est tout de même bien passé, j’ai compris l’essentiel 😄
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Dans ce cas, j’ai de l’espoir 🙂
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