Jean 6 ans , se retrouve confié à sa grand-mère, lors de la séparation de ses parents, en 1968. Sa mère part à Paris pour trouver un emploi et reviendra le chercher. Il se retrouve chez mémé Lucette, et une formidable histoire d’amour va se dérouler entre ces deux êtres qui vont apprendre à se connaître, à cohabiter et à s’aimer.
Jean est un rêveur ; il a toujours le nez en l’air, perdu dans ses pensées. Alors, immanquablement, il se fait surprendre par le plus banal caillou sur sa route et se retrouve, aussitôt, les quatre fers en l’air. chaque fois, le petit garçon se relève d’un bond en murmurant « même pas mal ».
Grâce à un concours sur Instagram, j’ai eu la chance cet été de recevoir de la part du Livre de Poche douze romans avec pas mal de livres feel good qui ne font pas partie de mes lectures habituelles. Ne la connaissant que de nom, Aurélie Valognes n’était pas une auteure qu’il me tardait de découvrir parce que son style ne fait pas partie de mon genre de prédilection. Néanmoins, appréciant varier les plaisirs et les genres littéraires, je me suis lancée avec espoir mêlé à une pointe d’appréhension dans Au petit bonheur la chance ! Très bon choix pour une lecture estivale, ce roman parlera au plus grand nombre par son sujet familial touchant et son écriture simple ciblant un vaste public, et c’est sûrement ce deuxième point qui m’a personnellement dérangé lors de ma lecture.
Ce n’est pas la première fois que je lis de la littérature contemporaine, générale, avec des récits tantôt enrichissants, tantôt éprouvants émotionnellement. Mais, Au petit bonheur la chance ! m’a paru globalement trop simple par son style, par ses dialogues, quand moi, j’aime la complexité dans l’écriture. Au-delà de cette simplicité enfantine voulue par l’auteure, j’ai plus d’une fois trouvé la maturité de Jean troublante dans sa manière de s’exprimer, parfois bien loin d’un enfant de son âge. Au-delà du côté stylistique de ce roman, difficile de ne pas s’émouvoir pour cette histoire de famille, entre une mère absente et désenchantée dans le regard de son fils, et ce lien profond entre ce petit garçon et sa grand-mère loin d’être démonstrative.
Alors que Lucette s’éclipse un instant pour se dégourdir les jambes, Jean, de son doigt gauche, écrit « Maman » sur la buée de la vitre, puis, d’un revers de la main, l’efface et trace de son index droit « Ma mère ». C’est à ce moment-là précisément que, pour Jean, Marie, tombée de son piédestal, est devenue sa mère.
Quand Marie laisse Jean à sa grand-mère pour les vacances d’été, le petit garçon espère encore revoir rapidement sa maman. Mais les mois défilent, s’égrènent, et la figure maternelle ne semble pas vouloir réapparaître. Bousculé par ce changement radical de vie, dans l’appartement bien vide de Mémé Lucette, Jean va connaître les joies et les peines de l’enfance entre l’abandon de sa mère, les nouvelles amitiés avec les copains d’école et la petite voisine Anita, et les journées en famille avec ses cousins et sa tante. Curieux de tout et sensible, Jean va pouvoir se développer dans un environnement aimant et dans lequel il apprend qu’il faut s’accrocher et se surpasser pour obtenir ce qu’il veut.
Même si la mère paraît détestable, le lecteur suivant le récit du point de vue de Jean, Aurélie Valognes nous permet tout de même de comprendre les difficultés pour une femme de cette époque de réussir à tenir sa vie entre ses propres mains au sein de cette société patriarcale où elle n’a presque le choix que d’être mère au foyer ou perçue comme une fille facile. L’enfance de Jean est alors loin d’être un parcours de santé. L’amour ne manque pas contrairement à une stabilité primordiale pour son équilibre psychologique. En grandissant, il apprend à s’en sortir par lui-même face à ses multiples désillusions et déceptions.
La dernière partie du roman apporte une toute nouvelle touche d’espoir dans la vie de ce garçon qui va se battre pour son bien et celui de Serge, bien moins armé, n’ayant pas encore vécu la même expérience que Jean. Ça n’a pas forcément été une lecture rapide, mais j’ai apprécié suivre l’évolution dans les rapports entre Jean et Lucette et l’apprentissage de la vie du garçon. J’ai été bien énervée par la mère et ses choix tout en comprenant finalement la difficulté de sa vie. Donc, même si je ne suis pas prête à lire un autre roman de l’auteur, je garderai un souvenir sympathique de celui-ci.
C’est comme ça Jean. Ceux que tu aimes le plus vont et viennent, repartent et reviennent. En prenant un bout de ton cœur à chaque fois. Mais tu ne vas pas te priver d’aimer de peur de devoir souffrir un peu ? Tout ce bonheur ne vaut il pas un petit pincement au cœur ?
Le fond de l’histoire est touchant avec Jean et sa grand-mère Lucette vivant ensemble dans l’attente du retour de sa mère alors que la forme trop accessible pour un large public ne m’a pas convaincu.
Sortie : mars 2019 (1e éd. : 2018)
Édition : Le Livre de Poche
Genre : Contemporain
384 pages
Je suis d’accord avec toi concernant le décalage entre la narration tout public / jeunesse et les propos adultes du jeune héros… J’ai eu un peu de mal aussi avec ça…
Tu ressors plus enchantée que moi par cette lecture.^^
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Pourtant, j’ai mis du temps à rentrer dedans et la mère n’a fait que m’exaspérer tout au long du livre + les défauts dont j’ai parlé. Mais Jean a réussi à vraiment m’attendrir ^^
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C’est vrai que le comportement de la mère n’est pas celui qui nous correspond aujourd’hui… Comme toi, je ne supportais pas ses agissements et n’aurais pas agi ainsi…
Oui, Jean finit par devenir attendrissant, surtout avec sa mamie et son petit frère.
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