En commençant le mastodonte de Steven Erikson, il vaut mieux être bien préparé. Il n’est pas aisé d’appréhender Le Livre des Martyrs mais quand vous êtes lancés, difficile de faire marche arrière, vous voulez savoir le fin mot de l’histoire. Même si sur le moment, vous ne comprenez pas tout ce que vous lisez. Avec cette saga de dix tomes, il vaut mieux être patient pour l’apprécier pleinement et ne pas fulminer à l’idée de ne pas avoir toutes les cartes en mains.
DE LA MÊME SAGA
– Les Portes de la Maison des morts tome 2
– Les Souvenirs de la glace tome 3
– La Maison des Chaînes tome 4
– La Marée de Minuit tome 5
– Les Osseleurs tome 6
– Le Souffle du Moissonneur tome 7
– La Rançon des Molosses tome 8
– La Poussière des Rêves tome 9
– Le Dieu estropié tome 10 ]
Les taches de rouille dessinaient des vagues de sang sur la surface noire et grêlée de la girouette de Moque, à la pointe d’une ancienne pique fixée en haut du mur du fort. Monstrueuse et contrefaite, cette sculpture vieille d’un sièle avait été martelée à froid en forme de démon ailé et ricanant. Chaque rafale lui faisait pousser de grinçantes protestations narquoises.
Il m’a bien fallu trois semaines pour lire ce beau pavé de 630 pages. Il s’est accompagné de nombreux moments d’incompréhension, de maux de tête, d’incertitudes. Et pourtant, dès le début, vous êtes prévenus. C’est Steven Erikson qui le dit lui-même par le biais de la préface : Le Livre des Martyrs est une saga ambitieuse qui ne peut souffrir de facilités qui pourraient s’assimiler à de l’infantilisation de la part de l’auteur. Alors oui, celui-ci ne va nullement nous tenir à la main. C’est tout le contraire ! Steven Erikson prend apparemment plaisir à nous pousser sur la route et à voir comment on va faire pour éviter les obstacles par nos propres moyens et rejoindre l’autre bord sans encombres.
Le Livre des Martyrs peut difficilement être une lecture détente, l’auteur nous mettant toujours à l’épreuve de comprendre les codes de son univers fourmillant et vaste, les enjeux qui s’entremêlent et le but de ces nombreux personnages. Il nous prévient : soit vous lâcherez au 2/3 de ce premier tome, soit vous ne pourrez plus lâcher la saga. Cette dernière demande de la patience, de la concentration et de la persévérance. C’est bon, je vous ai assez fait flipper ? Oui, il faut accepter de ne pas tout comprendre tout de suite en commençant Les Jardins de la Lune. L’auteur ne prend pas la peine d’exposer son univers crée et amélioré depuis plus une décennie avec son compère Ian Cameron Esslemont qui a également écrit des romans dans cet univers.
Dès le premier chapitre, on est lancé dans une histoire aux multiples enjeux. En acceptant le pari de rester un moment dans le flou, vous pourrez alors prendre plaisir à découvrir la multitude de personnages, certains surgissant quand même très tardivement dans ce premier tome. Comment résumer Les Jardins de la Lune ? Commençant par le plus visible : Impératrice de l’Empire Malazéen suite à son coup d’État il y a moins de dix ans, Laseen souhaite étendre son royaume sur le continent de Genabackis. Aidée de ses Grands Mages et surtout des Brûleurs de Ponts, escouade déjà en place à l’époque de l’ancien Empereur, Laseen compte bien assiéger la grande ville de Darujhistan.
Sauf que le désir impérieux de l’Impératrice ne représente finalement que la face cachée de l’iceberg. Effectivement, à partir de cet enjeu majeur pour le continent se confondent les desseins de bon nombre de personnages qui vont se retrouver plus ou moins liés à cette guerre sur le point d’éclater. Mages, militaires, nobles, voleurs, assassins, races anciennes, dieux trouvent leur place dans toute cette intrigue qui compte une multitude d’embranchements. Rien de plus ne sera révélée dans cette chronique de peur de vous gâcher la surprise même si, honnêtement, je ne saurais pas par quoi commencer. Ambitieux, ce premier tome l’est, sans aucun doute. Mais Steven Erikson avait-il besoin de le rendre aussi mystérieux ? Sans doute que non.
Continuez la partie, mortel. C’est sous la main d’un mortel que tombent les dieux. Telle est la seule fin à l’immortalité.
Certains choses semblent inutilement alambiquées et un peu moins de brouillard n’aurait pas forcément rendu moins crédible l’œuvre de cet auteur qui a de l’imagination à revendre. Encore maintenant, je n’ai pas tout compris au sujet des Garennes, sortes de portails dont les mages peuvent exploiter la magie pour se déplacer et se protéger, ou encore des Moranths, des créatures encore discrètes ici et mystérieuses. Je sais que tout n’est pas révélé dans ce premier tome à dessein, la saga renfermant jusqu’au dernier tome beaucoup de mystères, à ce que j’ai pu entendre.
Je ne regrette absolument pas cette lecture et je compte bien continuer la saga. Si j’ai été bien plus intéressée par la population de Darujhistan, je suis curieuse de savoir quels chemins tous les personnages vont prendre dans la suite de la saga. L’intrigue aurait, à mon sens, juste gagné à être moins cryptée . J’ai eu l’impression de devoir mériter cette lecture.
Et si la fin ne m’a pas totalement convaincue, ayant eu l’impression que l’affrontement majeur se concluait trop facilement – en même temps, quand un mage peut raser une colline en un seul mouvement de doigt, vous imaginer les dégâts que peuvent causer des combats dans ce monde qui regorge de magie -, je relève le défi avec, au moins, le deuxième tome, Les Portes de la Maison des morts. Je pense que je vais devoir fournir autant d’investissement, mais c’est loin de me faire peur. En tout cas, bravo aux éditions Leha d’avoir fait le pari de rééditer ce monstre de la fantasy avec, en plus, un beau travail en ce qui concerne les cartes et le glossaire.
Elle se tut alors, laissant les larmes ruisseler sur ses joues, s’insinuer entre ses doigts, rouler sur ses poignets. Qui pleurait par ses yeux ? se demanda-t-elle. Lorn ou Laseen ? Ou bien l’espèce humaine ? Mais quelle importance ? Des larmes identiques avaient déjà coulé et couleraient encore, par d’autres, semblables et pourtant différents. Et le vent les sécherait toutes.
C’est souvent laborieux de tout saisir. Mais j’ai pris plaisir à suivre la plupart des personnages et à découvrir cet univers gigantesque. Je suis particulièrement curieuse de continuer pour retrouver certains protagonistes et pour mieux comprendre la place des dieux/ascendants dans toute cette politique humaine.
Sortie : mai 2018 (1e éd. : 2001)
Édition : Leha
640 pages
Cette saga me fait de l’œil mais j’avoue que je doute me lancer un jour pourtant ton avis reste positif !
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Il faut avoir du temps pour la lire et être bien concentré, l’auteur ne nous aide pas 😅 Il le dit lui-même, il y a des chances pour avoir envie d’arrêter en plein milieu tellement le scénario est crypté mais c’est aussi très intrigant.
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Cette série est géniale je suis fan !
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Je comprends, l’univers est super vaste et les personnages nombreux, j’ai bien envie de continuer, mais pas tout de suite, je reprends des forces avant 😄
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