En voulant rendre hommage à Bernard de Fallois, son ancien éditeur, Joël Dicker part pour le Palace Verbier dans lequel un meurtre a été perpétré des années plus tôt. Non élucidée, cette affaire pourrait bien être le centre du nouveau roman de l’auteur suisse.
DU MÊME AUTEUR
– Le Tigre
Saga Marcus Goldman
– La Vérité sur l’affaire Harry Québert
– Le Livre des Baltimore
– L’Affaire Alaska Sanders
« Au début de l’été 2018, lorsque je me rendis au Palace de Verbier, un hôtel prestigieux des Alpes suisses, j’étais loin d’imaginer que j’allais consacrer mes vacances à élucider un crime commis dans l’établissement bien des années auparavant. »
Depuis La Vérité sur l’affaire Harry Québert qui a mis un gros coup de projecteur sur lui, Joël Dicker est devenu l’un des auteurs francophones les plus populaires à chacune de ses sorties littéraires. Étant restée il y a quelques années sur Le Livre des Baltimore, il était temps que je retourne vers cet auteur, non pas avec son tout dernier roman, L’Affaire Alaska Sanders, mais avec l’avant-dernier sorti en poche : L’Énigme de la chambre 622. Malheureusement, ce livre s’est révélé être une grosse déception.
Pourtant, on retrouve le style fluide, descriptif et facile à lire de l’auteur. On tourne les pages rapidement grâce à des chapitres courts et à un auteur qui ne veut pas nous perdre, malgré l’alternance de temporalités, quitte parfois à nous tenir trop la main. L’histoire s’enchaîne logiquement au milieu de mille et unes péripéties. Néanmoins, le premier problème du roman est qu’il se divise en trois sujets, plus ou moins bien exploités. L’histoire commence sur le vœu de Joël Dicker de rendre hommage à son éditeur, Bernard de Fallois, décédé il y a peu. L’éditeur appréciant séjourner au Palace Verbier, c’est l’auteur qui va cette fois-ci s’y rendre pour se ressourcer. C’est là qu’il rencontrera Scarlett, une cliente anglaise du Palace, à qui il pourra confier ses moments les plus précieux avec Bernard de Fallois et donner des conseils d’écriture, mais pas que. Ensemble, Joël et Scarlet vont s’intéresser au mystère autour d’une des chambres du Palace. La chambre 622, renommée depuis des années 621bis, est un fabuleux point de départ pour un thriller comme aime les écrire Joël Dicker, surtout lorsque les deux nouveaux amis apprennent l’événement tragique autour de cette chambre : un meurtre non élucidé.
Scarlet est gonflée à bloc pour enquêter sur cette affaire et Joël, lui, y voit une bonne idée de roman. L’intrigue se concentre donc sur les circonstances de ce meurtre et sur la vie de tous les protagonistes en lien avec cet événement. En jonglant entre passé où l’on suit Macaire Ebezner, vice-président de la banque suisse familiale, et ses proches, et présent où Joël et Scarlet tentent de faire mieux que la police de l’époque, difficile de trouver réellement du temps pour explorer la relation éditeur/auteur entre Bernard de Fallois et Joël Dicker. Cela aurait mérité un livre à part, les anecdotes semblant ici souvent de trop. Le deuxième gros problème est que L’Énigme de la chambre 622 ressemble beaucoup trop à La Vérité sur l’affaire Harry Québert dans la construction de son intrigue. Une affaire de meurtre vieille de plusieurs années qui n’a pas été résolue, un écrivain qui prend la plume et la casquette de détective et un amour secret, impossible (à première vue) et très fleur bleue (voire naïf). Cela fait beaucoup surtout qu’ici, il est vraiment difficile de croire en cette histoire.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais dès le début, c’est poussif. Le quotidien de banquier de Macaire n’est pas des plus passionnant surtout que son personnage devient de plus en plus ridicule et insupportable. Il se fait prendre pour un abruti par tout le monde, en commençant par sa femme Anastasia, mais il pense toujours s’en sortir en feintant et en arnaquant. On en est à espérer que les personnages autour de lui jouent double-jeu tellement tout devient trop gros, tiré par les cheveux et prévisible. De plus, les dialogues sonnent faux, artificiels, on a l’impression d’être face à une mauvaise pièce de théâtre tellement tout est mal ficelé et grotesque.
Restent Lev Levovitch, potentiel candidat à la présidence de la banque Ebezner, et Anastasia, épouse de Macaire, qui sont les personnages les plus intéressants. Il est difficile de cerner vraiment Lev et son passé est intéressant à découvrir pour voir la manière avec laquelle il s’est élevé et comment ses valeurs se sont affirmées. Pareil pour Anastasia avec, de son côté, une sphère familiale toxique qui explique certaines choses. Mais, le manque extrême de communication devient de plus en plus lourd, surtout que l’on voit qu’il sert à raccrocher les wagons entre eux, ce qui montre, ajouté aux autres défauts soulignés plus haut, un mauvais travail d’écriture.
« Le plus important n’est donc pas comment notre histoire s’achève, mais comment nous en remplissons les pages. Car la vie, comme un roman, doit être une aventure. »
L’auteur a voulu faire trop de choses en même temps, notamment rendre hommage à son éditeur maintenant décédé, ce qui ne fonctionne pas. Le roman se lit bien et rapidement mais les situations invraisemblables se multiplient, ça devient de plus en plus alambiqué et ridicule en plus d’être trop bavard.
Sortie : mars 2022 (1e éd. : 2020)
Édition : Rosie & Wolfe
759 pages
Ce livre est génial, j’ai adoré le lire. Il m’a vraiment transporté.
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Tant mieux, il en faut pour tout le monde. Perso, je n’ai pas du tout accroché…
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Personnellement j’ai beaucoup aimé ce roman, mais après avoir lu ton avis, je comprends que tu n’aies pas accroché. Avec du recul, beaucoup de moment de l’intrigue « ne collent pas »… Et on sent aussi l’ambiance d’hommage à son éditeur qui pèse sur la lecture, notamment dans les dernières pages (surtout le dernier paragraphe). Mais le personnage de Lev reste quand même une bonne raison de lire le livre haha !
En tout cas, merci pour cet article, ça m’a permis de me replonger un peu dans ma lecture qui date un peu maintenant…
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Je garderai un bon souvenir de Lev et d’Anastasia , c’est déjà ça 😄
Trop de ficelles invraisemblables pour moi mais ça se lit bien.
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Je n’ai pas encore lu cet auteur mais j’ai dans ma pile à lire « La Vérité sur l’affaire Harry Québert ».
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Je l’ai beaucoup aimé celui-ci mais il faut accrocher à ce style assez simple, en espérant que tu apprécieras.
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