Blackwater – Pluie tome 6, Michael McDowell

Les Caskey ont prospéré de décennie en décennie, asseyant de plus en plus leur ascendance sur la petite ville de Perdido. Mais, la pluie se fait entendre au loin, laissant tout de même le temps à Elinor et aux siens de faire leurs adieux à la saga familiale de Blackwater.

DE LA MÊME SAGA
– La Crue tome 1
– La Digue tome 2
– La Maison tome 3
– La Guerre tome 4
– La Fortune tome 5

« Elinor avait ses raisons, il était sans doute avisé de ne pas y regarder de trop près. »

Ça y est, les Caskey tirent leur révérence avec Pluie, le sixième tome de la saga-feuilleton de Michael McDowell. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la famille Caskey connaît une réussite financière extraordinaire. Les scieries tournent continuellement pour alimenter le pays en bois, ce qui ravit Miriam, la nouvelle vraie patronne de l’affaire familiale. Vieillissant, Oscar laisse à sa fille de plus en plus de responsabilités, ce qui réussit particulièrement aux scieries, surtout qu’elle est bien aidée par Billy, le mari de la défunte Frances. Le clan Caskey n’a alors jamais été aussi riche et soudé. Mais malgré les beaux jours, la pluie est sur le point de tomber, risquant de balayer tout ce que la ville de Perdido a réussi à bâtir.

Cet ultime tome est, comme on pouvait s’en douter, un parfait adieu aux Caskey avec son lot de bonheurs et de deuils. Les aurevoirs sont difficiles tant on s’est attaché à cette famille singulière dirigée d’une main de fer par les femmes du clan. Miriam est particulièrement intéressante et épatante au vu de son éducation reçue par sa grand-mère Mary-Love et de son évolution à l’âge adulte, se rapprochant davantage de ses parents même si elle ne souhaite pas forcément rattraper le temps perdu. Les autres membres Caskey poursuivent leur vie entre travail et réunions familiales. Et si les années passent, Elinor reste au centre de la famille, rien ne se fait sans son accord.

Double, cette femme-créature se sera déjà bien dévoilée dans le tome précédent au côté de sa deuxième fille Francès. Ici, elle tire sa révérence en nous donnant que peu de nouvelles informations. Finalement, qui sait la raison pour laquelle cette inconnue aura choisie Perdido et les Caskey ? Y a-t-il vraiment une explication ? L’atmosphère inquiétante se désépaissit peu à peu tout en gardant son aura d’étrangeté qui se mariet parfaitement avec les eaux troubles de la Perdido et de la Blackwater.

Finalement, comme le reste de la saga, ce dernier tome met l’accent sur l’ascension d’une famille américaine du XXème siècle, cette dernière réagissant au mieux face aux bouleversements politiques et sociaux de son époque. Les éléments fantastiques et horrifiques restent mineurs afin d’apporter à cette saga familiale un petit plus. Avec Pluie, on prend plaisir à suivre pour une dernière fois Miriam, Elinor, Oscar, Lucy, Billie et tous les autres membres du clan. Pour ce qui est de la conclusion, Michael McDowell n’aurait pas pu trouver une meilleure fin que celle-ci. Car, si elle est assez prévisible, elle est tellement cohérente et poétique. Merci à Monsieur Toussaint Louverture d’avoir traduit cette saga des années 80 qui était jusqu’à l’année dernière inconnue en France. Le travail éditorial est magnifique et aura payé, Blackwater étant l’un des plus gros événements littéraires de 2022.

« Peu importe les épreuves endurées, peu importe la souffrance et les erreurs, peu importe ce à quoi on a renoncé et à quoi on aurait dû s’accrocher, peu importe à quoi on s’est accroché et à quoi on aurait dû renoncer, peu importe ce qui nous a rendu malheureux, il ne faut pas souhaiter qu’il en ait été autrement. »

C’est un adieu aussi plaisant que déchirant que l’on fait à cette famille si singulière. Cette saga familiale aura fait du chemin depuis les années 20 et se conclue ici sur une touche de poésie formidable. L’aspect fantastique sera resté mineur mais l’atmosphère qu’il apporte est bien maîtrisée.

Titre original : Blackwater : Rain
Sortie : juin 2022
Édition : Monsieur Toussaint Louverture
Genre : Fantastique, Horreur
253 pages