Le Mal de mère, Rawia Arroum

Elle qui fait tout pour obtenir son bac et un travail, Perl est constamment rattrapée par la surprotection de sa mère et par sa maladie imaginaire qui lui gâchent la vie.

« Ma relation de « je t’aime moi non plus » avec la vie commence à me peser. J’ai beau faire ce qu’elle me demande, elle finit toujours par me donner des coups. Mais je dois sûrement aimer ça puisque je m’accroche à elle corps et âme. »

Perl est une adolescente qui va à cent à l’heure mais qui s’écroule à chaque excès qu’elle fait endurer à son corps. Pourtant, elle n’est pas plus casse-cou ou intrépide qu’une autre lycéenne de son âge, elle est même bien plus sage que la moyenne, focalisée sur sa réussite scolaire. Le problème, c’est que le corps de Perl n’arrive pas à suivre ses ambitions. Vertiges, évanouissements, tremblements, périodes de dépression ou de colère, il est difficile pour elle d’être une adolescente comme les autres. Mais, ne serait-ce justement pas tous les médicaments que sa mère l’oblige à prendre qui fragilisent sa santé ? Quel mal touche réellement Perl ? Pourquoi cette mère, remariée depuis la mort brutale de son premier mari, est autant inquiète pour la santé de sa fille ?

Ses peurs pourraient sembler justifiées. Pourtant, on sent dès le début que, même si Perl ne veut pas décrire le problème, il se passe quelque chose dans cette famille. Obsédée à l’idée d’obtenir son bac et de trouver un boulot pour prendre son envol, elle ne résiste néanmoins pas aux assauts de sa mère qui l’abreuve de médicaments, et dont le mélange n’est souvent pas recommandé. Par chance, Perl va pouvoir goûter à de courts moments de répit à l’extérieur de chez elle. En étant acceptée dans une bande d’amis de son lycée, elle va enfin apprendre ce qu’est réellement la vie d’une adolescente. Au côté de ses nouveaux amis qui sont loin d’avoir les mêmes préoccupations qu’elle, Perl va comprendre qu’il y a autre chose que ce foyer dysfonctionnel qui lui empoisonne la vie.

En entrant dans sa tête grâce à une narration à la première personne excellemment écrite, on plonge dans l’intimité de cette fille qui n’a pas la vie facile et qui reste dans le déni tout en voulant s’en sortir. Le syndrome de Münchhausen est encore assez méconnu et il est intéressant, voire important, que ce genre de sujets soient explorés, notamment en littérature adolescente. Ce syndrome est défini comme un trouble factice, le plus souvent induit par un parent. L’enfant est surprotégé à l’extrême et passe par de multiples examens médicaux, voire par de nombreuses interventions chirurgicales. On peut s’interroger alors sur la responsabilité des médecins qui prescrivent des traitements et des opérations inutiles ou de la facilité des parents à faire croire leur délire. Rawia Arroum explore merveilleusement les peurs, les incertitudes et le besoin de fuite et de liberté de son personnage.

En s’intéressant à l’un de ses camarades qui, lui aussi, ne semble pas avoir la vie facile, Perl pourra peut-être comprendre que s’en sortir est possible. Le Mal de mère est une lecture poignante dans laquelle on s’attache à une jeune fille que l’on plaint et que l’on applaudit pour sa détermination. J’ai eu envie tantôt de la prendre dans mes bras, tantôt de la secouer pour enfin s’opposer à sa mère malade. C’est une lecture que je n’oublierai pas de sitôt et que je conseille aux adolescents et même aux adultes pour son sujet et par les émotions et la pédagogie qu’on en retire. Merci à NetGalley et à Scrineo pour cette lecture. 

« Quelle est ma passion ? La survie à l’envers : une vie sûre. »

Un roman contemporain adolescent très bien écrit et qui nous fait passer par de multiples émotions.L’héroïne, tantôt dépressive, tantôt déterminée, est très attachante dans son combat pour sa santé et sa liberté.

Sortie : 16 mars 2023
Édition : Scrineo
Genre : Drame, Jeunesse
384 pages