Il était une fois une famille heureuse et unie. Des jumelles de six ans qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Des enfants fusionnelles qui grandissaient ensemble et s’adoraient. Avant de se jalouser et s’empoisonner.
Il était une fois deux fillettes inséparables. Pour le meilleur, ou pour le pire ? Il était une fois une histoire qui n’a rien d’un conte de fées.
DE LA MÊME AUTRICE
– Un sac
Elle est étendue, un bras sur le ventre, ses yeux azur écarquillés, encore étonnés. La couronne de ses cheveux couleur de blé encadre son visage d’ange paisible. Une mèche s’égare sur ses lèvres entrouvertes. Des milliers de diamants scintillent autour d’elle, ce pourrait être joli. Sa peau diaphane resplendit dans la lumière. Elle est si belle.
Cette fois-ci, contrairement à Sans elle, cette nuit du 14 Juillet ne s’est pas révélée être un aussi gros drame, en apparence. Jessica a encore fait des pieds et des mains pour aller chercher deux bracelets lumineux et Patricia a une nouvelle fois encore accepté. Mais, cette fois-ci, elle n’a pas pensé à relasser les chaussures de sa fille. Et Patricia ne saura jamais que ce détail insignifiant aura eu un impact complètement différent sur sa vie et sur celle des différents membres de son foyer.
Car dans Avec elle, Jessica ne disparaît pas. Après le feu d’artifice, elle rentre avec sa mère à la maison aux côtés de son père et de sa soeur jumelle Coline qui lui en veut toujours de l’avoir dénoncé pour la bouteille de parfum. On se dit que cette histoire alternative ne peut qu’être plus joyeuse que Sans elle, où personne ne disparaît pour toujours. Des deux livres, c’est bien celui-ci qui m’intéressait le plus car il promettait davantage de surprises. Il est facile de concevoir toute la peine et la détresse que vont ressentir Coline, Patricia et Thierry face à la disparition de Jessica dans Sans elle. Mais ici, qu’est-ce que la présence de la petite fille va changer dans le foyer ? Tout.
Après ce soir-là, tout va être différent. Après le refus de Jessica d’admettre sa faute face à sa sœur, après cette rencontre surprenante et dangereuse pour la famille entre Patricia et un inconnu au feu d’artifice, tout va irrémédiablement changé. Surtout après les vacances de Jessica et Coline chez leurs grands-parents. Avec ses vacances, la relation entre les deux jumelles va profondément être bouleversée. Coline va peu à peu se sentir étouffée et accablée face aux incessantes manipulations de sa sœur, Jessica ne va cesser de vouloir encore briller davantage aux yeux de tout le monde avec toujours cette peur au ventre de perdre sa mère qui ne semble pas assez les regarder, les comprendre. Alors que cette histoire aurait pu briller par son optimisme, Solène Bakowski nous propose à la place une version beaucoup plus noire et beaucoup intrigante que prévue.
Pourquoi le malheur s’imprime-t-il davantage que les instants de félicité ? Pourquoi ne garde-t-on que ce qui fait mal ?
Là encore, l’écriture réussit à nous embarquer très facilement malgré la différence entre les deux plumes. Plus piquante peut-être dans son récit, l’auteure fait le tableau d’une famille qui ne va cesser de s’éloigner. On commencerait à croire que ces quatre personnages sont maudits, qu’ils ne sont pas capables d’évoluer en toute plénitude et confiance. Là encore, l’envie de secouer tout à tour ces personnages est très forte, l’écrivaine les rendant tellement vivants, tellement humains avec leurs qualités et leurs défauts.
L’aspect psychologique est très bien traité, le lecteur naviguant entre les différents drames de cette famille et découvrant la manière avec laquelle les personnages les appréhendent, les acceptent ou les passent sous silence. Très contente de cette aventure, j’ai adoré découvrir ces deux livres apportant tous les deux des thèmes intéressants et distincts sur une même famille. Je remercie cette fois-ci Solène Bakowski et NetGalley pour m’avoir permis de découvrir ce roman.
Et l’histoire des jumelles oscille, des hauts, des bas, encéphalogramme compliqué d’un rapport passionnel dans lequel l’araignée, lentement, tisse sa toile…
Encore plus intrigant que Sans elle, Avec elle arrive à grandement surprendre par le chemin que le roman choisit de prendre. La relation complexe entre les deux sœurs ne va cesser de montrer ses failles alors que les parents naviguent également en eux troubles de leur côté.
Sortie : novembre 2017
Édition : Autoédition
374 pages