« Je sentis avant de penser », avoue Rousseau dès le premier Livre. Morte en le mettant au monde, sa mère avait laissé des romans que le père et le fils liront après le dîner. « En peu de temps, j’acquis, par cette dangereuse méthode, non seulement une extrême facilité à lire et à m’entendre, mais une intelligence unique à mon âge sur les passions. Je n’avais aucune idée des choses, que tous les sentiments m’étaient déjà connus. Je n’avais rien conçu, j’avais tout senti. » Cette sensibilité exacerbée fera le malheur du « pauvre Jean-Jacques ». Il se croira aimé, détesté, méprisé, attaqué et voudra se justifier en révélant les détails les plus intimes de sa vie familiale, amoureuse et sociale. Cette sensibilité fera aussi sa force. Par elle, il atteint la vérité de l’homme, l’homme naturel, sans masque, tel qu’il serait si la société ne le pervertissait pas. Stendhal et Chateaubriand s’inspirèrent de cette démarche étonnante : tout dire de soi-même, ses chutes comme ses espérances.
Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateurs. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.
Le siècle des Lumières regorge d’illustres auteurs et philosophes mais je ne peux pas dire que Jean-Jacques Rousseau était de ceux qu’il me tardait de découvrir. Ayant déjà entendu parler de son égocentrisme sans mesure au sein de ses écrits, j’avais toujours préféré me tourner vers Voltaire ou Diderot. Au moins, un cours universitaire à propos des Confessions m’aura fait découvrir une de ses œuvres et même si je ne peux contester la qualité linguistique, philosophique voire poétique de ce texte autobiographique, il faudra un bon moment pour que j’aie l’envie de me plonger à nouveau dans sa bibliographie.
C’est d’un pompeux ! Je ne m’ennuie pas facilement et ma première réponse face aux lignes du premier des livres de ces Confessions a été le rire. Je ne pense pas que Rousseau ait voulu être drôle mais son melon gros comme une pastèque m’aura bien fait rigoler. Oui, il admet avoir des défauts mais ils sont bien maigres face à sa candeur, son intelligence pour les lettres et la philosophie et son désintéressement face aux biens matériels et à la richesse. Jean-Jacques Rousseau demeurera un incompris avec son physique de gringalet qui n’était pas à la hauteur de son intelligence et de son savoir.
Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vu ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins suis-je autre…
Malheureusement, après le rire est rapidement venue la lassitude face à autant d’égocentrisme et à l’importance donnée à des faits ou événements peu intéressants voire insignifiants. Jean-Jacques Rousseau reste un auteur important de son siècle avec des réflexions et des idées enrichissantes et doté d’une plume séduisante mais son introspection sans réelle objectivité le desserre grandement selon moi. Impossible pour moi de passer outre ses théories sur l’image faussée qu’avaient les autres sur sa personne jusqu’à parfois se poser en victime.
Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l’obscurité, la lumière, les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme.
Une très belle plume mais Rousseau se complait et s’autocongratule trop pour ne pas être épuisée et lassée par aussi de narcissisme. Si cette autobiographie pouvait être drôle malgré elle au départ, elle en devient rapidement risible.
Sortie : 2006 (1e éd. : 1782)
Édition : Folio (Classique)
264 pages
Un nombriliste pur jus ! 😁
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Oui, on me l’avais déjà dit, mais à ce point ! Je n’aurais pas forcément aimé le côtoyer à son époque ^^
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😂
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