À la suite d’un terrible accident de la route qui met en cause des adolescents, le commandant Pirie est chargée d’enquêter sur une affaire vieille de vingt ans. Des tests réalisés sur l’une des victimes révèlent en effet que ce simple fait divers pourrait bien être lié à une enquête pour homicide non résolue : u homicide commis avant la naissance du jeune homme dont l’ADN semble pourtant correspondre.
Passée maître dans l’art de résoudre les dossiers les plus épineux, Karen Pirie les pièces du puzzle s’emboîter peu à peu et mettre au jour des secrets extrêmement dangereux. Des secrets que certaines personnes seraient prêtes à protéger à n’importe quel prix.
– Trop d’la balle cette soirée, hein, les gars ?
Ross Garvie passa un bras en sueur autour du cou de Wee Grantie, son meilleur pote au monde.
– Ouais, trop bien, bredouilla ce dernier.
Les deux jeunes se déhanchèrent à l’unisson sur les notes graves et profondes des basses qui se répercutaient à l’intérieur de la boîtes de nuit.
Vous aimez Cold case ou les documentaires criminels au sujet de crimes non élucidés depuis des années ? Alors vous plongerez avec intérêt au sein de l’unité des affaires historiques en compagnie de Karen Pirie, le commandant de cette cellule à Edimbourg. Autant dire que dans une affaire vieille de vingt-deux ans, il est difficile de regrouper de nouveaux témoignages et de trouver de nouveaux indices ou preuves.
Et c’est bien grâce à la technologie que l’enquête sur le viol et le meurtre d’une jeune femme va pouvoir être réouverte. Suite à un accident de voiture qui a causé la mort de ses camarades, un adolescent est entre la vie et la mort. Seulement, son ADN trouve une correspondance avec celle du coupable jamais retrouvé sur les lieux du crime perpétrée sur Tina McDonald.
Karen est prête à en découdre en duo avec l’inspecteur Jason Murray qui a encore du boulot avant de lui arriver à la cheville. Mais une seule affaire ne suffit pas au commandant Pirie, elle s’engage également officieusement dans une autre affaire double. Un homme est retrouvé mort sur un banc d’une balle dans la tête. Suicide ou meurtre ? Le capitaine en charge de l’affaire penche pour la première hypothèse mais Karen, elle, ne croit pas aux coïncidences ; l’assassinat de la mère de la victime, avec trois autres de ses amis, des décennies plus tôt, éveille ses soupçons. Contrairement à ce que l’on voit à la télé, le meurtre touche rarement deux fois au sein d’une même famille sans que les deux ne soient reliés.
N’ayant pas sa langue dans sa poche et n’ayant pas peur d’assumer certains actes qui frôlent l’insubordination, le commandant Pirie sait comment tirer les vers du nez de ses témoins et suspects et déterrer de nouveaux indices passés inaperçus jusque-là. Avec un réseau important de contacts, elle sait à qui faire appel afin de recevoir les meilleurs conseils et informations alors qu’elle garde profondément en elle la perte de son mari et coéquipier de choc.
On voit alors tout ce petit monde travailler de son côté pour ensuite mettre leur travail en commun avec Karen qui fait le lien. Il est intéressant de constater que tout ce travail ne se fait pas en un jour et qu’il faut souvent passer par des étapes administratives freinant parfois la dynamique de l’enquête. Le cadre est très bien travaillé en étant le plus réaliste et le plus compréhensible possible.
– Vous n’êtes pas autorisés à travailler, c’est ça ?
Il secoue à la tête.
– Pas tant qu’on ne sera pas autorisés à rester. C’est difficile parce que nous sommes des travailleurs. On n’est pas des mendiants.
Il se frappe à la poitrine d’une main.
– Je suis comptable.
Il désigna ensuite l’homme qui se trouvait le plus près de lui.
– Lui, il est cuisinier. Et lui, dit-il en montrant le troisième, il est dentiste. Mais ici, on n’est rien.
On peut par contre se perdre au départ avec le nombre d’intrigues autour du personnage principal. Entre son enquête officielle, l’enquête secondaire actuelle reliée à une autre de plus de vingt ans, et ses rencontres nocturnes avec des réfugiés syriens ne réussissant pas à se faire une place dans ce nouveau pays, Karen a de quoi faire et il est parfois difficile de s’y retrouver au milieu de tous ces personnages. J’ai découvert après ma lecture que Hors limites est loin d’être le premier livre mettant en scène cette brigade écossaise mais plutôt le quatrième, ce qui a pu au début ne pas me faciliter ma lecture. Mais dès que toutes les intrigues se mettent en place et s’alternent bien les unes après les autres, on ne demande qu’à continuer à lire ce récit qui compte plus d’un mystère.
La manière de travailler de Karen et de Jason est très intéressante avec un duo qui semble mal assorti mais qui étonnamment marche bien grâce à leurs qualités respectives qu’ils mettent en avant dans leur travail d’enquêteurs. La conclusion ne se veut pas réellement surprenante, les révélations étant faites quelques chapitres avant la fin pour ensuite s’intéresser essentiellement aux preuves fournies, aux aveux et à la possible sentence pour ces meurtres.
Non à la grandiloquence et au sensationnalisme, oui à davantage de réalisme et de sobriété ce qui fait vraiment du bien quelques fois. La seule chose qui m’a fait un peu fait tiquer est l’aura de Karen au milieu de tous ses collègues masculins qui sont tous aussi incompétents les uns que les autres. Ici, les femmes sont fortes, indépendantes, qu’elles soient célibataires ou non, et investies pleinement dans leurs travail alors que les hommes, précisément ceux de la police en lien avec Karen, sont plus sujets à faire des erreurs, à ne pas savoir se faire respecter dû à leur manque de sang-froid tout en possédant un trop plein d’orgueil. Seul Jason fait ses preuves de ce côté-là, puisant dans ce qu’est Karen et ce qu’était Phil, leur ancien coéquipier.
Karen, cette forte tête qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds et qui sait comment garder la main dans les rapports de force, m’a donné envie de la retrouver au sein de ses enquêtes précédentes, surtout qu’il est toujours intéressant de remarquer les différences entre les techniques d’investigation actuelles et celles produites lors ces affaires qui n’ont pu être élucidées à leur époque. Je remercie BePolar et J’ai Lu pour cette lecture.
Les médias sont au courant des affaires sur lesquels nous travaillons un peu trop à mon goût. Parfois ça marche en notre faveur, et des témoins qui s’étaient tus dans un premier temps se présentent d’eux-mêmes à la police. Mais je m’inquiète surtout pour les criminels qui se la coulaient douce comme si on les avait oubliés. S’ils apprennent que nous avons de nouveaux éléments contre eux, ils ne tarderont pas à prendre la poudre d’escampette. Franchement, si j’étais à leur place, j’aurais déjà une fausse pièce d’identité dans la poche et ma valise prête, au cas où. Mais fort heureusement, la plupart des criminels ne sont pas aussi avisés.
Val McDermid présente un personnage féminin fort et mémorable au sein de plusieurs enquêtes anciennes reliées au présent. D’abord assez classique, l’intrigue se complexifie et crée l’envie de connaître le fin mot de l’histoire qui ne se fait pas, par choix, spectaculaire mais tout de même intéressant par le goût de faire transparaitre le réalisme de ces enquêtes.
Sortie : 2020 (1e éd. : 2019)
Édition : J’ai lu (Thriller)
540 pages