Une vieille Tsigane en communication avec des esprits, condamnée à une fin tragique pour avoir découvert la vérité au sujet de sa fille. Une enfant retrouvée dans les bois, devenue plus tard une séductrice avide de vengeance. Un groupe d’hommes aux mœurs vicieuses, semant l’horreur sur leur passage. Un sergent de police acharné, tentant d’endiguer une série de meurtres barbares à caractère sexuel. Un loup rôdant dans la nuit, à la recherche d’une proie délectable.
De la même saga : Blanche Neige . Hansel et Gretel . Peter Pan . Les 3 p’tits cochons . Le Joueur de flûte de Hamelin . Pinocchio . Le Vilain Petit Canard . La Petite Sirène . Raiponce . La Reine des neiges . Boucle d’or . La Belle au bois dormant . Peau d’âne . Cendrillon . Rumpelstiltskin . La Belle et la Bête . Le Livre de la jungle . Scrooge . La Chasse-galerie . Barbe Bleue . Jack et le haricot magique . Le Petit Poucet . Aladin . Casse-Noisette . Le Magicien d’Oz . Ali Babab et les 40 voleurs . Baba Yaga . La Princesse au petit pois .
Une autre adaptation : Le Petit Chaperon rouge de Joël Pommerat
Malicia alluma les quatre cierges déposés sur la table. Un pour chacun des membres de sa famille décédés, afin d’apaiser leur esprit. Comme la majorité des Tsiganes, elle croyait au surnaturel, son univers occulté par les superstitions, les maléfices et la bonne fortune.

La semaine dernière, une thématique bien particulière s’est imposée d’elle-même au niveau de mes lectures. Entre L’Affaire Rose Keller écrit par Ludovic Miserole avec pour sujet le Marquis de Sade et un tome des Contes interdits, je ne cherchais vraiment pas quelque chose de joyeux. Prenant comme matériau d’origine des contes que l’on connait tous, différents auteurs québécois adaptent ces histoires à notre époque contemporaine avec toujours cette ambiance sombre, malsaine qui exploite la violence extrême, le meurtre, les sévices sexuels, etc… Ce ne sont donc pas des livres à mettre dans tous les mains, il vaut mieux être bien accroché avant de les commencer. J’avais déjà tentée l’expérience avec deux de ces contes, Pinnochio qui ne m’a finalement pas convaincu et Peter Pan qui m’a paru bien meilleur.
Cette fois-ci, c’était au tour d’une femme, le petit Chaperon rouge. Avec des avis souvent très mitigés, j’ai eu quelques appréhensions avant même le début de ma lecture. Et pourtant, Le Petit Chaperon rouge est pour le moment le conte interdit que j’ai préféré. On rentre facilement dans le récit avec ici une touche de magie par le biais de la grand-mère tzigane. Divination et talents pour ressentir les morts ne vont malheureusement pas l’aider face à ces hommes déterminés venus dans sa cabane dans la forêt pour lui ôter la vie. Angelika, sa petite-fille, a du s’enfuir pour ne pas connaître le même sort et se retrouve alors perdue dans les bois avant de retrouver la civilisation et de se faire engloutir par le système. Orpheline, elle passe de familles d’accueil aux établissements de redressement avec qu’une idée en-tête : se venger des monstres qui lui ont pris tout ce qu’elle avait.
Les loups existaient bel et bien dans le cœur des hommes, certains plus voraces que d’autres, et c’est sans pitié que ceux-ci avait fait de sa famille un plat de résistance.
Avec quelques ellipses de plusieurs années, nous la retrouvons sans entraves et bien prête à entrer dans la gueule du loup au sein de l’organisation criminelle d’Arnaud St-Cyr. Seulement, Angelika est loin d’être la brebis éloignée de son troupeau. Elle est venue pour se battre et elle est prête à commettre quelques atrocités. Parallèlement, Olivier, policier, s’infiltre dans le même réseau afin de concer le grand patron St-Cyr et ses sbires dans leur traffic et devient parfois le premier témoin des actes commis par celle que l’on surnomme la Louve. Les deux points de vue s’alternent et offrent une dimension double bienvenue, les deux personnages découvrant à leurs rythmes de nouveaux éléments et se demandant s’ils peuvent se faire confiance l’un l’autre.
Au milieu de la quête vengeresse d’Angelika qui fait beaucoup de dégâts, Sonia Alain a eu la bonne idée de contrebalancer le ton de son histoire avec une partie moins sanglante et perverse auprès d’Olivier. Car du côté de la Louve, on a le droit à des scènes très violentes et à des pratiques et tortures sexuelles particulièrement poussées qui installent le malaise, le malsain et parfois même le dégoût au sein de cette atmosphère déjà bien viciée.
L’auteure s’en sort très bien avec les différents éléments qu’elle avait mis en place dès le début et ce mélange de réel et de surnaturel est bien dosé, nous mettant face à la part animale du personnage principal. On dévie beaucoup du conte d’origine et justement, Sonia Alain a réussit à le réinventer à sa sauce avec tout de même les caractéristiques de base. Seulement, la ballade du chaperon rouge est beaucoup moins tranquille que dans l’originale et le but n’est pas de rendre visite à sa vieille grand-mère mais d’exterminer le mal qui a entaché sa vie, par n’importe quel moyen et sans aucune limite.
Elle utiliserait toutes les ruses imaginables pour les prendre dans ses filets. Elle élaborerait des pièges dont ils ne pourraient s’extraire. Tel un loup affamé, elle les traquerait sans merci.
Le conte est très différent de l’original mais l’auteure a réussit se l’approprier créant une ambiance très malsaine avec des déviances sexuelles préoccupantes que le Chaperon rouge compte bien réprimer avec autant de violence que ses adversaires. Avec une pointe de surnaturel, l’intrigue est d’autant plus intéressante et mystique.

Sortie : mars 2018
Édition : AdA
204 pages
L’idée reste pour le moins originale !
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Ça, c’est sûr, on ne peut pas lui enlever ça, comme pour les autres auteurs de cette saga 😄
Après, il faut vouloir découvrir la face profondément cachée et sombre des personnages de contes que l’on connait sous un jour plus naïf et enjoué. Personnellement, ça me plaît bien.
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