Elle cherche une deuxième mère mais dès leur rencontre, c’est la douche froide. La Belle-mère, nouveau thriller de Sally Hepworth publié aujourd’hui, nous emmène en Australie au sein d’une famille dans laquelle les non-dits et le manque d’attention pourraient bien détruire son équilibre.
Je suis occupée à plier du linge sur la table de la salle à manger quand la voiture de police se gare devant la maison. Elle arrive sans fanfare, ni gyrophare ni sirène hurlante, mais je ressens malgré tout un subtil pincement au ventre, cette alarme naturelle signalant que quelque chose ne va pas.
Lucy a toujours rêvé d’avoir sa famille à elle : un mari, des enfants mais aussi une belle-mère. Une nouvelle mère avec laquelle elle serait fusionnelle, complice. Malheureusement, elle va aller de déception en déception en compagnie de la mère d’Ollie, Diana Goodwin. Difficile de faire plus différentes que les deux femmes. L’une est décalée par son look singulier et en demande constante d’affection, l’autre est guindée, sobre malgré ses richesses matérielles et loin d’être très affectueuse.
Avec les années, Lucy s’est faite à l’idée qu’elle ne se rapprocherait jamais de sa belle-mère même si l’espoir a toujours été présent au plus profond d’elle-même. Mais à l’arrivée de deux policiers au pas de sa porte, Lucy comprend immédiatement qu’il est arrivé quelque chose à Diana. Celle-ci est morte dans sa demeure. Et si cela ressemble à un suicide malgré quelques détails troublants, la police va tout de même interroger toute la famille : Lucy, son mari Ollie, Netty, la soeur d’Ollie et Patrick son mari, etc… Pourquoi Diana se serait-elle suicidée ? Dès le début de l’enquête, d’autres questions se font jour. Pourquoi Diana aurait-elle menti sur son cancer ? Pourquoi avoir laissé sa lettre d’adieu dans le tiroir de son bureau ?
Lucy s’interroge alors que la vie continue son cours entre les funérailles, le rendez-vous avec le notaire – Diana laissant derrière un héritage colossal – et l’enquête policière. Que cache cette mort ? Pour le découvrir, Sally Hepworth nous propose une double narration avec le point de vue de Lucy et de Diana, entre passé et présent. Cette alternance chronologique va nous permettre de découvrir la rencontre entre la belle-mère et la belle-fille, l’évolution de leur relation assez tumultueuse faite d’amertume et d’incompréhension pour l’une comme pour l’autre jusqu’à la mort de Diana. Mais, si Lucy n’aurait pas été aussi demandeuse en affection et Diane si indifférente à l’idée d’avoir une nouvelle amie, les choses auraient pu être totalement différente
Je sais que je devrais me concentrer sur nos points communs quand je regarde Lucy. Nous sommes toutes deux mères et avons le même amour pour mon fils. […] Et pourtant, malgré tous ces points communs, quand je la regarde, je ne vois que nos différences.
Loin d’être un thriller effréné, La Belle-mère ressemble davantage à un drame social dans lequel une famille pourrait bien se déchirer à coups de non-dits, de folie et de haine. Diana est issue d’une famille aisée et a réussi par elle-même à atteindre un statut social encore plus favorisé. Pour elle, l’égalité des chances devrait prévaloir sur tout et elle fait en sorte à son niveau de suivre cette philosophie de vie par le biais de son association pour les personnes défavorisés, issues majoritairement de l’immigration.
Par son passé difficile malgré le faste de sa vie et le fait qu’elle ne veut jamais parler d’elle-même et de ses réussites, Diana refuse de mener la vie facile à ses enfants. Donnant alors plus de chance à des étrangers qu’à sa propre famille, elle n’est pas toujours la préférée des Goodwin. Mais est-ce que l’argent pourrait être le seul motif de sa mort ? L’avidité, le seul mobile ? Laissant peu de place au suspense, Sally Hepworth s’intéresse davantage à la psychologie de ses personnages, particulièrement à celle de ses deux protagonistes féminins forts, sensibles à leur manière, avec leurs qualités et leurs défauts. Malgré leurs différences, ces deux femmes pourraient tout de même réussir à se voir et à se comprendre enfin.
Les autres personnages sont plus en retrait, ce qui pourrait être dommage pour un thriller classique misant sa qualité sur son enquête et ses retournements de situation. La Belle-mère n’est pas de ceux-là, lui préférera nous étonner par la force cachée de Lucy, le passé douloureux de Diana et finalement le lien qui se crée entre les deux de manière étonnante. Merci à NetGalley et aux éditions de l’Archipel pour cette lecture.
Il sait qu’un jour ou l’autre, nous toucherons le gros lot.
Et pour ça, la seule chose à faire est d’attendre la mort de quelqu’un.
Entre passé et présent, nous découvrons la vie et les épreuves d’une belle-mère et de sa belle-fille. Moins un thriller qu’un drame social, l’auteure mise sur la psychologie de ses personnages pour nous donner envie de découvrir leurs secrets et leurs nuances.
Sortie : août 2020
Édition : L’Archipel
360 pages
Ha, les belles-mères… une sacré matière qui a l’air asse bien exploitée ici !
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Oui, ici, on a de quoi faire ! Mais l’auteure montre bien qu’elles ont chacune leur tort sans être foncièrement méchantes. C’est juste qu’elles voient le monde et interagissent avec les autres d’une manière totalement différente.
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