Il est grand temps de rallumer les étoiles, Virginie Grimaldi

Son banquier ne cesse de l’appeler, elle perd son boulot, et ses filles peinent à trouver leur place au milieu de problèmes de leur âge. Pourquoi ne pas partir toutes les trois en camping-car pour un road trip vers les aurores boréales ?

– Anna, tu viendras me voir à la fin du service ! Faut que j’te dise un truc.
Je noue le tablier autour de ma taille et effectue un dernier tour de salle avant que les premiers clients n’arrivent. Je sais ce que va m’annoncer Tony, j’ai surpris une conversation hier. Il était temps.

Avec des romans qui se hissent facilement dans le top 10 des meilleures ventes en librairie, il était peut-être temps que je découvre Virginie Grimaldi, non ? Vous l’aurez remarqué, les romans contemporains, avec en plus une connotation feel good, ne font pas partie de mes genres de prédilection. J’avais donc très peur en débutant Il est grand temps de rallumer les étoiles.

En effet, les premières pages ne m’ont pas forcément intriguée et j’avais vraiment peur de rester hermétique à l’histoire de cette mère célibataire à bout et de ses filles. Cependant, comme par enchantement, les personnages m’ont parlé et, dès ce moment, je me suis laissée totalement transporter par leur voyage vers le nord de l’Europe pour s’échapper de leur quotidien étouffant.

J’avais peur qu’Anna ne soit qu’un stéréotype de la mère dépassée par la vitesse avec laquelle ses deux filles grandissent et changent. Mais non, Anna est une mère totalement dévouée, prête à partir sur « un coup de tête » pour faire souffler ses deux amours ^{– même si elles sont loin d’être partantes au départ}. Et au-delà d’être une mère, Anna est une femme à part entière, qui va pouvoir se retrouver pendant ce voyage vers l’inconnu à mesure où les disputes et les réconciliations familiales s’enchainent et où les rencontres avec d’autres voyageurs tissent des liens intéressants.

J’avais peur que Chloé, dix-sept ans, ne soit qu’une adolescente immature qui abandonne l’idée de passer son bac dans trois mois. Mais non, Chloé est une hypersensible et ce trait de caractère prend beaucoup, beaucoup de place jusqu’à parfois la bouffer. Cela va expliquer ses prises de position, ses incertitudes, ses colères incontrôlables, la non acceptation de sa personnalité et l’absence d’estime de soi. Elle est finalement une jeune femme en devenir qui a beaucoup d’amour à donner et qui mérite d’en recevoir tout autant.

J’avais peur que Lily, douze ans, ne soit que la touche humoristique de ce roman, ce dernier bien loin parfois d’être aussi feel good que ce à quoi je m’attendais. Mais non, Lily est une fille curieuse, intelligente, imaginative et qui voit le monde par son propre prisme. Elle voit la beauté là où la plupart des gens ne voit que désintérêt ou anormalité, et c’est ce qui fait sa force.

C’est bizarre, j’ai longtemps espéré qu’un jour maman travaillerait moins, comme avant que papa parte, qu’on pourrait passer plus de temps ensemble, et, maintenant que c’est le cas, ce n’est pas comme je l’avais imaginé. Peut-être que ça va venir. Peut-être que, comme il faut réapprendre une langue étrangère quand on ne la pratique pas pendant longtemps, il faut qu’on se réapprenne, nous.

Avec un récit découpé entre ces trois points de vue tout aussi différents que touchants, nous suivons cette petite famille dans leur voyage semé d’embûches, de pleurs, de cris, de rires, de déclarations d’amour et de révélations. À l’image de la vie, ce périple ne sera pas toujours tout rose mais Anna, Chloé et Lily arriveront à en ressortir le meilleur et à se découvrir chacune sous un nouveau jour.

Loin d’être toujours joyeux, Il est grand temps de rallumer les étoiles parle d’amour, d’amitié, d’acceptation de soi, de famille, mais également de déception amoureuse, de relation toxique, de maltraitance et de harcèlement. Par elles-mêmes et par la rencontre avec quelques compagnons de route, les trois personnages vont vivre un vrai voyage à la recherche de l’autre et de soi-même.

Tout au long de notre vie, on juge ce qui nous arrive, on se réjouit, on se lamente. Pourtant, on ne sera qu’au dernier moment s’il y avait lieu de se réjouir ou de se lamenter. Rien n’est figé, tout évolue. Ne sois pas triste aujourd’hui, car ce qui t’arrive est peut-être un grand bonheur.

Je n’y croyais pas et finalement, j’ai adoré ! Les trois personnages sont très attachants et on prend plaisir à suivre leur périple entre découverte de soi, disputes et réconciliations. Je m’attendais à quelque chose de plus feel good mais l’auteure mêle très bien l’humour, le dépassement de soi et le drame.

Sortie : 2019 (1e éd. : 2018)
Édition : Le Livre de Poche
371 pages