Le Réveil des légendes – L’Étoile flamboyante tome 1, Sophie Ginisty

Guide dans les Bas-Fonds, Ieven, mi-elfe mi-homme, est chargé d’une missive de la plus haute importance. Accompagné par deux soldats et ses clients, le voilà à affronter les obstacles sur sa route et à imaginer la vie qu’il aurait eu s’il n’avait pas été séparé de son jumeau dans une partie plus moderne et plus riche de ce monde.

DE LA MÊME SAGA
– Le souffle des abysses tome 2 ]

La cité de Barantil avait toujours été animée. Peut-être était-ce parce qu’elle était la plus grande du territoire inférieur de Gaïa, où se rassemblaient les plus pauvres et les rebuts de la société. Isolés de l’autre côté du désert d’As’sahhra, les Bas-fonds étaient depuis longtemps devenus le vide-ordures humain de la lointaine Gloria, capitale politique de l’Empire située à l’autre extrémité de la spirale qui constituait l’unique continent de notre monde.

Suite à la Loi de l’enfant unique, Ieven n’a jamais connu sa famille. Venu au monde avec son jumeau, il a été celui qu’on a banni et envoyé au delà du désert. Il garde donc ancré en lui cet abandon, cette part manquante de lui même, de son frère jumeau. Mi-humain mi-elfe, Ieven a été recueilli par Rochelle, une sage femme des Bas Fonds. Maintenant guide, il traverse avec ses clients le territoire des Bas Fonds avec l’espoir un jour de réussir à partir plus loin et connaître celui qu’il l’obsède depuis toujours. Avec pour nouvelle mission de transmettre une missive au seigneur du territoire voisin, le demi elfe va devoir faire face à quelques perturbations lors de son périple.

Au côté de clients qui lui font à moitié confiance à cause de son caractère d’ermite et de deux soldats qui le regardent de haut pour sa nature de demi-elfe, Ieven espère réussir rapidement sa mission. Mais c’est sans compter sur les bandits de grands chemins etsur les nombreux bouleversements au sein du royaume de Gaïa. Confiante en commençant cette lecture, j’ai malheureusement vite déchanté. En fermant ce livre, j’ai l’impression qu’il n’a jamais vraiment décollé.

Ce monde d’Humains dans lequel j’évoluais et que je faisais prospérer parfois malgré moi me rebutait un peu plus chaque jour, et c’était bien pour ça que je le fuyais.

Ça commence par un héros assez singulier. Particulièrement taiseux et indépendant, il est difficile de s’y attacher et de comprendre parfois ses plaintes sur le comportement des autres personnes à son égard. Il a également une fêlure intérieure, tournée principalement sur l’absence d’un frère qu’il n’a jamais connu, qui le ronge et ne le rend que plus renfermé et caractériel. Heureusement, son voyage est rempli de rencontres fortuites avec plusieurs de ses connaissances, comme le poète et voleur Gaël, qui lui permettent de s’ouvrir davantage.

Mais justement, le voyage ressemble davantage à une multitude de rencontres qu’à une véritable aventure. Les péripéties se succèdent sans être totalement prenantes et passionnantes. Et ce manque est principalement dû à l’univers crée par Sophie Ginisty dont on ressent en permanence les influences. Le Réveil des légendes peine à apporter sa propre patte, prenant de-ci de-là ce qui a déjà été fait ailleurs afin d’étoffer son propre univers fantasy.

Et finalement, est-il véritablement un monde de fantasy ? Difficile de le dire car, au fil de ce premier tome, on apprend que le mode de vie dans les Bas fonds, ressemblant à celui d’une époque moyenâgeuse, est totalement différent de celui des autres strates du royaumes beaucoup plus évoluées et modernes avec électricité, eau courante, etc… Le mélange me parait bancale et peu crédible, j’ai donc eu du mal à trouvé cette lecture convaincante. Toute aussi peu attachée aux personnages que peu conquise par l’univers, j’abandonne ici sans regret la trilogie/saga du Réveil des légendes.

« C’est une bien jolie monture que tu as là.
— Il a été dressé par le meilleur éleveur que je connaisse.
— Mais il n’est pas sauvage, et ne l’a jamais été. Cela se voit dans son regard. Il lui manquera toujours une partie de lui-même.
— Quelque chose que tu n’as jamais connu ne peut pas te manquer.
— Est-ce donc vrai ? Un orphelin qui n’a jamais connu ses parents ne souhaiterait donc jamais en avoir ? »
Je restai silencieux, pensant à mon frère. Il disait vrai.

Je garde l’impression que l’histoire n’a jamais vraiment décollé, la mythologie de l’univers est intrigante mais le mélange de fantasy et de modernité ne m’a pas convaincue. Le héros n’est pas non plus des plus sympathiques et des plus attrayants, malgré une plume agréable.

Sortie : avril 2020
Édition : 404
330 pages