Sex/Life ou 4 hommes en 44 chapitres, BB Easton

Nostalgique de sa vie borderline avec des ex pas très nets, BB tente de raviver la flamme dans son couple en utilisant son journal intime à sa manière. Est-ce que Ken, constamment dans le contrôle, réussira à combler les fantasmes de sa femme ?

Cher journal,
Cet enfoiré me tue à petit feu.

Avec l’arrivée de la série sur Netflix, qui pourtant ne m’intéressait pas du tout, je me suis laissée tenter par le livre original sur NetGalley. Merci donc à la plateforme et à HLAB pour cette lecture. Pour commencer, ce livre se construit à partir du journal intime de BB Easton, celle-ci ne va donc pas par quatre chemins pour raconter sa vie, ses problèmes conjugaux et sa manière bien à elle de les régler. Les scènes de sexe peuvent être particulièrement explicites et ce livre se glisse dans la catégorie érotique, il n’est donc pas à mettre dans toutes les mains.

Sex/Life est un roman globalement rafraichissant et drôle dans lequel on plonge avec facilité et curiosité dans la vie de BB. Cette dernière ne supporte plus la froideur de son mari, Ken. Calmant ses pulsions sexuelles en écrivant dans son journal sa première histoire d’amour, elle ne pensait pas aux conséquences si jamais son mari tombait sur son ordinateur et lisait ce qu’elle écrivait. Quand ce jour arrive, elle imagine déjà Ken lui tendre les papiers du divorce. Il faut dire qu’avant cette vie bien rangée avec son mari parfait et ses deux enfants, BB était particulièrement dévergondée et fêtarde jusqu’à l’excès.

Diamétralement opposé à tous les autres hommes qu’elle a fréquenté, Ken ne connait pas bien son passé amoureux. Mais au lieu de lui crier dessus et de la mettre à la porte, Ken est soudainement piqué par des envies sexuelles bien particulières avec sa femme. Se rendant compte de l’effet sur la libido de son mari à la lecture de son journal, BB continue d’alimenter les descriptions de son passé amoureux, jusqu’à imaginer quelques scènes, afin de pousser Ken à être plus entreprenant et démonstratif. Ses trois objectifs : que Ken lui fasse des compliments, qu’il lui donne un surnom et qu’il se fasse tatouer les initiales de BB sur une partie visible de son corps. Rien que ça !

Mon mari est un roc. Pas dans le sens : « Il est tellement fort et un tel soutien pour moi. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. » Mais plutôt du genre : « Il est tellement froid que je me demande parfois s’il a un pouls. »

L’écriture de ce journal va devenir une véritable obsession pour BB afin de pousser Ken dans telle ou telle direction et, au niveau du sexe, ça marche du feu de Dieu ! Reste encore quelques ajustements qu’elle trouve indispensable pour la santé de son couple qui peuvent néanmoins paraître fantasques pour la plupart des lecteurs. Le caractère expansif et déluré de BB est enivrant, jusqu’à ce qu’elle laisse trop parler son immaturité et son besoin d’attention. Face à elle, Ken est son total opposé : réservé, toujours dans le contrôle, asocial, indépendant, mature et froid comme un glaçon. À se demander comment ce couple peut vraiment fonctionner, surtout quand on découvre qu’ils se cachent des trucs assez importants depuis onze ans !

Clairement, le manque de communication est ce qui m’a le plus dérangée tout au long de cette lecture. Le livre se conclue bizarrement, BB acceptant finalement son sort en mettant au premier plan des futilités alors que le nœud du problème ne semble toujours pas réglé. Le message de ce roman parait alors assez problématique. Contentons-nous de ce que nous avons, changeons pour l’autre mais n’attendons pas trop de notre compagnon/compagne. Ah. C’est malheureusement assez représentatif de beaucoup de couples mais ce n’est pas forcément un message très intéressant à faire passer.

J’aime passionnément Kenneth Easton. C’est mon meilleur ami, le père de mes enfants, et nous sommes ridiculement heureux ensemble, ou du moins, je le suis. Vraiment. On peut s’ennuyer à mourir et être heureux en même temps, non ? Ce sont des larmes de joie. Des larmes de joie et d’ennui…Il est dur de comprendre ce qu’il ressent. J’ai choisi de le croire heureux, lui aussi. Mais, soyons honnêtes, Ken peut très bien ne rien ressentir.

Drôle et décomplexé, ce journal intime montre bientôt les failles de ce couple et la manière de BB de les résorber en ravivant la flamme avec son mari. Si au niveau sexuel, elle réussit ce qu’elle entreprend, tout est loin d’être réglé, faute de communication dans le couple. J’ai eu l’impression que ça s’arrêtait en plein milieu et que BB ne s’intéressait pas au véritable problème, ses obsessions émotionnelles prenant le dessus.