Avec la capacité de voyager dans le temps, un professeur d’économie tente de découvrir si l’humanité a finalement trouvé la clé du bonheur.
DU MÊME AUTEUR
– Les Enfants de l’ombre ❤
– La Nuit des temps
– Le Grand Secret
– Une rose au paradis
– L’Enchanteur
« Il faisait un froid de guerre. Au petit matin, le sergent Mosté découvrit un soldat, demi-nu, tordu en travers des feuillées. Le gel qui montait de la neige l’avait empoigné à mort. Ses cuisses sonnaient au doigt comme des planches. Quatre hommes l’emportèrent. Celui qui le prit par la tête lui cassa les oreilles. »
Fortement inspiré par La Machine à explorer le temps de H.G. Wells, René Barjavel entreprend l’écriture de son deuxième roman : Le Voyageur imprudent. Dans ce roman de science-fiction, Pierre Saint-Menoux, un jeune professeur d’économie se voit offrir l’opportunité de voyager dans le temps grâce à une combinaison confectionnée par un scientifique handicapé aidé de sa fille Annette. Appelé à servir son pays, Saint-Menoux fait également sa première expérience dans le passé grâce à Noël Essaillon. Ce dernier a choisi Saint-Menoux comme explorateur du futur pour connaître la réponse à l’ultime question : est-ce que l’humanité a réussi à trouver le bonheur universel ? À la recherche d’une réponse à cette question, le professeur d’économie s’engage donc dans cette expérience hors du commun qui va l’emmener dans des voyages de plus en plus lointains et incroyables.
Le Voyageur imprudent est coupé en trois parties distinctes : la découverte des capacités de la combinaison avec un héros qui s’interroge sur ces facultés extraordinaires et sur ce qu’elles vont permettre de découvrir ; une virée dans un futur lointain dans lequel l’humanité a radicalement changé de forme et de langage ; la recherche du bonheur de Saint-Menoux en compagnie de sa dulcinée malgré ses voyages qui l’obsèdent. Avec ce deuxième roman publié en 19421944, René Barjavel propose un drôle de texte.
« Je pensais en même temps qu’il leur était plus aisé qu’à nous, leurs malheureux ancêtres, de mériter le Paradis. Pas de sexe, pas d’estomac. Il leur restait bien peu d’occasion de pêcher. »
Tantôt métaphysique, tantôt bizarroïde, tantôt intimiste, Le Voyageur imprudent peut vite déconcerter. On est loin de La Nuit des temps ou du Grand Secret. La deuxième partie auprès d’êtres humanoïdes d’une ère très éloignée de la nôtre est ce qui ressort de plus étrange du texte. Les modifications corporelles détaillées par le narrateur produisent des images déstabilisantes dans notre cerveau tout comme le dessein de ces individus sans parole.
Finalement, c’est dans la première partie, lorsque Saint-Menoux découvre petit à petit les pouvoirs de la combinaison et fait face à lui-même, que j’ai pris le plus de plaisir à la lecture. Si ce roman est très différent des autres, la relation amoureuse, elle, laisse apparaître un thème maintes fois exploité par l’auteur. La femme douce, virginale et dévouée à l’homme qu’elle aime est évidemment le modèle féminin par excellence de l’auteur. Dès la présentation des personnages, je m’attendais à cet amour fleur bleue et s’il n’est pas désagréable, j’aimerais découvrir un autre genre de figure féminine chez l’auteur.
« Comprenez-vous maintenant l’intérêt de ma découverte ? Arrivé à quarante ans, vous décidez de recommencer votre vie. Vous retournez à votre adolescence. Vous vous lancez avec un corps tout neuf dans une nouvelle existence. Vous évitez les malheurs qui vous ont frappé dans votre premier temps, vous saisissez les bonheurs qui vous ont évité. Vous recommencez cent fois, mille fois. Vous possédez toutes les sciences du monde, parlez toutes les langues, vous avez aimé toutes les femmes, tutoyé tous vos contemporains. Vous avez tout vu, tout entendu, tout connu. Vous êtes Dieu… »
C’est le roman le plus étrange que j’ai lu de l’auteur avec sa vision bizarroïde de l’humanité future. En même temps, je prends toujours beaucoup de plaisir à lire la plume de Barjavel et les réflexions du personnage sur le temps, l’humanité, etc., sont intéressantes.
Sortie : août 1990 (1e éd. : 1944)
Édition : Folio
Genre : Science-fiction
245 pages
C’est bête, ma lecture de « Ravage » (que je n’ai pas aimé) me freine dans la découverte d’autres romans de Barjavel, alors que j’ai beaucoup aimé « La nuit des temps » ! Mais je compte bien retenter un jour.
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Je n’ai pas encore lu Ravage mais je sais qu’il divise alors que ses autres livres sont plutôt unanimement appréciés. Si tu as aimé La Nuit des temps, tu devrais apprécier Le Grand Secret.
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« Le Grand secret » est bien noté 😉
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Je ne connaissais pas du tout ce roman de cet auteur, merci pour la découverte.
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Ce n’est pas le plus populaire, et je le comprends vu son étrangeté. Mais il possède une atmosphère bien à lui.
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Je suis, comme toi, une grande admiratrice de Barjavel et j’avais beaucoup apprécié Le voyageur imprudent.
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Je n’ai pour le moment jamais été déçue avec cet auteur, il a son style bien à lui. Je suis curieuse de découvrir bientôt Ravage qui est plus clivant.
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