Audrey, lieutenant à la PJ, est persuadée que les récents meurtres dont elle est en charge ont un dénominateur commun : l’art. Avec ses connaissances des Beaux-Arts, elle compte bien décrypter les indices sur les scènes de crime, ces dernières travaillées pour ressembler à des œuvres d’art.
DE LA MÊME AUTRICE
– Délivre-nous du mal
– L’Île des souvenirs
« Le soleil se lève sur Paris. Hier soir, la météo a annoncé une nouvelle vague de canicule. »
Après Délivre-nous du mal et L’Île des souvenirs, il était temps que je découvre les deux premiers romans qui ont fait toute la popularité de Chrystel Duchamp. Et dès son premier livre L’Art du meurtre, on peut s’étonner du nombre de pages assez léger pour un roman policier. Mais, l’autrice en a fait sa marque de fabrique et surtout, ça lui permet d’aller droit au but et de garder un rythme constant. Dès les premiers chapitres, on est pris dans l’engrenage, à se poser tout un tas de questions, jusqu’à être bientôt piégé dans ce rythme effréné qui nous fait tourner la tête. Et en alliant meurtre et art, l’écrivaine avait tout pour me satisfaire.
Des scènes de crime aux allures d’œuvres d’art
Me rappelant Mensonge de J.P. Delaney qui travaillait son intrigue autour du théâtre et de l’œuvre de Baudelaire, je me suis jetée à pieds joints dans ce policier qui joue beaucoup sur les codes de la peinture à travers les époques et leurs mouvements. Plus précisément, c’est un meurtrier bien méthodique qui s’attache à rendre ses scènes de crime aussi dérangeantes qu’inspirantes pour l’œil d’un artiste. En études aux Beaux-Arts avant de se lancer dans la police, Audrey est rapidement interpellée par les inspirations picturales dans les différentes scènes de crime.
Mais pour Patricia, sa cheffe avec qui elle entretient une forte amitié, l’art n’a pas sa place dans l’enquête, mieux vaut rester dans les clous et s’intéresser aux preuves concrètes. Seulement, Audrey n’est pas une femme à s’asseoir sur ses convictions et elle n’a pas peur de donner son avis et d’aller jusqu’au bout de ses idées, même sans l’aval de sa hiérarchie. C’est en suivant sa fibre artistique qu’elle pense trouver l’identité de ce tueur en série qui cherche la popularité. L’intrigue s’installe rapidement, sans fioritures, et nous apprend quelques petites choses sur des mouvements tels que ceux propres à la Renaissance ou le cubisme, sans néanmoins tomber dans la pédagogie rébarbative.
« L’art nous est vital depuis la nuit des temps. Laisser une trace est une besoin ancré au plus profond de nous. Une quête d’éternité. »
Un rythme effréné pour une intrigue bien ficelée
Chrystel Duchamp effectue un grand travail de documentation en amont pour nous livrer le fruit de ses recherches de manière concise. Les lecteurs qui aspirent à des intrigues plus développées avec force de détails ne trouveront peut-être pas leur compte. Néanmoins, L’Art du meurtre parlera à la majorité des adeptes de romans policiers pour son efficacité et sa qualité dans la construction de son récit. Dès la première scène de crime, difficile de vouloir lâcher l’affaire avant que tout nous soit révélée.
Le seul inconvénient dû au rythme et à la concision du livre serait que l’autrice intègre un faible nombre de personnages. Il peut être donc facile d’avoir des soupçons sur le coupable. Personnellement, j’espérais vraiment me tromper concernant l’identité du tueur en série, je pensais même que Chrystel Duchamp m’avait bernée… jusqu’à la toute fin où là, j’ai compris que j’avais finalement découvert le pot aux roses. Cependant, ça n’a pas tellement entaché ma lecture, appréciant bien les personnages et leurs interactions lors de toute cette enquête.
« Des cadavres découpés en morceaux, j’en avais déjà vu deux au cours de ma carrière. Une expérience traumatisante. Réduire une corps humain à de vulgaires morceaux de viande… Il n’y a rien de pire. »
Des personnages à fort caractère
Concernant les personnages, il se peut qu’ils ne fassent pas l’unanimité. Audrey, héroïne du roman, est tout le contraire de lisse. Assez borderline depuis sa séparation traumatisante avec son ex, elle multiplie les coups d’un soir et les plaisirs brefs et illusoires comme l’alcool et la fumette. Si son mode de vie n’est plus très sain, cela ne l’empêche pas d’être à 100% dans son boulot et d’être appréciée par sa cheffe qui fait tout pour l’aider à remonter la pente.
La relation entre les deux femmes est tout aussi forte que bancale. Avec deux gros caractères, la susceptibilité prend vite le pas lorsqu’elles essaient de se donner des conseils sans user de beaucoup de tact. Mais, après les tensions, l’entente revient vite entre les deux femmes qui s’estiment beaucoup.
Le reste de l’équipe entièrement masculine fonctionne bien même s’il reste vraiment en retrait par rapport à Audrey et à Patricia. Le troisième personnage du roman se révèle être à la fois suspect et consultant. Secondant Audrey sur la piste de l’art, il sera d’une grande aide afin de remonter la piste du coupable.
« Son interrogation artistique fait écho à celle de Picasso : qu’est-ce que le beau ? Sa réponse : la beauté n’est pas. La beauté n’est plus. »
Très visuel dans son appropriation de l’art entre fascination et révulsion, L’Art du meurtre nous aspire dans cette enquête au rythme effréné qui mêle sang, œuvres artistiques et besoin de notoriété.
Sortie : janvier 2020
Édition : L’Archipel (Suspense)
Genre : Policier
261 pages
Oh j’avais bien apprécié Mensonge de JP Delaney, je n’avais pas fait le lien entre ses deux univers, bien vu. 🙂 J’ai adoré L’Art du meurtre, c’est un de mes coups de cœur cette année, car c’est vrai que l’auteure a offert un très beau travail sur le monde artistique et c’est vraiment ce mélange avec l’enquête qui m’a charmée. En tout cas, je partage aisément ton avis à son sujet. 😉
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C’est mon préféré de l’autrice alors ravie que tu l’aies apprécié !
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Oh j’avais aimé ce premier roman !
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