Partant de l’Espagne, Sylvain Tesson navigue en voilier de la Bretagne au Pays de Galles, en passant par l’Irlande. Dans quel but ? Celui d’apercevoir les fées.
DU MÊME AUTEUR
L’Axe du loup – La Panthère des neiges – Un été avec Homère (PAL)
Toujours prompt à nous faire voyager tout en poésie, Sylvain Tesson nous invite cette année à l’accompagner à bord d’un voilier naviguant sur les bords de l’Atlantique Nord. À la recherche des fées et du merveilleux, l’écrivain et aventurier nous émerveille par son phrasé et les réflexions qu’il relie aux paysages qu’il contemple tout au long de son périple.
Un voyage près des côtes atlantiques
Le départ est à Gijon, en Espagne. Avec Arnaud Humann et Benoît Lettéron, Sylvain Tesson part pour trois mois d’aventure sur un voilier. La Bretagne, la Grande-Bretagne, l’Écosse, l’Irlande, le Pays de Galles : toute une saison à longer les côtes celtiques, puiser dans l’air iodé et les promontoires, le silence, la magie et la beauté qu’elles renferment. Le but de cette expédition ? Toucher au plus près les fées. Autrement dit pour Sylvain Tesson, être témoin du surgissement du merveilleux, d’un instant hors du temps entre silence et introspection.
En homme lettré, il nous partage son périple maritime avec bon nombre de citations littéraires et réflexions philosophiques dont il est habitué, l’auteur étant rompu à l’exercice. Sylvain Tesson semble prendre son pied à nous inviter lors de ses quarts solitaires, de ses réflexions intérieures au gré de l’océan ou de ses escapades sur les côtes terrestres et de ses échanges avec ses deux compères. Et nous, lecteurs, prenons plaisir à faire un bout de chemin avec lui tout en poésie et excursion en terre celtique.
« Les promontoires de Galice, Bretagne, Cornouailles, du pays de Galles, de l’île de Man, de l’Irlande et de l’Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j’allais relier les miettes de ce déchiquetage. Sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux. »
À la recherche du merveilleux
On n’aborde pas un livre de Sylvain Tesson comme un autre. Il est clair qu’il ne faut pas être vexé de buter sur quelques mots qui peuvent nous être inconnus. L’écrivain possède un parler et une plume très lettrés, qui peuvent même parfois paraître ampoulés. J’avais d’ailleurs eu cette impression lors de ma première lecture de l’auteur, La Panthère des neiges, tout en appréciant la poésie de ses mots. Cependant, avec ce nouvel ouvrage, je n’ai pas peur d’avouer que tout ne m’a pas paru limpide et que j’ai dû passer à côté de quelques réflexions par-ci par-là.
Cela ne m’a pas empêché de passer un bon moment grâce à l’importance du merveilleux celtique grandement lié à la littérature arthurienne, aux symboles et cultures propres à la Bretagne et aux pays anglo-saxons. Je note dans un coin de ma tête de lire un jour le poème Brocéliande d’Aragon et de relire les passages des Contemplations de Hugo en rapport avec le merveilleux, textes que Tesson cite le plus souvent.
« Le merveilleux jaillit sans s’annoncer. Il sourd du ciel, de l’eau, de la terre ou d’un visage. C’est un clignement. On le cherche, il se refuse ; on le veut saisir, il a disparu. »
Poétique et délicieusement dépaysant, ce voyage à la recherche du merveilleux celtique et des fées est un périple extrêmement plaisant. Le talent d’écriture de Sylvain Tesson n’est plus à démontrer même si son style très lettré et ses réflexions peuvent parfois être difficiles à suivre.
Sortie : janvier 2024
Édition : Des Équateurs
Genre : Voyage
224 pages