À la recherche de la panthère des neiges qui se cache dans les hauteurs tibétaines, Sylvain Tesson porte un autre regard sur la nature et sur les êtres qu’elle abrite, comme sur la place de l’homme face à cette vie sauvage, cohabitant tous deux dans l’immensité qu’est la Terre.
DU MÊME AUTEUR
L’Axe du loup – Un été avec Homère (PAL) – Avec les fées
« Comme les monitrices tyroliennes, la panthère des neiges fait l’amour dans des paysages blancs. »
Gagnant du prix Renaudot 2019, cela fait bien deux ans que La Panthère des neiges m’attendait bien sagement dans ma bibliothèque. La période hivernale aidant, je me suis dis que janvier 2022 serait le moment idéal pour enfin suivre ce voyage sur les terres du Tibet. En effet, Sylvain Tesson, grand voyageur ayant déjà écrit plusieurs textes à propos de ses expéditions, revient sur celle en compagnie de Vincent Munier, célèbre photographe animalier, et deux de ses assistants. Avant que ne commence l’ascension des steppes tibétaines, l’écrivain explique dans un avant-propos les circonstances de ce fameux voyage.
Passionné par la nature sauvage, Munier propose à Tesson de partir à la recherche de la panthère des neiges, animal rare car depuis longtemps la cible du braconnage. Il ne faut pas davantage au voyageur pour comprendre le caractère spécial de cette expédition qui n’est pas donné à tout le monde. Mais, lui qui a l’habitude de traverser les grandes plaines sans s’arrêter et en se faisant entendre, va devoir cette fois-ci apprendre à se conformer aux lois de la nature. Pour observer les animaux sauvages, il faut de la patience, de la force mentale, et du courage pour accuser les températures négatives de cette région. Pour Sylvain Tesson, ce voyage en compagnie du photographe est un apprentissage, une nouvelle manière de voir le monde et de l’observer, de l’apprécier, d’en apercevoir les secrets.
« « La nature aime à se cacher. » Que signifiait cette énigme ? La nature se cachait-elle pour échapper à la dévoration ? Se cachait-elle parce que la force n’a pas besoin de manifestation ? Tout n’avait pas été créé pour le regard de l’homme. L’infiniment petit échappait à notre raison, l’infiniment grand à notre voracité, les bêtes sauvages à notre observation. »
Comme face à un documentaire animalier, on s’émerveille de voir tant d’animaux vivre selon leur mode de vie, en troupeau ou en solitaire, et selon leur propre horloge interne. Le livre fait la part belle à une multitude d’animaux : loups, blaireaux, chèvres bleues, gazelles, yacks, antilopes, ânes, kiangs, etc… en terminant sur le bouquet final : la panthère des neiges. À se mettre au pas des animaux sauvages, on se croirait propulsé dans un autre espace-temps, ce que l’écrivain met en évidence lorsqu’il compare les impératifs de la vie occidentale et la vie étirée en milieu sauvage. Finalement, l’être humain est infiniment petit au milieu de ce vaste monde, ce qu’il a l’habitude d’oublier.
« Sa fourrure était une nacre aux reflets bleus. Pour cela, on l’appelait panthère des neiges : elle arrivait comme la neige, silencieuse, et se retirait à pas de feutre, fondue dans la roche. »
D’autres observations se font également comme le rapport entre l’homme et l’animal, Munier étant la passerelle idéale entre les deux, lui qui chante avec les loups et goûte la liberté de la vie sauvage ; la chasse, ou encore l’évolution du Tibet et ses rapports complexes avec la Chine qui tente aujourd’hui de ne plus s’imposer par la force mais par l’apport de la modernité. Avec un style qui se prête parfaitement au nature writing et à l’émerveillement du milieu sauvage, Sylvain Tesson nous emporte avec plaisir dans ce voyage qui touche également à la spiritualité et à l’accomplissement de soi.
Usant de références littéraires et culturelles, l’auteur nous invite à percevoir cette expédition d’une manière intellectuelle et poétique. Néanmoins, il finit par trop en faire à force d’étaler sa culture ici et là. Ça peut sembler pompeux, surtout lors des retranscriptions des dialogues entre les quatre voyageurs, Tesson ayant un ton parfois trop ampoulé comme s’il voulait épater la galerie avec ses calembours.
« La Terre avait été un musée sublime.
Par malheur, l’homme n’était pas conservateur. »
Dans un froid glacial, Sylvain Tesson nous embarque dans un voyage à la recherche de la panthère des neiges et de la vie sauvage. Admirant les animaux, le voyageur apprend la patience et nous donne envie de partir pour un temps dans la nature et oublier les impératifs de la vie occidentale. Reste que l’auteur déploie un peu trop sa culture par moments.
Sortie : 2019
Édition : Gallimard (Blanche)
Genre : Récit de voyage
167 pages
Deuxième tentative pour moi de Tesson avec ce livre et franchement c’est pompeux et lourd… dommage.
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Effectivement, il faut vraiment aimer quand l’auteur part dans ses réflexions sur la culture, la littérature. J’aime beaucoup d’habitude mais même moi, j’ai trouvé qu’il en faisait trop à la longue.
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