Grâce à sa machine, l’Explorateur est prêt à découvrir un futur qu’il espère plus avancé. Pourtant, ce qu’il va voir sera loin de ses attentes et pourrait bien mettre sa vie en danger.
DU MÊME AUTEUR
– La Guerre des mondes
– L’Homme invisible
L’Explorateur du Temps (car c’est ainsi que pour plus de commodité nous l’appellerons) nous exposait un mystérieux problème. Ses yeux gris et vifs étincelaient, et son visage, habituellement pâle, était rouge et animé. Dans la cheminée, la flamme brûlait joyeusement et la lumière douce des lampes à incandescence, en forme de lis d’argent, se reflétait dans des bulles qui montaient brillantes dans nos verres.
Après une très bonne découverte en duo de Frankenstein, Tachan et moi avions l’envie de lire un autre grand classique de la science-fiction : La Machine à explorer le temps. On ne présente plus H.G. Wells, l’auteur de plus d’une histoire emblématique dans ce genre – et qu’il me tarde maintenant de découvrir. Notre édition chez RBA propose, en plus de La Machine à explorer le temps, un ensemble de nouvelles avec pour thèmes les sciences et les expériences extraordinaires.
Commençons par La Machine à explorer le temps : malgré un style devenu un peu désuet, cette nouvelle ne manque absolument pas d’intérêt. Dès les premières pages, on sent le bagage scientifique de l’auteur qui est nécessaire pour narrer ce genre d’histoires et pour ne pas créer de contre-sens – ce qui a pu arriver à d’autres auteurs ou scénaristes après lui avec ce thème du voyage dans le temps. L’Explorateur, scientifique reconnu comme extravagant par ses pairs, invite ses amis à découvrir sa nouvelle création : une machine pour voyager dans le temps. Avec des messieurs aussi intellectuels, les discussions se tournent rapidement vers des hypothèses scientifiques et quantiques. Mais, pas de panique ! Si le début de la nouvelle peut sembler difficile à suivre à cause de ces échanges poussés, H.G. Wells fait en sorte de vite nous rattraper au vol et de nous plonger confortablement dans le déroulé de son histoire.
dans les ténèbres intermittentes, je voyais la lune parcourir rapidement ses phases et j’entrevoyais faiblement les révolutions des étoiles.
Il n’y a qu’à suivre la transition du premier voyage de l’Explorateur : l’environnement autour de lui se mue dans le futur comme un film en accéléré sur plusieurs jours, avec la lune qui parcourt ses phases, le soleil qui tourne et tourne encore, les aiguilles de la montre qui défilent de plus en plus vite et la météo changeante au fil des saisons en quelques secondes. Très immersive, la nouvelle nous emmène très loin dans un futur dans lequel l’Explorateur ne reconnait pratiquement rien. La civilisation moderne a périclité et l’espèce humaine a connu de grandes transformations. Lui qui s’attendait à de grandes avancées technologiques et scientifiques, il est quelque peu déçu.
Avec un regard ethnocentré et scientifique, l’Explorateur se prend au jeu de réfléchir sur la cause de si grands bouleversements. Il en vient à fournir une véritable analyse sociologique sur la conquête de la nature et sur l’évolution des codes sociaux et humains. Et c’est justement ce qui m’a le plus intéressée dans la nouvelle, cette manière d’imaginer les circonstances de ce futur. Les moments d’action m’ont moins plu tel que son conflit avec les Morlocks, seconde espèce vivant dans les profondeurs sous celle des Eloïs. La fin est très satisfaisante, nous laissant dans l’expectative tout en concluant parfaitement son histoire. Le style de l’auteur reste tout de même ce qui pourrait décourager la plupart des lecteurs.
L’homme s’était contenté de vivre dans le bien-être et les délices, aux dépens du labeur d’autres hommes ; il avait eu la Nécessité comme mot d’ordre et excuse et, dans la plénitude des âges, la Nécessité s’était retournée contre lui.
Pourtant, l’écriture de H.G. Wells est beaucoup plus moderne dans les nouvelles suivantes. On peut s’étonner des interrogations déjà étonnantes pour l’époque comme celle autour de la Quatrième Dimension, et de l’humour dont l’auteur fait preuve tout en mettant en lumière des avancées scientifiques, certaines bien fantaisistes. Mais, comme on peut vite se lasser du format nouvelles dans le genre de la s-f, Tachan et moi étions un peu plus lasses au fil de notre lecture. Certaines nouvelles me resteront tout de même en tête, surtout les premières, comme Un phénomène étrange entre rêve et réalité, L’Histoire de Plattner qui raconte un épisode tout aussi extraordinaire que celui du voyage dans le futur, et Les Pirates de la mer qui m’a donné la chair de poule. Cette nouvelle « horrifique » avec des pieuvres était totalement faite pour moi. Découvrez l’avis de Tachan en cliquant ici.
Ces créatures, semble-t-il, comme la plupart des organismes des grandes profondeurs étaient phosphorescentes, et elles flottaient à cinq brasses environ de la surface, comme des êtres de clair de lune dans les ténèbres de l’eau, leurs tentacules repliés et comme endormis.
Ce texte fondateur de la littérature de science-fiction et d’anticipation est vraiment à lire pour son regard sur le futur et pour ses réflexions sur les sciences et l’homme. Les autres nouvelles présentes sont également intéressantes, mêlant le plus souvent sciences et humour, et le style est plus moderne.
Sortie : 2021 (1e éd. : 1899)
Édition : RBA (Maîtres du fantastique)
Genre : Science-fiction
325 pages
J’aime beaucoup ta chronique, tu as osé aller bien plus dans les détails que moi et ça rend super bien.
Je suis ravie d’avoir découvert ce classique avec toi, comme la dernière fois, nos échanges m’ont bien motivée et ce des le début puisque je ne sais pas si j’aurais osé le lire si vite autrement ^^
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Merci 😊 Je pense que j’aurais attendu un moment moi aussi si je l’aurais lu toute seule. Et pourtant, c’était plus facile que ce à quoi on aurait pu s’attendre.
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Content de voir que cette immersion t’a autant emballé et convaincu. Personnellement, même si j’ai été surpris par l’accessibilité de la plume de l’auteur, je regrette fortement la courte durée de cette pertinente aventure.
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C’est vrai qu’on aurait pu suivre plusieurs voyages avec cet Explorateur, ça aurait été agréable. J’espère ne pas retrouver ce manque avec les autres livres de Wells.
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Haha oui, il y a un côté assez désuet dans l’écriture et dans l’aspect scientifique aussi, mais ça se lit encore bien HG Wells, j’aime bien. J’ai lu/relu ces plus connus il y a quelques années.
C’est une bien belle édition ^^
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J’avais un peu peur pendant les deux premiers chapitres mais finalement, ça se lit très bien, ça a son charme 🙂
Je compte bientôt lire L’Homme invisible, tu as dû le lire ?
RBA a fait un suer travail éditorial, j’en suis très contente !
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Oui, je l’ai lu et relu, car je l’avais dans une collec jeunesse quand j’étais gamine. Il me semblait plus passionnant quand j’était enfant c’est rigolo. Mais il est très intéressant, posant des questions sur la morale.
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Je verrai ce que ça donne en décembre 🙂
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