Entre une disparition suspecte et la découverte de plusieurs corps maquillés en suicide, le commandant de la PJ lyonnaise s’acharne à trouver des réponses avec l’aide d’une de ses collègues policières. Quelle est la vérité concernant toutes ces femmes décédées ? Ces affaires seraient-elles liées entre elles ?
DE LA MÊME AUTRICE
– L’Art du meurtre
– L’Île des souvenirs
Anaïs tendit l’index vers l’interphone et appuya avec hésitation sur le bouton à droite du nom « Esther Malori ». Puis elle patienta dans le froid hivernal, persuadée que sa sœur allait répondre et l’inviter à monter.
Ce ne fut pas le cas.
Avec L’Art du meurtre et Le Sang des Belasko, Chrystel Duchamp s’est déjà imposée dans le paysage du roman policier français. Et je constate avec Délivre-nous du mal, son troisième roman tout juste publié, qu’elle mérite amplement son succès. Je profite donc, grâce aux éditions de l’Archipel et à NetGalley que je remercie, pour enfin la découvrir. Et, je suis loin d’être déçue. Délivre-nous du mal s’ouvre sur trois prologues qui ont l’air de n’avoir rien en commun, sinon que les trois personnages restent meurtris par un deuil : une sœur disparue brutalement, une mère enlevée par la maladie et une épouse partie trop tôt. On comprend déjà que ce roman policier va remuer quelque chose en nous et ne va pas forcément prendre des pincettes.
Effectivement, levant peu à peu le voile, Chrystel Duchamp nous guide, à son rythme, jusqu’au bout du tunnel. Arrive alors le moment choc, celui qui se matérialise malgré nous, et qui nous laisse une image macabre et précise en tête. Mais, ce n’est que le début des réjouissances… Thomas Missot, inspecteur à la PJ de Lyon, est bientôt en charge d’une nouvelle affaire qui le touche personnellement. C’est Anaïs, une de ses amies romancière, qui le sollicite afin qu’il retrouve sa sœur disparue depuis quelques jours. Faisant son possible pour retrouver la trace d’Esther, Thomas demande à son tour l’aide de Louise, policière lyonnaise.
Bientôt, les interrogations se multiplient : Esther a-t-elle voulu changer de vie ? Son ex petit-ami s’est-il vengé après une rupture houleuse ? Ou est-ce qu’un inconnu a jeté son dévolu sur la jeune femme ? Difficile pour le duo de déterminer les circonstances de la disparition d’Esther. Pire, le dossier est peu à peu relégué au second plan lorsqu’est découvert le corps pendu d’une femme dans un entrepôt désaffecté. Tout est fait pour que l’on pense à un suicide mais le doute persiste.. surtout lorsqu’un deuxième corps, des mois plus tard, est retrouvé selon le même mode opératoire. Thomas et Louise se retrouvent alors surchargés de travail, ce qui n’embête pas le commandant de la PJ qui a l’habitude de faire passer son travail avant sa famille. Cette dernière est justement disloquée depuis quelques années à cause du nombre d’heures de l’inspecteur.
Obstiné et zélé, il commence tout de même à ressentir les effets néfastes de son absence sur sa fille. Celle-ci vit une adolescence compliquée qui se traduit par une apathie et un manque d’appétit alarmants. Jouant sur tous les fronts, Thomas tente d’aider tous ceux qu’il peut, en commençant par les femmes retrouvées mortes qui font écho à d’autres victimes qui viennent porter plainte pour violences sexuelles. Chrystel Duchamp ne nous fait pas de cadeaux en nous parlant frontalement de sujets difficiles mais importants à soulever, notamment ce gros problème dans notre société : la culture du viol. Plusieurs témoignages sont ici utilisés afin de montrer toute l’horreur de ces situations : le sentiment d’impuissance, de culpabilité et de solitude des victimes qui, pour certaines, n’arrivent tout simplement pas à s’en remettre.
Souvent impuissants face à la détresse des victimes, Thomas et Louise tentent de tout faire pour leur venir en aide, même si le commandant est souvent trop moralisateur envers ses collègues qui selon lui, n’en font pas assez – ce qui semble injuste pour certains d’entre eux. Hormis cette petite prétention du personnage, on s’attache à nos deux enquêteurs qui forment un duo idéal, complice et bosseur. La résolution de l’enquête est assez rapide, le roman n’étant finalement pas très long, mais ce dernier sera passé par des théories et des événements plaisants qui laissent place à des anecdotes très intéressantes. Je m’attendais tout de même à une enquête plus complexe sans que ce manque soit rédhibitoire, loin de là.
Une phrase extraite d’une audition était d’ailleurs devenue virale sur les réseaux sociaux. Elle rapportait les propos d’un policier au sujet d’une femme agressée sexuellement dans le métro. « Quand on a vos yeux, on marche en baissant le regard pour ne pas attirer celui des hommes. »
Mon premier roman de l’autrice mais pas le dernier ! Chrystel Duchamp maîtrise le suspense de son histoire en nous ferrant petit à petit. Les deux flics fonctionnent parfaitement ensemble et en deviennent sympathiques. L’enquête, elle, est intéressante et laisse à l’autrice la possibilité de bien mettre en avant les violences sexuelles faites aux femmes qui ne sont pas encore assez punies. Reste que je m’attendais à une intrigue encore plus complexe.
Sortie : janvier 2022
Édition : L’Archipel
293 pages
Comme tu le sais, j’ai hâte de le sortir de ma PAL d’autant que la culture du viol est une thématique qui m’intéresse car omniprésente dans nos sociétés…
Malgré une enquête que tu aurais aimé plus complexe, ton premier Chrystel Duchamp semble t’avoir convaincue !
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Tu devrais alors beaucoup apprécier ce livre, même s’il m’a manqué un léger contrepoids pour ne pas laisser penser que TOUS les policiers font peut-être mal leur boulot en minimisant les victimes de viol.
Effectivement, elle est très convaincante, et j’ai bien envie de voir ce qu’elle donne avec ses deux autres livres.
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Contente de te voir conquise par cette auteure que j’aime beaucoup !
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Et je comprends pourquoi, elle a son style à elle et elle traite bien les sujets qu’elle veut mettre en lumière. Hâte de lire ses autres livres.
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