En pleine tourmente Metoo, un écrivain entame une correspondance avec une actrice sur le déclin. Ensemble, ils reviennent sur leur passé respectif et sur leur vie d’aujourd’hui, ponctuée par un quotidien solitaire et une dépendance de plus en plus handicapante.
De la même autrice : Baise-moi
⤷ Vernon Subutex : tome 1 . tome 2 . tome 3 ]
Chroniques du désastre
Croisé Rebecca Latté, dans Paris. Sont remontés à ma mémoire les personnages extraordinaires qu’elle a interprétés, femme tour à tour dangereuse, vénéneuse, vulnérable, touchante ou héroïque – combien de fois je suis tombé amoureux d’elle, combien de photos d’elle, dans combien d’appartements, au-dessus de combien de lits – j’ai pu accrocher et qui m’ont fait rêver. Métaphore tragique d’une époque qui se barre en couille – cette femme sublime qui initia tant d’adolescents à ce que fut la fascination de la séduction féminine à son apogée – devenue aujourd’hui ce crapaud.

Déjà perçu comme le livre événement de la rentrée littéraire, le nouveau roman de Virginie Despentes ne manque pas de coups de projecteur. La rebelle littéraire sait comment se faire entendre et comment bousculer son public et ce n’est pas avec son nouveau livre qu’elle va changer. Elle revient même avec un des titres les plus provocants de sa bibliographie : Cher connard.
Cet entête s’adresse à un écrivain en plein bad buzz Metoo qui ne trouve rien de mieux à faire que d’écrire un post Instagram virulent sur une actrice cinquantenaire sur le déclin. Après cette sortie méprisable sur les réseaux sociaux commence alors une correspondance entre les deux artistes repliés sur eux-mêmes, sur leurs problèmes avec la drogue et sur leur rapport avec les autres. Au départ, difficile de comprendre pourquoi l’écrivain se livre autant à son interlocutrice (même s’ils ne sont pas de véritables inconnus) et pourquoi celle-ci prend du temps pour alimenter cette correspondance 2.0.
Finalement, on comprend bien vite que ces deux personnages sont bien seuls, l’un à cause des accusations d’harcèlements sexuels à son encontre, l’autre pour sa carrière en fin de parcours. La correspondance, qui se poursuit pendant le confinement du à la COVID, devient alors une sorte de thérapie pour ces deux protagonistes qui semblent bien usés face aux changements de la société, à ses inégalités, à ses dérives, etc… Virginie Despentes poursuit son combat féministe en mettant en avant les avancées bénéfiques et les défaillances du mouvement Metoo, et en montrant l’envers du décor de ce show business aux codes encore poussiéreux.
Mais, finalement, rien de nouveau sous le soleil, Cher connard est même assez rébarbatif. Les personnages entament de longs monologues sur leur vie morne et déprimante, monologues qui ne se répondent pas toujours. Ce qui donne souvent l’impression que les personnages s’intéressent peu l’un à l’autre et pensent surtout à se raconter eux-mêmes dans une sorte de nombrilisme insupportable. Les posts de Zoe, instigatrice du coup de projecteur négatif sur l’écrivain, sont eux un peu plus intéressants. Ils mettent en avant tout ce que Metoo a pu apporter de bien et de moins bien dans la société française. En dehors de ça, c’est très autocentré, long, voire chiant.
Les personnages s’expriment de la même manière et ils n’en finissent pas de parler de leur rapport avec la drogue, ce que ça leur procure, etc., en en faisant autant une apologie qu’une critique. Où est le côté fun de Virginie Despentes que l’on trouvait dans Vernon Subutex ou Baise-moi ? Certes, ses précédents écrits sont bien plus provocants dans la forme avec un parler vulgaire et déstabilisant. Seulement, Cher connard ressemble moins à un roman qu’à un pamphlet sur notre société contemporaine qui manque de punch. Pour finir, la comparaison dans les médias avec Les Liaisons dangereuses prêtent à sourire, la qualité d’écriture et d’intrigue étant pourtant loin d’être comparable. Je remercie tout de même NetGalley et la maison d’édition Grasset pour cette lecture.
Retour très décevant pour moi. On est moins face à un roman qu’à un essai sociologique déprimant avec de longs monologues nombrilistes qui lassent. Long et chiant, ce nouveau roman est loin d’être à la hauteur d’autres de l’autrice selon moi.

Sortie : 17 août 2022
Édition : Grasset
Genre : Contemporain
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Je suis d’accord on est très loin du choc littéraire prédit, il y a de bonnes choses la vie et la société post meeto et confinement mais comme tu le dis si bien le reste est long et chiant !
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Avec les avis dithyrambiques que j’avais pu survoler, je suis étonnée d’être resté aussi imperméable à ce nouveau livre. Effectivement, Despentes traite de bons sujets societaux mais c’est tellement lent et barbant…
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Pas tentée de base, là ça se confirme !
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Je recommande Vernon Subutex ou Baise-moi si le langage cru ne te dérange pas. Et je sais que d’autres de ses écrits font sensation. Mais pour moi, celui-ci est un flop.
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Je n’apprécie pas forcément le style cru, surtout gratuit. À voir…
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« long et chiant » : au moins, pas de langue de bois, chez toi, bravo !
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Merci ^^ Avec tous les coups de projecteurs sur elle, je me suis dis que je pouvais me lâcher. Mais, c’est surtout que j’ai été très déçue par rapport à ce que j’avais déjà lu d’elle.
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Du coup, je passe mon tour et vais plutôt me pencher sur Vernon Subutex…
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Effectivement, je recommanderai davantage Vernon Subutex. Plus fun et décalé.
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