Déclaré mort sur le champ de bataille, le colonel Chabert réapparaît pourtant dix ans plus tard à Paris. Engageant maître Dervilles, il compte bien récupérer sa femme et ses biens, même si personne ne semble désirer revoir Chabert.
Du même auteur : Le Père Goriot . Ferragus . La Duchesse de Langeais . La Fausse Maîtresse . Illusions perdues
– Allons ! encore notre vieux carrick ! »
Cette exclamation échappait à un clerc appartenant au genre de ceux qu’on appelle dans les Études des saute-ruisseaux, et qui mordait en ce moment de fort bon appétit dans un morceau de pain ; il en arracha un peu de mie pour faire une boulette et la lança railleusement par le vasistas d’une fenêtre sur laquelle il s’appuyait.

Perçu comme l’un des principaux livres composant les Scènes de la vie privée, Le Colonel Chabert est un court roman qui nous donne un bref aperçu de la transition entre l’Empire et la Restauration. Pour cela, il met en lumière le malheureux destin d’un des colonels de Napoléon, Hyacinthe Chabert. Celui-ci revient à la capitale française après de lourds traumatismes subis lors de combats contre la Prusse. Déclaré mort en 1807 à la bataille d’Eylau, Chabert a pourtant survécu malgré une blessure importante à la tête. De son coma à sa rééducation, l’homme devra attendre dix ans pour retourner dans son pays. Et s’il pensait pouvoir récupérer rapidement sa vie et sa condition de colonel, bien mal lui a pris d’imaginer une telle fantaisie.
En effet, dû à ses lourdes blessures, le colonel Chabert est méconnaissable. Et, cela fait dix ans que la France lui a fait ses adieux. Son épouse Rose est depuis longtemps remariée au comte Ferraud et mère de deux enfants, et sa fortune divisée entre elle et divers organismes. Personne ne veut croire que ce vieillard souffreteux est bien le Chabert, colonel dans l’armée impériale de Napoléon Ier. Il ne reste à ce dernier qu’un ultime espoir : réussir à convaincre maître Dervilles, un avoué (juriste) qui pourrait lui rendre une partie de sa vie d’avant.
Ce court roman commence in medias res avec la première rencontre entre Chabert et maître Dervilles. Honoré de Balzac, grand auteur réaliste, nous plonge directement dans les méandres juridiques de cet homme isolé du reste du monde, entre la vie et la mort, lui qui n’a plus de nom ni d’état civil. Il sera agréable pour un(e) Parisien(ne) d’arpenter les rues de la capitale en compagnie de ce personnage, l’auteur s’employant à être le véridique possible, tant dans la géographie des lieux que dans l’histoire de son protagoniste principal. Balzac s’inspire d’histoires réelles survenues à des soldats de Napoléon pour tisser son intrigue.
Et celle-ci parvient à être émouvante. On prend Chabert en pitié, ce dernier étant de plus en plus misérable face à ceux qui le dénient ou le moquent, ce qui rappelle facilement la vie du Père Goriot. Ses états d’âme à propos de la guerre et de sa condition actuelle hors de la société sont très intéressantes pour leur caractère tragique. Et ses discussions avec son épouse sont prenantes, on se demande si Rose va prendre en pitié son premier mari ou plutôt favoriser son train de vie aisé. Balzac nous donne rapidement la réponse, mais j’avoue avoir douté sur ses intentions pendant quelques pages. Reste que l’aspect juridique est très présent sans être le plus intéressant, notamment ce début de roman avec les clercs de Dervilles qui m’a rapidement assommée. Cette partie-là étant la plus importante, je n’ai pas été aussi transportée que je l’aurais souhaité. Mais, je suis contente d’avoir pu me relancer dans La Comédie humaine, la grande œuvre d’Honoré de Balzac.
« J’ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société toute entière, qui veut me faire rentrer sous terre ! »
Ce court roman a la grande qualité de proposer un héros démuni et malheureux auquel on peut facilement s’attacher. Malheureusement, tout l’aspect juridique m’a paru bien trop lourd au fil de l’histoire.

Sortie : 2012 (1e éd. : 1832)
Édition : Le Livre de Poche (Les Classiques de Poche)
Genre : Classique
191 pages
Je l’ai lu à l’école, mais je dois t’avouer que je ne m’en rappelle pas trop bien, si ce n’est un sentiment de mélancolie qui me revient quand j’y pense…
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Je pense que c’est le sentiment qui me rester à moi aussi avec cet homme victime qui ne peut rien faire pour récupérer sa vie…
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Je te rejoins, l’aspect juridique était aussi trop présent à mon goût… En plus il domine le début du récit alors ça ne donnait pas trop envie de découvrir la suite. Mais à part ce point-là, j’ai pour ma part bien aimé la plume de Balzac. C’était mon premier roman de lui et je m’attendais à pire ^^ Et toi tu parles de « te relancer » dans la Comédie humaine, tu en es où dans la lecture de cette grande saga ^^ ?
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Oui, c’est surtout le fait de commencer par ça qui plombe un peu l’envie de poursuivre. Heureusement, la suite est beaucoup plus intéressante.
De mon côté, j’ai commencé Balzac avec Illusions perdues qui m’a bien mis dans le bain avec 800 pages sur les mondes du journalisme et de l’édition de l’époque ^^ Ou sinon, j’en ai pas beaucoup lu à part Le Père Goriot, La Fausse Maîtresse (nouvelle) et maintenant Le Colonel Chabert. Mais je vais essayer cette année de lire pas mal de Balzac.
Et toi, à part Le Colonel Chabert, tu en as lu d’autres ?
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De mon côté non je n’ai pas lu d’autres livres de Balzac ! Par contre j’aimerais vraiment lire Les Illusions perdues, même si la taille du roman fait peur. Tu l’as bien aimé toi ? Ca m’intéresse de voir comment Bazac représente le milieu de l’édition et celui du journalisme 😀
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Je me rappelle avoir eu un peu de mal vu la taille du bébé mais globalement, j’ai aimé. C’est intéressant pour découvrir les mondes du journalisme et de l’édition à cette époque. Très réaliste.
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