Amoureux au premier regard, Henri et la Fille aux yeux d’or tentent l’impossible pour se retrouver seul à seule et entamer une relation secrète.
DU MÊME AUTEUR
– Le Colonel Chabert
– Ferragus
– La Duchesse de Langeais
– Le Père Goriot
– La Fausse Maîtresse
– Illusions perdues
« Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, have, jaune, tanné. Paris n’est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d’intérêts sous laquelle tourbillonne une moisson d’hommes que la mort fauche plus souvent qu’ailleurs et qui renaissent toujours aussi serrés, dont les visages contournés, tordus, rendent par tous les pores l’esprit, les désirs, les poisons dont sont engrossés leurs cerveaux ; non pas des visages, mais bien des masques : masques de faiblesse, masques de force, masques de misère, masques de joie, masques d’hypocrisie ; tous exténués, tous empreints des signes ineffaçables d’une haletante avidité ? Que veulent-ils ? De l’or, ou du plaisir ? »
Troisième court roman s’inscrivant dans l’Histoire des Treize, La Fille aux yeux d’or reflète selon le regard de son auteur la vie parisienne de son époque. L’incipit nous offre par maintes descriptions et tournures de styles une présentation de la vie parisienne avec ce qu’elle a de plus vil, clinquant et arriviste. D’après Balzac, que ce soit la haute ou la basse société, tout parisien vit pour deux choses : l’or et le plaisir. Pour cela, il use de longues phrases, quoique rythmées, pour nous plonger dans ce tourbillon qu’est la capitale. Après cette longue introduction vient ensuite l’apparition du personnage principal. Jeune noble orphelin, Henri s’arrache à tour de bras le cœur des Parisiennes. Seulement, vient la rencontre qui change tout.
Se baladant dans un parc, Henri aperçoit celle que l’on appelle la Fille aux yeux d’or. Leurs regards se croisent et, coup de foudre immédiat. Alors, Henri ne vit plus que pour connaître l’identité de cette belle inconnue et pour en faire son amante. Malheureusement, la conquête ne sera pas aisée, la jeune fille étant cloîtrée sous haute surveillance. Que cela ne tienne, les deux amoureux réfléchissent à plusieurs subterfuges pour se retrouver seuls. Seulement, Henri pourrait tomber de très haut en apprenant les secrets de l’élue de son cœur.
« Là donc aussi, pour obéir à ce maître universel, le plaisir ou l’or, il faut dévorer le temps, presser le temps, trouver plus de vingt-quatre heures dans le jour et la nuit, s’énerver, se tuer, vendre trente ans de vieillesse pour deux ans d’un repos maladif. »
Comme toujours, l’écriture de Balzac est un vrai plaisir. Dynamique et romantique, son style nous emporte facilement dans les affres passionnés de ses deux personnages. Malheureusement, tout retombe très vite. La Fille aux yeux d’or est finalement plus complexe qu’il ne le devrait, le rendant alors très bancal. Difficile de comprendre réellement pourquoi l’amour entre Henri et Paquita est impossible et semé d’embûches. Balzac crée un nombre important de pistes pour finalement en laisser plusieurs sans réponses, et cette histoire d’amour est bien trop mélodramatique pour être prise au sérieux.
Le pire est de draper le héros d’une telle suffisance et d’une telle condescendance ; en voulant élever son héros au-dessus des autres de par son ascendance et sa beauté, l’auteur ne le rend que plus antipathique et sexiste. La fin est certes surprenante, Honoré de Balzac osant mettre en avant un sujet sulfureux à l’époque, l’amour lesbien. Mais, cette originalité ne suffit pas à rendre cette œuvre mémorable au sein de la littérature française. Et, encore une fois, je ne comprends pas comme les Dévorants, membre d’une société secrète que l’on appelle les Treize, peuvent avoir une quelconque importance dans l’œuvre de Balzac et notamment dans ce triptyque (Ferragus, La Duchesse de Langeais et La Fille aux yeux d’or) tellement ils sont toujours sous-exploités.
« Quelle âme peut rester grande, pure, morale, généreuse, et conséquemment quelle figure demeure belle dans le dépravant exercice d’un métier qui force à supporter le poids des misères publiques, à les analyser, les peser, les estimer, les mettre en coupe réglée ? »
Malgré une plume toujours pertinente, Balzac offre ici un court roman très bancal. L’histoire d’amour est artificiellement complexe et le héros est rapidement antipathique.
Sortie : 2010 (1e éd. : 1835)
Édition : Folio (Classique)
Genre : Classique
400 pages
Entre le héros et la romance mélodramatique, je pense que ce n’est pas pour moi et te remercie donc de ton avis qui m’a au moins permis d’avoir un aperçu du roman.
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On n’est vraiment pas face à l’un des meilleurs livres de l’auteur, au-delà du héros et de la romance, la construction du récit est vraiment bancale. Je pense qu’il y a bien mieux à lire de Balzac (Le Père Goriot, Illusions perdues, etc…)
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Illusions perdues est dans mes envies de lecture alors je regarderai plutôt de ce côté.
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Même si ce roman ne semble pas des plus mémorable, je vois que la plume te saisit toujours autant. Il serait temps que je la (re)découvre car ma lecture de ce dernier remonte au lycée avec Eugénie Grandet dont je garde aucun souvenir…
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Oui, heureusement que je ne regrette pas d’avoir acheté en un coup plusieurs de ses romans ^^ J’ai justement Eugénie Grandet dans ma pal !
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