Propulsés une nouvelle fois dans le monde de Narnia, Lucy et Edmund partent à l’aventure dans l’équipage du roi Caspian qui navigue vers les terres inconnues de l’Est.
DE LA MÊME SAGA
– Le Neveu du magicien tome 1
– Le Lion, la Sorcière Blanche et l’Armoire magique tome 2
– Le Cheval et son écuyer tome 3
– Le Prince Caspian tome 4
– Le Fauteuil d’argent tome 6
– La Dernière Bataille tome 7 ]
Il était une fois un garçon qui s’appelait Eustache Clarence Scrubb, et l’on est tenté de dire qu’il le méritait bien. Pour ses parents, il était Eustache Clarence, pour ses professeurs, Scrubb. Je serais bien incapable de vous dire comment l’appelaient ses amis, car il n’en avait aucun. À ses parents il ne disait pas papa et maman, mais Harold et Alberta. C’étaient des gens très évolués. Végétariens, non-fumeurs et ne buvant pas d’alcool, ils portaient des sous-vêtements d’un genre particulier. Chez eux, il y avait très peu de meubles, très peu de couvertures sur les lits, et les fenêtres restaient ouvertes en permanence.
Séparés de Peter et de Susan lors des vacances d’été pour aller chez leur oncle et tante, Lucy et Edmund se plaignent d’avance de ces semaines en famille. Et ils ont bien raison car leur cousin Eustache est loin d’être un compagnon de jeu idéal. Malgré sa culture et son côté érudit, il est tout à fait odieux et prend plaisir à mettre en boîte ses deux cousins. Heureusement pour Lucy et Edmund, les prises de becs vont vite cesser lorsque les trois enfants vont par magie entrer dans le tableau accroché dans la chambre de la jeune fille. Sur ce tableau est peint un bateau, bateau qui curieusement navigue dans le monde de Narnia. Encore plus curieux, le Passeur d’Aurore est un navire appartenant ni plus ni moins au roi Caspian ! Contrairement aux autres tomes, celui-ci ne s’embarrasse pas d’apporter une justification un tant soit peu travaillée et crédible pour aller d’un monde à l’autre.
Les retrouvailles entre les trois enfants sont des plus sympathiques alors qu’Eustache n’arrive pas à concevoir son voyage dans un monde parallèle, même quand il est interpellé par une souris parlante, notre cher Ripitchip. Une nouvelle aventure commence alors pour nos jeunes londoniens qui sont cette fois-ci accompagnés non pas de leur aînés mais de leur cousin insupportable. Caspian leur apprend que trois ans se sont passés depuis leur dernier voyage à Narnia. Ayant réussi à apporter la paix entre les hommes et les animaux, le roi s’est fixé comme objectif de retrouver les anciens alliés de son père qui ont été chassés du royaume depuis des décennies par Miraz, l’oncle de Caspian qui avait volé la couronne. Avec un équipage de trente valeureux compagnons, Caspian est prêt à naviguer vers l’est pour retrouver les sept ducs en exil et, pourquoi pas, découvrir ce qui se cache au Bout-du-Monde.
Contents de pouvoir vivre une nouvelle aventure, Lucy et Edmund s’invitent au voyage, au grand dam d’Eustache qui lui, va vivre plus d’une déconvenue mettant pourtant à mal son mauvais caractère. Si le troisième tome était déjà différent du reste de la saga, se déroulant principalement dans le royaume de Calormen, il était tout de même resté ancré dans les problématiques Narniennes avec des animaux parlants et des personnages en charge de protéger le pays. Ici, on se retrouve avec un livre encore plus éloigné des autres tomes de la saga. Pas de Narnia, pas de nains, pas de géants, pas de batailles, et presque aucun animal parlants hormis Ripitchip. On a l’impression de lire un livre de fantasy jeunesse qui coche toutes les cases du roman maritime d’aventure avec pirates, îles maudites, créatures marines, dragons, trésor et magie.
Ça se lit très bien et le roman ne manque pas de péripéties intrigantes. Mais, je n’ai pas vraiment retrouvé ce qui fait l’identité de la saga, si l’on ne compte pas le dernier tiers du tome beaucoup plus ésotérique avec des magiciens et l’apparition d’Aslan. Pourtant, difficile de se plaindre avec un cinquième tome aussi varié en aventures et en créativité. La recherche de chaque duc disparu amène à un dilemme fantastique et tous les personnages mettent la main à la patte pour réussir à avancer. Mais, le problème reste toujours les personnages. Les romans sont tellement courts que le plus souvent, les héros ont l’air de subir l’histoire plutôt que de nous raconter tous quelque chose de personnel.
À part Lucy, la seule fille de l’équipage, qui a toujours une place particulière dans le récit, Eustache qui connaît une évolution très intéressante mais qui est ensuite totalement relégué au second plan, et Ripitchip qui fait preuve de bravoure jusqu’à en devenir pénible, les autres personnages ne tentent pas de sortir du lot. Edmund et Caspian deviennent des protagonistes lambda, comme tout le reste de la troupe dont on ne connaît que deux prénoms sur trente. Pour finir, le rythme est toujours à la traîne, C.S. Lewis voulant moins créer des histoires palpitantes qu’une grande fable ésotérique dans laquelle le divin a toujours le dernier mot.
– Comment être sûrs que vous êtes une amie ?
– Vous ne pouvez pas en être sûrs, répondit la jeune fille. Vous ne pouvez que le croire… ou pas.
C’est un très bon tome d’aventure maritime pour un public jeunesse, même si le tout manque encore de dynamisme. Très varié, le livre est rempli de créatures magiques et d’îles mystérieuses. Mais, je n’ai pas vraiment eu l’impression d’être dans le monde de Narnia, la moitié des personnages étant assez transparents et les animaux parlants très peu présents.
Sortie française : 2010 (1e éd. : 1983)
Édition : Gallimard (Jeunesse)
869 pages