Mieux vaut ne pas pénétrer dans le monde Rose Madder sans y être invité… Quatorze ans de mariage, quatorze ans de mauvais traitements : toute la vie de Rosie. Un enfer ! Doublé d’une obsession : fuir son tortionnaire de mari, flic jaloux, bourreau sadique, prêt à la massacrer à la première occasion. 900 kilomètres suffiront-ils à la préserver de Norman ? Qui donc pourrait lui venir en aide ? Personne en ce monde. Mais il existe un autre monde. Celui de Rose Madder. Cette femme n’est peut-être qu’un personnage de tableau, une hallucination. Elle possède pourtant un pouvoir étrange. Un pouvoir dont Rosie pourrait profiter. À moins qu’en traversant la toile, elle ne déchaîne l’apocalypse…
DU MÊME AUTEUR
Carrie – Salem ❤ – Shining – Dead zone – Rage ❤ – Jessie – Gwendy et la Boîte à boutons – Élévation
Saga Ça
tome 1 – tome 2 ]
Saga Dôme
tome 1 – tome 2 ]
Saga Billy Hodges
Mr Mercedes – Carnets noirs (PAL) – Fin de ronde ]
Assise dans le coin, elle essaie de respirer, laborieusement, un air qui semble s’être brusquement raréfié dans la pièce. Paraissant venir de très loin, lui parvient un faible woup-woup : elle sait que c’est de l’air qui descend et remonte dans sa gorge en une série de petits hoquets fiévreux, mais cela ne change rien, fondamentalement, à ce qu’elle ressent, à cette impression de se noyer dans un angle de la pièce avec sous les yeux les restes déchiquetés du livre de poche qu’elle lisait à l’arrivée de son mari.
Que de bons livres à découvrir lorsque l’on se penche sur l’oeuvre du maître incontesté dans la littérature horrifique et fantastique. Après Jessie, j’ai rapidement souhaité poursuivre la « trilogie » féministe de Stephen King en me plongeant cette fois-ci dans l’existence désastreuse de Rose Daniels, une femme battue, qui prend finalement son destin en main pour le meilleur et pour le pire.
Cela fait quatorze ans que Rose accepte son sort sans aucune forme de défense contre son mari Norman, flic émérite dans leur petite ville des États-Unis. Rien ne l’a jamais décidé à ne plus subir ce cauchemar constant, ni les coups ni toutes ces années perdues aux conséquences inhumaines. Jusqu’à cette infime goutte de sang sur les draps.
Comme un électrochoc, l’idée de fuir est instantanée et elle n’a pas le temps de préparer son départ, Norman comprendrait ses plans. Celui-ci doté d’un sixième sens hors du commun, Rose sait qu’elle n’a aucune chance si elle ne part pas immédiatement. Après avoir volé la carte bancaire de son mari, elle s’envole pour une grande ville à des centaines de kilomètres de Norman. Seule sans défense, elle est rapidement recueillie au sein d’un foyer pour femmes battues.
Pour Rosie, c’est le temps de se livrer, d’enfin avouer les sévices de son mari déviant, d’essayer de s’affirmer et d’entamer cette nouvelle vie avec espoir et sérénité. Un appartement, sa rencontre avec Bill, un travail inespéré, tout semble lui réussir. Malheureusement, elle ne se doute pas encore que tout cela ne représente que le calme avant la tempête
Parce qu’elle a osé voler la carte de crédit. Parce que surtout, elle a osé fuir son mari, ce que toute femme respectable ne ferait jamais. Le mariage est une union éternelle et Norman compte bien le rappeler à Rosie dans une conversation entre quatre z’yeux comme il l’aime les appeler. Limier hors pair, ses retrouvailles avec sa femme docile et chétive deviennent une obsession pour cette homme qui n’accepte aucun refus, surtout de la part d’une femme. Violent et meurtrier, il ne compte pas laisser partir son jouet de prédilection aussi facilement.
Comme toujours, Stephen King est particulièrement doué pour nous mettre dans l’ambiance, dans ce jeu sombre du chat et de la souris. Rosie s’émerveille de tout ce qui peut lui arriver de bénéfique sans déceler la menace grondant au-dessus de sa tête jusqu’au premier mort. Dès l’annonce de l’assassinat de l’une des premières personnes à l’avoir aidé dans cette nouvelle existence avec en prime la signature de Norman sur le corps, Rosie comprend que son cauchemar est loin d’être terminé. Les enfers comptent bien la reprendre dans leurs filets, qui pourra alors l’aider à s’en délaisser cette fois-ci ?
Le concept de rêve est clair pour l’esprit éveillé, mais il n’y a aucun éveil pour le rêveur, pas de monde réel, pas de vision saine des choses ; pour lui n’existe que la maison de fous du sommeil. Rose McClendon Daniels dormit neuf ans de plus dans la folie de son mari.
Sans étonnement, Rose est un personnage auquel on s’attache très rapidement par son calvaire passé et grâce à cette force nouvelle qui la pousse à dorénavant refuser d’être un objet de brimade. Les changements sont colossaux et on prend plaisir à suivre son élévation sociale dans cette vie loin de tout ce qu’elle connaît. Les moments avec Bill sont tout aussi intéressants par leur authenticité et leur naïveté. Attachée à ces deux personnages, j’avais peur à chacune de leur entrevue que Norman vienne leur faire la surprise de surgir de nulle part pour se venger.
La menace est palpable d’autant que l’on suit minutieusement les traces de cet homme ignoble à la recherche de sa proie. À bout de descriptions et d’un développement psychologique minutieux, Norman réussit à être un personnage effrayant par sa brutalité, par sa colère constante et par son réalisme. Combien prennent ses traits dans la vie réelle ? Mais si Norman jubile face à sa vengeance, il ne va pas être non plus au bout de ses surprises face à cette Rose métamorphosée.
Aidée par ses nouvelles amies et par Bill, Rosie a également trouvé la force de ne pas abandonner grâce à l’acquisition de ce mystérieux tableau sorti d’une boutique d’un prêteur sur gage dont la seule signature est son titre écrit au dos, Rose madder. Hypnotisée par cette femme peinte de dos affublée d’une toge rose garance dans cet environnement antique, Rose s’interroge rapidement sur ce personnage et sur sa place dans la réalité. L’écrivain mêle avec toujours autant de facilité et de fluidité le rêve, la réalité et le surnaturel. Flirtant avec un monde empli de mythologie grecque, Rose Madder séduit par son réalisme et par cette touche inquiétante d’irréel qui ne ralentit pas l’intrigue principale mais qui la fait évoluer sur plusieurs plans.
La tension grossit au fil des chapitres à mesure que la traque de Norman prend un chemin violent et inapaisable. Malgré quelques longueurs, du côté de Norman pour ma part, le récit se poursuit dans sa complexité nous interrogeant perpétuellement sur la réussite dans la quête bien différente des deux personnages qui marquera la victoire de l’un et la fin funeste de l’autre.
Cette aventure est parsemée d’embûches jusqu’au final presque trop rapide par rapport au reste du récit et peut être un peu trop tourné vers le surnaturel. Personnellement, j’attendais des réponses auprès de Norman et un véritable face à face. Néanmoins, c’est sûrement logique d’avoir fait glisser l’histoire vers ce pan fantastique au vu de toute cette exploration onirique au fil du roman.
La fin est donc satisfaisante même si un peu trop précipitée face à la lenteur de certains moments qui la précèdent. Rose Madder est sans conteste une réussite dotée d’une héroïne plus forte qu’elle ne l’imaginait malgré ses longues années d’apathie face aux violences dont elle était la victime. Maintenant, j’ai d’autant plus envie de découvrir Dolores Claiborne dont le personnage est placé au centre de cette trilogie féministe.
Elle eut une soudaine et fort agréable prise de conscience : elle n’avait rien d’un cas exceptionnel, ici. Cet homme voyait tout le temps des femmes comme elle, des femmes se dissimulant derrière des lunettes de soleil, des femmes achetant des billets pour des destinations lointaines, des femmes qui donnaient l’impression d’avoir oublié en chemin qui elles étaient, ce qu’elles étaient en train de faire, et pour quelles raisons elles le faisaient.
Ce récit fort et poignant raconte la renaissance d’une femme après des années de violences conjugales. Seulement, les horreurs du passé ne comptent pas la laisser filer aussi facilement. Le surnaturel prend une place un peu trop importante à la fin mais globalement, j’ai été saisie par l’histoire de Rosie et par la traque de son mari.
Sortie : 2010 (1e éd. : 1997)
Édition : Le Livre de Poche
605 pages
J’ai lu Jessie il y a plusieurs années, mais pas encore celui-ci. Ni Dolores Claiborne, d’ailleurs. Bref, il me reste encore de nombreux Stephen King à découvrir et c’est cool !
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Oui, moi aussi je suis loin d’en voir le bout et c’est plutôt une bonne chose, il y en a encore tellement à découvrir. Jessie, Dolores Claiborne et celui-ci mettent vraiment en avant des femmes qui sont des victimes de leurs proches, généralement de leur mari et qui réussissent finalement à se relever et à répliquer avec un fond de fantastique. King est encore très fort pour raconter ce genre d’histoires.
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